Livre Audio : Les Testaments de Louis XVI et de Marie-Antoinette

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TESTAMENT DE LOUIS XVI


« Au Nom de la très Sainte Trinité, du Père, du Fils et du
Saint Esprit.


Aujourd’hui, vingt-cinquième jour de décembre, moi,
Louis, seizième du nom, roi des Français, étant, depuis plus
de quatre mois, renfermé avec ma famille dans la Tour du
Temple, à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de
toute communication quelconque, même avec ma famille,
depuis le 11 courant ; de plus, impliqué dans un procès
dont il est impossible de prévoir l’issue, à cause des passions
des hommes, et dont on ne trouve aucun moyen ni prétexte
dans aucune loi existante ; n’ayant que Dieu pour témoin
de mes pensées et auquel je puisse m’adresser, je déclare ici
mes dernières volontés et mes sentiments.


Je laisse mon âme à Dieu, mon Créateur, je Le prie de la
recevoir dans sa miséricorde et de ne pas la juger d’après ses
mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui
s’est offert en sacrifice à Dieu, son Père, pour nous autres
hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le
premier.


Je meurs dans l’union de notre Sainte Mère l’Église catholique,
apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs,
par une succession ininterrompue, de Saint Pierre, auquel
Jésus-Christ les avait confiés.


Je crois fermêment et je confesse tout ce qui est contenu
dans le Symbole et dans les Commandements de Dieu et
de l’Église, les sacrements et les mystères, tels que l’Église
catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n’ai
jamais prétendu me rendre juge dans les manières différentes
d’expliquer le dogme, qui déchirent l’Église de
Jésus-Christ ; mais je m’en suis rapporté et m’en rapporterai
toujours, si Dieu me conserve la vie, aux décisions que les

supérieurs ecclésiastiques, unis à la Sainte Église catholique,
donnent et donneront à la discipline de l’Église, suivie depuis
Jésus-Christ.


Je plains de tout mon coeur mes frères qui peuvent être
dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger et je ne les
aime pas moins tous en Jésus-Christ, suivant ce que la charité
chrétienne nous enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. J’ai
cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à
m’humilier en sa présence.


Ne pouvant me servir du ministère d’un prêtre catholique,
je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en
ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis
mon nom, quoi que ce fut contre ma volonté, à des actes
qui pouvaient être contraires à la discipline et à la croyance
de l’Église catholique, à laquelle je suis toujours resté uni
de coeur.


Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis,
s’il m’accorde la vie, de me servir aussitôt que je le pourrai
d’un prêtre catholique, pour m’accuser de tous mes péchés
et recevoir le sacrement de pénitence.


Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance
(car je ne me rappelle avoir fait sciemment aucune
offense à personne) ou à ceux à qui j’aurais pu donner de
mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal
que je peux leur avoir fait ; je prie tous ceux qui ont de la
charité d’unir leurs prières aux miennes pour obtenir de
Dieu le pardon de mes péchés.


Je pardonne de tout mon coeur à ceux qui se sont faits
mes ennemis, sans que je leur en ai donné aucun sujet, et
je prie Dieu de leur pardonner, de même qu’à ceux qui, par

un faux zèle ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup
de mal.
Je recommande à Dieu ma femme et mes enfants, ma
soeur et mes tantes, mes frères et tous ceux qui me sont
attachés par les liens du sang ou par quelque autre manière
que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter
des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma
soeur, qui souffrent depuis longtemps avant moi, de les soutenir
par sa grâce, s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils
resteront en ce monde périssable.


Je recommande mes enfants à ma femme ; je n’ai jamais
douté de sa tendresse maternelle pour eux : je lui recommande
surtout d’en faire de bons chrétiens et d’honnêtes
gens, de ne leur faire regarder les grandeurs de ce monde
(s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens
dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la
seule gloire, solide et durable, de l’Éternité.
Je prie ma soeur de vouloir continuer sa tendresse à mes
enfants et de leur tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur
de perdre la leur.


Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle
souffre pour moi et les chagrins que je pourrais lui avoir
causé dans le cours de notre union, comme elle peut être
sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir
quelque chose à se reprocher.


Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce
qu’ils doivent à Dieu, qui doit marcher avant tout, de rester
toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère,
et reconnaissants de toutes les peines qu’elle se donne pour
eux, et en mémoire de moi.


Je les prie de regarder ma soeur comme une seconde mère.

Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir
roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de son
peuple ; qu’il se doit oublier toute haine et tout ressentiment,
et nommément à ce qui a rapport aux malheurs et
aux chagrins que j’éprouve ; qu’il ne peut faire le bonheur
de ses sujets qu’en régnant suivant les lois ; mais en même
temps qu’un roi ne peut les faire respecter qu’autant qu’il a
l’autorité nécessaire et qu’autrement, étant lié dans ses opérations
et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible
qu’utile.


Je recommande à mon Fils d’avoir soin de toutes les personnes
qui m’étaient attachées, autant que les circonstances
où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer
que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les parents
et les enfants de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite
de ceux qui sont malheureux pour moi.


Je sais qu’il y a plusieurs personnes qui m’étaient attachées
qui ne se sont pas conduites envers moi comme
elles le devaient et qui m’ont même montré de l’ingratitude
; mais je leur pardonne (souvent, dans les moments
de trouble et d’effervescence, on n’est pas maître de soi) ; et
je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à
leurs malheurs.


Je voudrais pouvoir ici témoigner ma reconnaissance à
ceux qui m’ont montré un attachement véritable et désintéressé.
D’un côte, si j’ai été sensible et touché de l’ingratitude
et de la déloyauté des gens à qui je n’avais jamais témoigné
que des bontés, j’ai eu la consolation de voir l’attachement
et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montré.
Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements : dans
la situation où sont encore les choses, je craindrais de les

compromettre, si je parlais plus explicitement ; je recommande
particulièrement à mon fils les occasions de pouvoir
les reconnaître.


Je croirais cependant calomnier les sentiments de la nation
si je ne recommandais pas à mon fils MM. de Chamilly
et Huc, que leur vénérable attachement pour moi avait porté
à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont
pensé en être les malheureuses victimes ; je lui recommande
aussi Cléry, des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer
depuis qu’il est avec moi jusqu’à la fin. Je prie Messieurs
de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma
montre, ma bourse et les autres objets qui ont été déposés
au Conseil de la Commune.


Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient
les mauvais traitements et les gênes, dont ils ont cru
devoir user envers moi ; j’ai trouvé quelques âmes sensibles
et compatissantes : que celles-là jouissent dans leur coeur
de la tranquillité que leur doit donner leur façon de penser.
Je prie MM. de Malesherbes, Tronchet et Dezèse de recevoir
ici tous mes remerciements et l’expression de ma
sensibilité pour les soins et les peines qu’ils se sont donnés
pour moi.


Je finis, en déclarant, devant Dieu, et prêt à paraître devant
Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont
avancés contre moi.


« Fait double à la Tour du Temple, le 25 XII 1792. »
Signé : LOUIS.

Dernière lettre de la Reine Marie-Antoinette à Madame Élisabeth


« C’est à vous ma soeur, que j’écris pour la dernière fois ; je
viens d’être condamnée, non pas à une mort honteuse, elle
ne l’est que pour les criminels, mais à rejoindre votre frère !
Comme lui innocente, j’espère montrer le même courage
que lui dans ses derniers moments. Je suis calme comme on
l’est quand la conscience ne reproche rien. J’ai un profond
regret d’abandonner mes chers enfants ; vous savez que je
n’existe que pour eux et pour vous, ma bonne et tendre
soeur, vous qui avez par amitié tout sacrifié pour être avec
nous, dans quelle position je vous laisse !


J’ai appris dans le plaidoyer même du procès que ma
fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant ! je n’ose
plus lui écrire : elle ne recevrait pas ma lettre ; je ne sais pas
même si celle-ci vous parviendra. Recevez pour eux deux
ma bénédiction ; j’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus
grands, ils pourront se réunir à vous et jouir en entier de
vos tendres soins.


Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer,
que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs
sont les premiers biens de la vie ; que leur amitié et leur
mutuelle confiance en feront le bonheur.


Que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours
aider son frère par les conseils que l’expérienee qu’elle aura
de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer !

Que mon fils, à son tour, rende à sa soeur tous les services
et tous les soins que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent
bien que dans quelque position où ils puissent se trouver, ils
ne seront véritablement heureux que par leur union ; qu’ils
prennent exemple de nous. Combien, dans nos malheurs,
votre amitié nous a donné de consolations et de bonheur !
on en jouit doublement quand on le partage avec un ami,
et où en trouver de plus tendre que dans sa propre famille.
Que mon fils n’oublie jamais les derniers voeux de son
père ; je l’en prie expressément : qu’il ne cherche jamais à
venger notre mort !


J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon coeur !
Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de peine ; pardonnez-
lui ma chère soeur, pensez à l’âge qu’il a, et combien
il est facile de faire dire à un enfant ce qu’on veut et même
ce qu’il ne comprend pas !


Un jour viendra où il ne connaîtra que mieux tout le prix
de votre bonté et de votre tendresse pour eux !
Il me reste à vous confier ma dernière pensée. J’aurais
voulu vous écrire dès le commencement du procès, mais
outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si
rapide, que je n’en aurais réellement pas eu le temps ni les
moyens !


Je meurs dans la religion catholique, dans celle de mes
pères, dans celle où j’ai été élevée et que j’ai toujours professée.
N’ayant aucune consolation spirituelle à attendre,
ne sachant s’il existe encore ici des prêtres catholiques, et

même le lieu où je suis les exposant trop s’ils y entraient
même une fois, j’ai demande pardon à Dieu de toutes les
fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe ; j’espère
donc que Dieu dans sa bonté voudra bien recevoir mes derniers
voeux, ainsi que ceux que j’ai faits depuis longtemps
pour qu’il daigne recevoir mon âme dans sa miséricorde et
sa bonté.


Je demande pardon à tous ceux que je connais et à vous,
ma tendre et bonne soeur, en particulier, de toutes les peines
que, sans le vouloir, j’aurais pu leur causer ; je pardonne à
tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait.
Je dis adieu à mes tantes, à tous mes frères et soeurs. J’avais
des amis, l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines
sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant ;
qu’ils sachent bien que jusqu’à mon dernier moment j’ai
pensé à eux.


Adieu, adieu, je ne vais plus m’occuper que de mon âme !
comme je ne suis pas libre de mes actions, on m’amènera
peut-être un prêtre non catholique, mais je proteste ici que
je ne lui dirai pas un mot, et que je ne le regarderai comme
un être absolument étranger à ma foi… »
Signée et écrit de ma main :


Marie-Antoinette
De la Conciergerie, 16 octobre,
4 heures ½ du matin, 1793.

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