L’Église et la Famille

— Nécessaire pour conserver la vie tout autant que pour la donner, la famille est de droit naturel, en même temps que d’origine divine. Cependant les conditions de la famille, — et nous entendons par là les relations entre eux des membres qui la composent, — peuvent varier avec les temps et les lieux. Voyons donc ce que fut la famille dans l’antiquité et ce qu’elle est depuis le christianisme.
1° La famille dans l’antiquité. — Dans l’antiquité, l’autorité souveraine du père absorbe celle des autres membres. — a) Presque partout, à Rome spécialement, l’enfant tient son droit à la vie du bon vouloir du père. Les infanticides y sont fréquents, admis par les lois, et approuvés par les philosophes. « Rien n’est plus raisonnable, dit à ce sujet Sénèque, que d’écarter de la maison les choses inutiles » et Quintilien ose écrire que « tuer un homme est souvent un crime, mais tuer ses propres enfants est souvent une très belle action». Si le père peut tuer ses enfants, à plus forte raison peut-il les vendre ou les donner en gage. — b) Quant à la mère, sa situation n’est pas plus enviable. Non seulement elle n’a aucune part à la puissance paternelle, mais là où la polygamie et le divorce sont admis, comme en Orient, elle est une véritable esclave. Même au milieu des civilisations les plus brillantes, comme celles de la Grèce et de Rome, la condition de la femme n’est guère meilleure. Jeune fille, elle est sous la puissance de son père; mariée, elle passe sous la tutelle de son mari qui détient de la législation des pouvoirs presque illimités.
— 2° La famille dans la société chrétienne. — a) Grâce au christianisme, l’enfant devient l’objet des plus tendres sollicitudes des parents. Sous l’influence de la doctrine chrétienne, le père comprend que son enfant n’est pas une propriété dont il a le droit d’user ou d’abuser, mais une créature de Dieu, rachetée du sang du Christ et prédestinée au ciel, un être qu’il doit entourer d’une tendresse d’autant plus grande qu’il est ‘ plus chétif et plus faible. — b) Le christianisme n’a pas moins relevé la dignité morale de la, femme : et cela de double façon, en enseignant, d’une part, la noblesse de la virginité’, et le respect dont il convient de l’entourer, et d’autre part, la grandeur du mariage un et indissoluble. Car, qu’on le remarque bien, le christianisme n’a pas rehaussé la virginité, si peu connue et si incomprise des anciens, pour rabaisser d’autant le mariage. L’exaltation de la vierge ne doit pas, dans la pensée du Christ, nuire à la beauté morale de la femme mariée ; la preuve en est bien qu’il a élevé le mariage à la dignité de sacrement, en sorte qu’il n’est plus une cérémonie quelconque, aussi solennelle qu’on la suppose, mais un signe sacré qui donne une grâce spéciale et symbolise l’union du Christ lui-même avec son Église.
Les féministes prétendent que la femme n’a pas encore’ dans la société la place qui devrait lui revenir et que, au triple point de vue politique, social et économique, sa condition est très inférieure à celle de l’homme, et ils demandent que, étant soumise aux mêmes lois et ayant des charges au moins équivalentes à celles de l’homme, elle jouisse aussi des mêmes droits. Si l’Église n’a pas formulé sur ce sujet de doctrine précise, il est permis de dire qu’elle ne saurait qu’encourager tout effort qui tend à améliorer le sort de la femme.
Extrait du Manuel d’apologétique de M.l’abbé Boulenger de 1920.
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