2000 ans de tradition écologique et paysanne

Pendant plusieurs dizaines de siècles, du roi-laboureur d’Eleusis à qui Cérès enseigna l’art de se servir de la charrue et la culture du blé jusqu’aux paysans du XXème siècle qui surent, à travers les générations et sur le même terroir, maintenir la fertilité de la terre et l’harmonie du paysage en passant par les moines défricheurs du Moyen-Âge, les manants du XIIIe siècle (le siècle d’or français) et les premiers agronomes de terrain des XVIIIe et XIXe siècles, c’est-à-dire tous ceux qui ont vraiment édifié la civilisation occidentale, tous ont respecté la nature et n’ont jamais transgressé ses lois.

Rome est née des paysans du Latium et c’est d’un sillon de charrue que Romulus traça les limites de l’Ager Romanus. Celui-ci fut à la base de la croissance de la Ville et, tant qu’il y eut des paysans pour cultiver l’Ager, il y eut des citoyens sages et honnêtes pour gérer dignement l’Urbs et assurer sa grandeur. L’agriculture a une large part dans la littérature latine, Virgile bien sûr, mais aussi Pline l’Ancien qui consacra une grande partie de son Histoire naturelle à l’agriculture et surtout à la viticulture et Columelle dont le Traité de jardinage lorsqu’on le dépouille de l’emphase mythologique que le poète a cru devoir développer avec un peu trop de préciosité, se lit encore aujourd’hui avec intérêt, voire profit, tant les techniques qu’il expose ainsi que la culture des différents légumes (bien plus nombreux et variés qu’aujourd’hui) nous semblent familières.

Columelle nous avertit aussi que les écrits des agronomes sont moins propres à former un agriculteur qu’à instruire celui qui l’est déjà, que l’expérience compte plus que le savoir livresque et que, pour sa part, il a été instruit surtout par la pratique. José-Maria de Hérédia a, lui aussi, joliment célébré l’Ager Romanus en quelques sonnets réunis sous le titre Hortorum Deus où le poète souligne justement la relation naturelle et obligée de cause à effet entre la qualité du travail agricole, l’honnêteté et l’aisance de la famille paysanne : Les fils sont beaux, la femme est vertueuse et l’homme Chaque soir de marché fait tinter dans sa main Les deniers d’argent clair qu’il rapporte de Rome.

Puis vint la décadence. Rome s’écroule sous les coups des Barbares certes mais ceux-ci ne sauraient faire oublier l’effondrement de l’intérieur dont la première cause est l’abandon de l’agriculture. L’Ager Romanus cultivé avec amour par la famille évoquée dans les vers de hérédia fait place à des grands domaine livrés à des intendants cupides et cultivés par des esclaves irresponsables préfigurant, au-delà des siècles, le kolkhose soviétique.

Tandis que les campagnes se dépeuplent, les villes – et surtout la Ville – croissent démesurément. Y afflue une population instable, désoeuvrée, manipulée, assistée par un Etat bureaucratique […].

Les mœurs se corrompent, la natalité s’effondre et alors, mais alors seulement, les Barbares portent le coup de grâce. Mais voici la renaissance et quels en sont les artisans ?

Les moines qui reprennent à la friche les terres abandonnées et, en même temps, évangélisent les Barbares, moines défricheurs des âmes et du sol, tant il est vrai qu’agriculture et civilisation vont de pair et cette dernière atteint maintenant son sommet avec la chrétienté. Avec l’agriculture renaissent aussi les structures politiques qui assurent l’ordre : l’empire carolingien est l’Etat rural par excellence où la vie spirituelle, politique et économique s’organise autour des villages, centres d’activité agricole, donc de civilisation…

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