Laudato Si et la divinisation de la nature

Il n’a échappé a personne que la grande affaire de notre époque est la conservation de l’environnement et le respect de la nature. En tant que partie de la Création, la nature est bonne en soi, à charge de l’homme qui en a reçu la charge de l’utiliser à bon escient.

Malheureusement, la résurgence du paganisme dans nos sociétés en général et au sein de l’église conciliaire en particulier conduit au retour du panthéisme, soit la déification de la nature comme partie d’un Grand Tout cosmique; et par voie de conséquence au concept de l’homme divin, microcosme d’un univers dont il est le prolongement.

Cette doctrine combattue depuis l’Antiquité est aujourd’hui bien installée sur les bords du Tibre, d’où l’apostat Bergoglio propage ses mensonges et hérésies à la Terre entière.

« L’encyclique » Laudato SI a la perfidie de tordre le sens de la pensée de Saint François d’Assise, en particulier son Cantique des créatures, pour faire du Poverollo l’apôtre d’une nature adorable en elle-même, comme sans Créateur.

C’est également ce culte de la nature qui se retrouve dans l’épisode scandaleux de la vénération d’une statue de la Pachamama dans un église de Rome, statue qui avait heureusement terminé dans les eaux du fleuve après son vol de nuit par des prêtres moins hypnotisés que les autres.

Voir la chronique du Frère Laurent sur medias-press info à ce sujet :

I – L’Encyclique Laudato Si

1 – Ce que l’ennemi pense de l’encyclique

Don Sarda y Salvany, constatant que beaucoup font le jeu de Satan, faute de discerner les pièges de l’ennemi, donne une règle très sûre pour faire le départ entre ce qui est catholique et ce qui est hérétique. « Examinez, dit-il, le genre de personnes qui louent l’oeuvre en question ». Si le courant libéral l’approuve, c’est qu’elle lui appartient (1).

Or, dès la parution de l’encyclique, son auteur a reçu un concert de louanges de la part des grands d’un monde ennemi de Dieu, par exemple de Barack Obama, alors président des États-Unis. Ils y ont vu un allié. Mais sont-ce de vrais amis ? Que pensent-ils ?

2 – Ce que l’ennemi pense de l’écologie 

L’écologie est l’étude des milieux où vivent et se reproduisent les êtres vivants, ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu. Mais cette science, neutre en elle-même, s’est vu instrumentaliser par le courant mondialiste (2). En ses mains, l’écologie est devenue un outil stratégique sur le plan politique et sur le plan religieux.

a) Sur le plan politique

L’écologie a permis la convergence entre le monde communiste et le capitalisme. En effet, l’un et l’autre restant tout aussi matérialistes que les problèmes concernant l’environnement ont permis de trouver des objectifs communs. Et la propagande insinuant que les nations sont incapables de résoudre ces questions, la voie est préparée à l’émergence d’un gouvernement mondial (3).

b) Sur le plan religieux

Depuis la fin du 16e siècle, les sectes secrètes parlent déjà d’une religion mondiale à côté de la république universelle. L’écologie représente une opportunité unique pour y parvenir. En effet, il est facile de passer de la protection de l’environnement au culte de la nature, autrement dit, à la résurrection du paganisme antique. Écoutons ce que disent les pontes du gouvernement mondial : « Pour les anciens, le Nil était un Dieu qu’on vénère, de même le Rhin, source infinie de mythes européens, ou la forêt amazonienne, (4) la mère des forêts. Partout dans le monde, la nature était la demeure des divinités. Celles-ci ont conféré à la forêt, au désert, à la montagne une personnalité qui imposait adoration et respect. La Terre (5) avait une âme. La retrouver, la ressusciter, telle est l’essence de Rio » (6). La Terre est célébrée sous le nom de la déesse antique, Gaïa (7). Et l’homme, dans cet univers, « n’est qu’un élément d’un système naturel beaucoup plus large (8) ». De ce dogme découle une nouvelle morale. « Dans la perspective [du modèle de la Terre considérée comme un corps], le « péché écologique », c’est de refuser de partager avec autrui quand il est dans le besoin X que cet autre dans le besoin soit un être humain ou le monde naturel » (UNEP) (9).

L’obstacle à cette vision du monde, c’est le « judéo-christianisme », c’est-à-dire le christianisme spécialement quant à « la relation entre Dieu, l’Homme et la Nature exposée dans la Genèse (10) « . Ils sont nombreux, les textes émanés des instances mondialistes et qui attaquent ainsi le christianisme. Dieu a créé l’homme à son image. Mais l’homme doit sa soumission à Dieu, et depuis l’incarnation rédemptrice, il la doit au Fils de Dieu fait homme, le Christ-Roi. La Révolution a détrôné Jésus-Christ, l’homme s’est fait Dieu ; il s’est enivré de ses découvertes. Aujourd’hui, la Révolution achève son œuvre en détruisant la supériorité de l’homme sur les autres créatures. Et avec cynisme, elle rend le christianisme responsable de la vision prométhéenne de l’homme qu’elle a elle-même générée.

Pour renverser l’obstacle qu’est le christianisme, la Révolution prêche un « changement de paradigme (11) ». Ce terme, emprunté au vocabulaire New Age, signifie « cadre de pensée », « vision des choses ». Ce changement de penser est la phase actuelle de la révolution mondiale. L’un des principaux chantres de ce changement est l’ancien secrétaire général du PCUS, Mikhaïl Gorbatchev, « Nous avons besoin, dit-il, d’un nouveau paradigme qui nous ramènera à la réalité, reconnaissant que l’humanité est juste un élément de la nature (12) ». Voilà ce que l’ennemi pense de l’écologie. Maintenant, que recherche-t-il, qu’attend-il des chrétiens ?

3 – Ce que l’ennemi recherche : la collaboration

Le communisme, face à un ennemi trop puissant pour être abattu d’un coup, a systématiquement cherché à obtenir sa collaboration, par la pratique de la dialectique. L’avatar moderne du communisme, le mondialisme écologiste, n’a manqué de répandre la même méthode.

La dialectique consiste à créer deux camps, dont l’un doit combattre l’autre jusqu’à extermination. Le parti désigne l’ennemi, selon une stratégie mondiale que lui seul voit. Ce qu’il demande aux chrétiens, ce n’est pas de prêcher le marxisme, mais de mener au même moment un combat politique contre le même ennemi (13). Même s’ils restent doctrinalement antimarxistes, le communisme a dès lors obtenu l’essentiel. D’ailleurs, il sait que la praxis finit par faire pénétrer le marxisme dans les esprits.

Ici, les deux camps sont les « exploiteurs » de la Terre, et les écologistes. Il s’agira d’obtenir des chrétiens qu’ils luttent contre les « exploiteurs » aux côtés des écologistes. Le temps fera le reste.

4 – Le texte de l’encyclique Laudato Si

Dès le début, le pape souligne « l’urgence et la nécessité d’un changement presque radical de comportement de l’humanité » en matière écologique (n° 4), changement qualifié de « conversion écologique globale » (n° 5). Il ne dédaigne pas de reprendre le vocabulaire écologiste, appelant à un changement de « paradigme » : Il s’agit de lutter (14) contre le « paradigme technocratique » (n° 106 sp), par « un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité » (n° 111). Et d’insister sur le fait que « tout est lié (n° 86), interdépendant. Bref, l’urgence du moment coïncide avec celle désignée par la Révolution mondiale.

Enfin, l’idée qui éclaire toute l’encyclique est la suivante : « Le Fils, qui reflète [le Père], et par qui tout a été créé, s’est uni à cette terre quand il a été formé dans le sein de Marie. L’Esprit, lien infini d’amour, est intimement présent au cœur de l’univers en l’animant et en suscitant de nouveaux chemins » n° 238). « Le Seigneur de la vie qui nous aime tant […] s’est définitivement uni à notre terre » (n° 245). Cette idée est le prolongement de l’affirmation conciliaire :  » Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni Lui-même à tout homme (15) « . Certes, Laudato Si va plus loin que le Concile, mais l’orientation immanentiste est déjà présente en celui-ci. Ajoutons que cette idée d’union définitive de Dieu avec le monde est déjà largement présente chez Jean-Paul II et Benoît XVI (16).

Et la morale qui découle de cette doctrine se résume ainsi : en respectant la nature, l’homme respecte la loi de Dieu et le prochain.

Certes le texte de l’encyclique n’avalise pas explicitement le paganisme écologiste ni son antichristianisme foncier, mais ne le combat pas, au contraire. « Le mouvement écologique mondial a déjà parcouru un long chemin, digne d’appréciation ». Mais le pape regrette que tous ces efforts se soient heurtés à l’indifférence (n° 14). L’on comprend mieux les applaudissements des grands de ce monde à la publication de cette encyclique : ils ont obtenu leur victoire essentielle : la collaboration. Le temps fera le reste.

Et saint François ? Il est décrit comme « l’exemple par excellence de la protection de ce qui est faible et d’une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité ». Il a vécu « en harmonie avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec lui-même » (n° 10). Dès le n° 1, le pape cite la strophe du Cantique des créatures où saint François loue le Seigneur pour « notre mère la terre ». Nous verrons en quel sens il faut entendre cette attitude de saint François. Somme toute, l’évocation de ce grand saint reste très superficielle.

5 – Une confirmation : le Synode sur l’Amazonie

On pourrait dire que les rapprochements entre Laudato Si et l’écologisme panthéiste sont tout de même exagérés. Pourtant, cinq ans après l’encyclique, le temps a fait son œuvre. Cette œuvre, c’est d’abord un fait : le culte de l’idole Pachamama au Vatican. L’impure déesse a été gratifiée d’un culte, et un arbre sacré a été planté. La femme indigène qui a présidé cette cérémonie en a elle-même expliqué le sens ! « Planter, c’est avoir l’espérance. C’est croire en une vie qui croît et qui est féconde, pour satisfaire la faim de la création de la Terre Mère. Cela nous ramène à notre origine par la reconnexion avec l’énergie divine et nous enseigne le chemin du retour vers le Père Créateur. Le Synode, c’est planter cet arbre, l’arroser et le cultiver, pour faire que les peuples amazoniens soient entendus et respectés dans leurs coutumes et leurs traditions, en faisant l’expérience du mystère de la divinité présente dans le sol amazonien. L’acte de planter dans le jardin du Vatican […] c’est aussi la dénonciation de ceux qui détruisent la maison commune (17) par esprit de lucre (18). »

Après le fait, l’exhortation post-synodale entérine le panthéisme diffus du synode sur l’Amazonie (19).

Alors, mais seulement alors, des prélats effrayés ont élevé la voix. Cependant, les principes étaient déjà posés dans Laudato Si.

II – Saint François et la nature

1 – Le contexte – l’âme de saint François

Il est vain de sortir de son contexte telle ou telle phrase de saint François pour faire de celui-ci le chantre de l’écologie moderne. Dès lors, le cantique des créatures deviendra une protestation contre les agressions faites à la « Terre ». Il nous tarde de contempler enfin le vrai saint François, celui que nous livrent et ses écrits et ses premiers biographes. C’est dans ce contexte que nous comprendrons les élans de sa tendresse envers les créatures.

« Un des traits les plus singuliers et les moins remarqués dans la piété et l’apostolat de saint François, dit le Père Gratien, est l’importance de la louange de Dieu. Troubadour et chanteur, par un don de nature, François, dès qu’il fut converti, ne cessa pas de chanter, mais il chanta pour louer Dieu et pour inviter les hommes à la louange et au service de Dieu. […] Pour François, pénétré de la grandeur, de la majesté et de la bonté paternelle, le Laude, est une expression simple et ardente de sa piété intime, une source de consolation et de force dans la souffrance, un irrésistible moyen d’apostolat (20) ».

Dans sa première Règle (1221), le dernier chapitre est tout entier une louange divine envers Dieu qui seul est bon ; c’est une exhortation à tous les frères à célébrer le Seigneur à toute heure. Au chapitre 17, le saint s’écrie : « Rapportons tous les biens au Très-Haut et souverain Seigneur Dieu, reconnaissons que tous les biens sont à lui, rendons-lui grâces de tout, car c’est de lui que procède tout bien. » Remarquons l’insistance sur la Bonté divine de qui nous vient tout bien. Nous sommes là au cœur de l’esprit franciscain. Comme le disait justement Pie XII, dans un remarquable discours, « il y a une doctrine franciscaine selon laquelle Dieu est saint, est grand, mais surtout est le Bien, ou mieux encore, le Bien suprême. Pour elle, Dieu est amour, il est d’amour, crée par amour, s’incarne et rachète par amour, c’est-à-dire sauve et sanctifie (21) ».

2 – Le créateur et les créatures

Si donc saint François aime les créatures, c’est à cause de leur Créateur. « Tout absorbé dans son amour pour Dieu, dit un biographe, le bienheureux François discernait parfaitement la bonté de Dieu, non seulement dans son âme, ornée déjà de la perfection de toutes les vertus, mais encore dans toutes les créatures ; aussi les aimait-il d’une affection particulière et profonde (22). »

Puis, dans chaque créature, il voyait un reflet de la divine Bonté. Mais il redoublait de tendresse à la vue des animaux qui symbolisaient plus directement la personne du Christ (23), comme les agneaux. Lorsque saint François loue Dieu pour les créatures, c’est soit à cause du reflet divin qu’il voit en elles, et qui fait jaillir de son cœur une pure louange, soit à cause des bienfaits que Dieu nous donne par elle. C’est ce qui ressort du sens obvie du cantique des créatures. Par exemple : « Loué soit mon Seigneur pour sœur notre mère la terre, qui soutient, nous nourrit et produit toutes sortes de fruits, les fleurs diaprées et l’herbe. »

Le saint François de la nature est inséparable du crucifié de l’Alverne. C’est par la pénitence que l’œil de son âme (24), orné des dons du Saint-Esprit, sut remonter ainsi au Créateur de toutes choses.

Il n’est donc pas surprenant que ce soit à la fin de sa vie que, tourmenté par ses infirmités et éprouvé dans son âme, le Poverello a composé le cantique des créatures, « chant de louanges, cri d’amour, de joie et de reconnaissance envers le Père infiniment bon de cette immense famille qu’est la création entière. (25) » Il voulait que ses frères parcourent le monde en le chantant, et demandent, comme salaire, que leurs auditeurs persévèrent dans la pénitence.

Conclusion

Si nous voulons prendre saint François comme modèle, à son exemple nous ferons pénitence de nos péchés. L’œil de notre âme, purifié par notre conversion, sera dans l’émerveillement pour les bontés de Dieu, visibles et invisibles. Soulevés par la reconnaissance, nous chanterons ses louanges, nous serons les témoins de ses grandeurs dans un monde apostat, et nous réclamerons de celui-ci comme récompense qu’il fasse pénitence, qu’il comprenne que tout le mal vient du péché. Alors, mais alors seulement, tous les problèmes qui découlent du péché – comme la dégradation de l’environnement – disparaîtront.

Frère Laurent, o.f.m. cap.

Source : https://www.medias-presse.info/chronique-dassise-n-3-lencyclique-laudato-si-face-a-saint-francois-et-la-nature/153617/

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3 thoughts on “Laudato Si et la divinisation de la nature

  1. Quelle est encore cette nouvelle hérésie qu’est le «judéo-christianisme»?

    Pour ma part, je suis un catholique, un catholique semper idem. Et le talmud, le coran, le vedrah, le valtortisme, etc., tous ceux-ci sont d’infâmes idoles hérétiques.

    1. Je n’ai jamais entendu parler du védrah ; voulez-vous dire les Védas (textes sacrés hindouistes) ?

      Je serais un peu moins sévère envers les valtortistes, qui croient s’appuyer sur une œuvre profondément catholique (bien à tort, à mon sens), et puis l’esprit souffle où il veut, et on peut trouver de la vérité partout (encore que je peine à en discerner dans ce que je connais du judaïsme classique, qui est postérieur à Jésus mais vient de la faction pharisienne, tard apparue dans l’histoire de la Judée) ; pour autant je trouve votre commentaire très pertinent et très juste.

      Merci.

  2. En l’occurrence, notamment dans Laudato si, nous sommes bien plus en présence du panenthéisme qu’en présence du panthéisme, au sens strict de ce terme, le panenthéisme étant ou se voulant une tentative de conciliation entre le panthéisme et le théisme, en ce que celui-ci est ouvert sur la transcendance divine, en tant que notion théologique et en tant que réalité « supra-cosmique ».

    Cela ne change presque rien au fait suivant : de même qu’un pape ne doit pas donner à croire qu’il y a seulement une différence de degré entre la conception catholique et la conception mondialiste de l’écologie, de même un pape ne doit pas laisser entendre qu’il y a seulement une différence de niveau entre la conception catholique et la conception onusienne de la fraternité.

    Nous sommes ici en présence du problème posé par Laudato si et par Fratelli tutti, compte tenu des expressions et des omissions caractéristiques de ces deux textes, dont on peut dire qu’ils fonctionnent à l’actualisation de la ligne de pensée magistérielle néo-catholique incarnée par Gaudium et spes.

    Quelle est la portée ou la valeur d’une conception officiellement catholique du bien commun, de la loi naturelle, de la personne humaine, de la vérité et des vertus, qui ne serait pas, de temps à autre, à contre-courant, face à telle conception, conquérante ou dominante, de l’intérêt général, des droits de l’homme, de l’individu contemporain, du consensus et des valeurs ?

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