Catholiques de France

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8 thoughts on “🎙Adrien Abauzit | L’apostasie au grand jour🎙

  1. Il n’y a peut-être pas apostasie explicite ou formelle, mais il y a sûrement apologie effective ou manifeste de toute une ambiance et de toute une praxis para ou pseudo « liturgiques », particulièrement propices à l’élimination du catholicisme le plus annonçant, confessant, enseignant, conversif, distinctif et normatif qui soit, en l’occurrence face à des catholiques plus consensualisateurs et modernistes qu’évangélisateurs et orthodoxes, et face à des musulmans plus acritiques que réalistes sur leur propre religion.

    En tout cas, de même que Gilles Kepel a parlé, dans un autre domaine, d’un jihadisme d’atmosphère, de même nous pouvons parler, dans le domaine dont il est question ici, d’un modernisme d’atmosphère, hégémonique, rendu possible par la conception et le contenu dominants de la philosophie d’inspiration chrétienne, de la théologie oficiellement catholique, du magistère et de la pastorale auxquels nous avons droit encore plus depuis le début du deuxième après-Concile, sous Jean-Paul II, que depuis celui du premier avant-Concile, sous Pie XI.

    Enfin, le happening islamo-panchristique dont il est question ici, en ce qu’il fonctionne bien plus à l’adunation panchristique qu’à l’attestation catholique, est non seulement sentimentaliste, dans une acception de cette expression qui est objective et non partisane, en ce qu’elle découle d’une composante de la philosophie de la religion (cf. Schleiermacher), mais aussi moralisateur, en ce qu’il débouche sur un « acte de foi » islamo-christiquement correct, en faveur de la construction et du déploiement de la paix, apparemment sans references éclairantes et exigeantes à Jésus-Christ.

    Massignon ou Pie XI (cf. Mortalium animos), il faut choisir, et tout le drame vient du fait que, dès l’année qui a suivi celle de la parution de Mortalium animos, en 1928, certains (futurs) responsables religieux catholiques ont choisi…

      1. Tout est dans tout…
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XI#Confrontation_avec_le_nazisme_:_Pie_XI_sort_ostensiblement_de_Rome_quand_Hitler_y_arrive

        Le 6 septembre 1938, alors que le gouvernement italien prépare les lois raciales fascistes, Pie XI déclare à un groupe de pèlerins belges :

        « Par le Christ, et dans le Christ, nous sommes de la descendance spirituelle d’Abraham. Non, il n’est pas possible aux chrétiens de participer à l’antisémitisme. Nous reconnaissons à quiconque le droit de se défendre et de prendre les moyens de se protéger contre tout ce qui menace ses intérêts légitimes. Mais l’antisémitisme est inadmissible. Nous, chrétiens, nous sommes spirituellement des sémites », expression devenue célèbre.

        1. Le lien entre spiritualité et appartenance à un groupe quelconque est déconcertant pour un chrétien : les groupes humains, même lorsqu’ils s’appuient sur une base légitime et raisonnable (et bien sûr à plus forte raison sinon) n’ont pour le christianisme de justification que matérielle et terrestre, encore une fois éventuellement estimable, mais qui ne saurait être religieuse (Galates III, 28 : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec; il n’y a plus ni esclave ni homme libre; il n’y a plus ni homme ni femme : car vous n’êtes tous qu’une personne dans le Christ Jésus. »).

          Toutefois des exemples de confusion entre le monde terrestre et la spiritualité existent dans (par exemple) ce mysticisme juif appelé merkaba (ou kabale). Ainsi le guer (converti au judaïsme) y est-il vu comme une âme juive égarée par le péché originel (qui n’est pas le même que dans le christianisme) et qui a retrouvé la part qui lui était destinée.

  2. Dans le domaine dont il est question ici : non un véritable dialogue, potentiellement évangélisateur, entre des catholiques, orthodoxes et réalistes, et des musulmans, mais plutôt une espèce de concorde, fallacieuse ou tendancieuse, prioritairement consensualisatrice, entre des catholiques, non opposés à l’irénisme et au modernisme systématiques, et des musulmans, le grand dessein bergoglien (Abou Dhabi 2019) n’est jamais qu’une actualisation et une amplification du grand dessein wojtylien (Casablanca 1985).

    Or, il se trouve qu’il s’est écoulé moins de dix années entre la parution de l’exhortation apostolique Evangelii nuntiandI (1975), dans laquelle Paul VI distingue encore, d’une manière presque exclusiviste, entre la religion chrétienne et les religions non chrétiennes, et le discours de Casablanca (1985), dans lequel Jean-Paul II multiplie les expressions et les opinions, mais aussi les élusions et les omissions, ou les dissimulations et les minimisations les plus irénistement manipulatoires et neutralisatrices qui soient, pour pouvoir produire puis prononcer le discours le plus islamophile qui soit, un an avant Assise I, en 1986.

    (Ceux qui persistent à ne pas voir où est le problème devraient plutôt se demander où nous en serons en 2029…)

    De quel grand dessein s’agit-il donc ? En gros, règne ici la conception, moins catholique qu’onusienne, d’après laquelle toutes les grandes religions peuvent et doivent être mises au service de l’accompagnement humanisateur de la mondialisation.

    Ainsi, de Chicago, en 1893, en pleine « première mondialisation », à Assise, en 1986, au début de la « deuxième mondialisation , il y a eu un pas, à Kyoto, en 1970, précisément sous l’impulsion de l’ONU.

    Ce qui est amusant, burlesque, cocasse ou délirant, mais aussi, en un sens, néfaste, penible, stérile ou tragique, c’est le fait que nous soyons en présence de catholiques, manifestement islamophiles, qui chantent et dansent au-dessus du fossé qui existe entre l’islam réel, à commencer par l’islam réel que nous décrivent bien des ex-musulmans, et un islam rêvé, qui, bien entendu, n’est pas totalement imaginaire, mais dont l’existence repose fréquemment sur la sur-sollicitation d’éléments positifs dont on peut dire qu’ils ne sont pas toujours prépondérants dans l’islam, ou pas toujours spécifiques à l’islam, et sur la non sollicitation d’éléments moins positifs, représentatifs de l’islam ou significatifs dans l’islam…

      1. Pour vous remercier pour votre réponse, voici les compléments ou les précisions qui suivent.

        Globalement, nous sommes en présence d’une quasi « idéologie du dialogue », les partisans et les promoteurs de cette idéologie ayant commencé, dès la fin des années 1970, à aller beaucoup plus loin que Daniélou (cf. la théologie de l’accomplissement) et Maritain (cf. l’humanisme intégral).

        Cette idéologie repose notamment sur de l’intersubjectivisme, du phénoménologisme, du perspectivisme, du sincéritisme, du sentimentalisme et du transcendantalisme, et s’inspire notamment des auteurs proches de, ou tels que Martin Buber, Mircea Eliade, Hans-Georg Gadamer, Karl Jaspers, Emmanuel Lévinas, Paul Ricoeur, Max Scheler et Paul Tillich.

        Buber, Eliade, Lévinas et Ricoeur sont d’ailleurs recommandés par Jean-Paul II, dans son livre Entrez dans l’espérance.

        D’un point de vue francophone, le jésuite Jacques Dupuis et le dominicain Claude Geffré font également partie des inspirateurs de ce courant de pensée et d’action, ce qui ne signifie d’ailleurs pas que ces deux théologiens sont exactement « sur la même ligne ».

        Le courant dont il est question ici, et dont les fondements, le contenu et les débouchés sont assez peu propices à la lucidité et à la ténacité, face au relativisme et au subjectivisme en matière (inter)religieuse, n’est pas du tout dépourvu d’arguments, et est vraiment d’un extrême intérêt.

        C’est pourquoi il convient de ne pas recourir à des appréciations à l’emporte-pièce, disqualifiantes a priori ou sans nuances, en présence de ce courant.

        Mais sommes-nous encore en présence d’un courant faisant partie du christianisme catholique, et ne sommes-nous pas plutôt en présence d’une espèce de panchristisme postmoderne, la tentation semblant vraiment consister à prendre appui sur un genre de « concordisme », dans le domaine des valeurs morales, pour aller vers une sorte de « syntonisme », dans celui des valeurs spirituelles ?

        Par ailleurs, il y a ici une imprécision et une indistinction fréquentes, entre la possibilité et l’effectivité en matière religieuse : ainsi, dans l’absolu, il est possible que toute prière authentique, ou sincère, soit inspirée par Dieu, mais au moyen de quelles conditions ou de quelles médiations cette possibilité se concrétise-t-elle en effectivité, et surtout, qu’est-ce qu’une prière authentique ou sincère ?

        1. Je ne crois pas qu’il y aurait quelque précipitation à conclure que Maritain et Buber furent des cabalistes. Quant à savoir si une religion adogmatique est chrétienne (si peu que ce soit), il me semble que la réponse se trouve dans la question.

          L’attitude de Martin Buber est le dernier mot de sa philosophie (comme pour tout penseur). Reste seulementb pour connaître la portée des conclusiins à en tirer, à savoir s’il fut cohérent. Mais pour ce qui est de la pratique, lisez Histoire juive ; religion juive (I. Shahak) : vous verrez bien ce qu’était cette attitude de Buber à l’  »’Autre »’.

          Était-ce le fruit de l’application cohérente de sa doctrine ? Je dis que sur ces questions c’est essentiellement ce qu’on trouve chez B.H.L. ou chez Attali.

          Et à mon tour je vous remercie pour votre réponse.

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