Recension du livre « Lépante, l’Histoire étouffée » de Jean Dumont

Quatrième de couverture :


« L’Histoire a une vocation pédagogique essentielle trop longtemps négligée. Peut-on ainsi passer totalement sous silence le 7 octobre 1571, surtout nous, Français, puisque le Roi Très-Chrétien se trouvait être l’allié des Turcs infidèles contre l’Europe chrétienne : pour le moins troublant ; est-ce une raison pour faire silence ? »
Jean-Pierre Gomane, directeur du Centre des Hautes Études, La Croix, 7 octobre 1996


Rompant enfin le silence convenu sur la trahison française en faveur de l’Islam, Jean Dumont ose, pour la première fois, mettre en lumière cette réalité troublante et poser les questions qui en résultent.

Le 7 octobre 1571 fut la date de la victoire de Lépante où l’Europe chrétienne, contre la France, imposa un décisif coup d’arrêt à l’expansionnisme islamique menaçant alors les portes de Rome, de Venise et de Vienne. Mais, au-delà de cet événement capital dont il restitue toute l’histoire dramatique, Jean Dumont révèle que la connivence de la France avec l’Islam ne va pas cesser de déployer ses effets au long des siècles suivants, jusqu’à nous, aboutissant à nourrir les problèmes qui sont actuellement nôtres.

Avec la précision et la nouveauté de sa documentation internationale, souvent inédite, Jean Dumont nous offre une grande et passionnante saga d’histoire, profondément révélatrice. Un livre à méditer pour trouver des issues à l’impasse majeure où nous sommes.

Jean Dumont, historien et spécialiste de l’Espagne où il réside depuis 20 ans, a publié de nombreux ouvrages historiques qui font autorité, notamment sur le siècle d’or espagnol et la découverte de l’Amérique. Il est par ailleurs chargé de conférences à l’université de Madrid.



    Lépante ! Quelle gloire pour la chrétienté et quelle honte pour les français ! Sainte Jeanne d’Arc souhaitait ardemment l’arrêt des hostilités entre les chrétiens et rediriger cette fougue dans une croisade contre les mahométans. Elle prophétisait. Mais pas pour les fils de saint Louis.


    Depuis 1453, les Turcs aux abois sont désormais aux portes de l’Europe après la chute de Constantinople la schismatique. Ils avancent alors systématiquement leurs pions et leurs sabres dans et vers la chrétienté : en 1459, chute de la Bulgarie, en 1461, Trebizonde dernier royaume chrétien d’Orient, tombe. 1463 : la Serbie, la Bosnie et la Croatie sont conquises, 1480 : massacre de la ville d’Otrante et occupation de l’Italie du Sud par les musulmans. Puis les Turcs s’emparent – ce qui a pour effet d’encercler l’Europe et d’unifier les forces du Croissant – en 1517 du sultanat d’Égypte et l’année suivante contrôlent la région de Tunis à Alger (qui compte 25 000 esclaves chrétiens ravis en Méditerranée et 100 000 esclaves à l’intérieur des terres). L’année de naissance de la prétendue « Réforme » protestante. Et ce n’est pas fini, en 1521 Belgrade cède face aux Turcs, peu après en 1522 Rhodes est submergée par les ottomans. Ensuite, la Hongrie est occupée par les infidèles après que leur roi meure dans la bataille de Mohàcs.

La chrétienté est attaquée en parallèle de l’intérieur par les hérétiques protestants, le sac de Rome en 1527 l’attestant plus que de besoin. Les ottomans se rapprochent inexorablement et tentent de prendre Vienne en 1529.

    Hélas, alors que l’Angleterre se détache du chef de la chrétienté, sous les diktats des passions charnelles du triste Henri VIII, en 1536 l’acte mortel est posé : François Ier établi un accord secret avec les Turcs ! La collaboration active va s’amplifier. Ce n’était pas la première fois que notre « Roi Très-Chrétien » se compromettait avec l’infidèle. Déjà de longue date, il aida une marionnette contrôlée par les Turcs à reprendre en 1529 la Hongrie, avec les écus français. Il menace en 1532 le pape à propos de l’affaire d’Henri VIII. Il ne se gêne pas en 1525 alors qu’il est prisonnier après la bataille de Pavie, à envoyer une ambassade au sultan. Il organise un débat cordial entre la Sorbonne et Mélanchton, un ponte de l’hérésie protestante !

Comment un Roi « Très-Chrétien » peut-il trahir à ce point ? La soif de pouvoir ? L’envie ? Les doctrines ésotériques qu’il épouse secrètement (ce qui est palpable et prouvé dans ses réalisations architecturales, notamment Chambord) ? Son drame : François Ier deviendra candidat perdant et jaloux de Charles Quint qui est élu, lui, en 1419 empereur germanique. Peut-être une jalousie plus profonde perce chez lui, un pouvoir qu’il ne peut atteindre et qui est lui, universel : la papauté. Mais pour s’attaquer à elle quoi de plus machiavélique (le mot venant d’une perfide doctrine de l’époque) que de s’attaquer à Charles Quint, à « l’Autriche » catholique, rempart de la chrétienté face aux Turcs et bastion du « papisme » ? François Ier ne se gênera alors pas pour fournir régulièrement des armes aux infidèles pour parvenir à ses fins.


    Les choses ne vont pas s’améliorer avec cette alliance que réprouve la foi. En 1541 Buda (aujourd’hui « Budapest ») tombe, suivi de la Moldavie, de la Roumanie et de l’Albanie. Des pays si lointains… malheureusement le pavillon de l’islamisme flotte maintenant sur les côtes savoyardes et une escorte de François Ier accompagne les sectateurs de Mahomet dans le bombardement, le pillage et le saccage de la ville de Nice (de l’État de Savoie, État rattaché avec Nice en 1860 à la France) !

En bon prince, et en bon allié, il offre le port de Toulon pour le repos des mahométans. Honteusement, notre Roi se voit contraint de payer une somme extraordinaire pour les faire partir de la ville, devant le scandale provoqué dans toute la chrétienté, et pour notre plus grande confusion. Parfois même, les protestants ont pu se mobiliser aux côtés de Charles Quint pour repousser l’envahisseur oriental ! Mais pas la fille aînée de l’Église. À l’opposé de François Ier, Charles Quint combat contre les protestants, contre le Croissant massé aux frontières. Soutient tout ce qui est chrétien. Il se garde de régler le « problème français » par la force – largement de son côté pourtant – qui ourdit contre lui. Infailliblement le goulet se resserre sur la chrétienté acculée : les guerres dites « de religion » s’embrasent en Europe et l’affaiblissent de l’intérieur, les raids, les massacres, les captures, l’esclavagisme, les menaces et les conquêtes de l’islamisme se font de plus en plus angoissants.

    C’est alors que dans un ultime sursaut, Saint Pie V, le pape qui met en œuvre les réformes du concile de Trente qui vient de se terminer en 1563, lance une croisade contre les Turcs, bien décidés à saccager Rome cette fois, à venir au cœur de la Cité. Une énorme armada mahométane se rapproche, une des plus grandes jamais réunies. Quels sont les chrétiens répondant à l’appel ? Pas les Français qui sous un autre roi n’en gardent pas moins la même politique. Particulièrement les redoutables Espagnols, puis les vénitiens, et enfin une petite flotte pontificale sont réunies pour tenter de mettre fin à ce péril mortel.

La Sainte Ligue est créée. La France fidèle à sa politique essaie de saper l’union par le biais de ses quelques malheureux évêques hérétiques notoires ! Don Juan d’Autriche, frère naturel de Philippe II, qui à 25 ans est déjà un homme aguerri, formé, et pieux, commandera la flotte qu’il unifiera admirablement malgré les divers pavillons, ce qui contribuera d’une manière décisive à la victoire. Avant de partir, il reçoit le bâton de général en chef et l’étendard béni par Saint Pie V portant l’inscription « Par ce signe tu vaincras », sous la croix du Sauveur. Il jeûne trois jours, se confesse, communie et feront de même par son souhait les dizaines de milliers de marins et de soldats de la flotte qui lui est confiée. Au cou, don Juan porte un fragment de la vraie Croix. Au grand mât de sa magnifique Reale, il fait attacher le crucifix de son enfance. Lors de l’embarquement, le 16 septembre, il reçoit la bénédiction du nonce du pape. Sur chaque galère, il y a un ou plusieurs aumôniers surtout jésuites, franciscains et capucins qui appellent et appelleront sans cesse à la prière.

    Le 3 octobre, un éclairage confirme : l’armada Turcs est mouillée à l’entrée de l’étroit et profond golfe de Lépante, dit aussi de Patras, qui sépare le Péloponnèse de la Grèce continentale. Au soleil levant, les deux flottes se font face, et la chrétienne n’est pas dans la meilleure position. Mais grâce à Dieu, et malgré un vent contraire, elle parvient à enfermer l’ennemi, point capital car le Turc dispose de petits navires rapides au contraire de la Sainte Ligue. 130 000 hommes côté Turc, dont près de 400 vaisseaux, 80 000 hommes côté chrétien avec un peu plus de 300 vaisseaux*. Jamais on a vu sur mer une telle concentration !

En face, le commandant en second Oulouch Ali est un parmi de nombreux renégats chrétiens, lui étant calabrais. Les janissaires sont des anciens chrétiens arrachés à leur patrie, leur parents et leur foi, fanatisés en guerriers d’Allah. Les Turcs sont sûrs d’eux : ils dansent, jouent du fifre et du tambourin et traitent les chrétiens de poules mouillées ! Les chrétiens, chauffés à blanc par le constat du massacre de Corfou un peu avant, le 26 septembre – « Ruines fumantes, églises souillées et cadavres éventrés flottant sur les eaux du port » – se préparent au choc. Don Juan d’Autriche, un crucifix en ivoire à la main, debout sur une frégate exhorte sa troupe « C’est par la volonté de Dieu que vous êtes venus ici.

Ayez votre seule espérance dans le Dieu des armées ! ». Quelles acclamations guerrières en retour ! Alors il revient sur sa Réale revêtir son armure, sous laquelle il place le médaillon de la vraie Croix. Par dessus, le collier de la Toison d’or. L’ordre fondé par son quadrisaïeul le duc de Bourgogne qui s’était engagé en 1454 (un an après Constantinople) à reprendre un jour la croisade. Jean Dumont insiste : « Ici, il me faut m’arrêter un moment dans ma description, pour préciser un fait capital, inédit en France, qui donne seule à la bataille qui va s’ouvrir toute sa signification catholique, historique, nationale et humaine.

Ce fait est que l’ordre de la Toison d’or, pour un Hispano-Bourguignon tel don Juan, est alors conçu non comme une simple distinction honorifique, mais comme signe d’appartenance à la haute milice du combat catholique contre l’Infidèle. Cet ordre […] s’inspire du grand exemple biblique de Gédéon, homme aussi d’une Toison emblématique mais divine, sauvant le peuple élu par une victoire éclatante de l’oppression madianite idolâtre, à l’incitation personnelle de Dieu (Juges 6, 7, 8) ». La croisade porte donc un caractère biblique, pontifical, espagnol et français bourguignon.


    Le vaste étendard de damas bleu portant la Croix du Christ est hissé. L’étendard du Prophète, lourde soie verte couverte de versets du Coran brodés de fils d’or, monte en réplique de la Sultane, le navire-amiral Turc. Dès que le drapeau chrétien est brandi, dans toute la flotte soldats et marins se prosternent et prient, l’indulgence plénière est concédée par le pape pour ceux qui mourront au combat, puis est donnée l’absolution générale. Le vent, jusque-là défavorable à la flotte de la Sainte Ligue tourne brusquement en sa faveur.

Les fumées des canons vont aveugler les lignes turques. Une bataille féroce et longtemps indécise va s’engager, pour aboutir après manœuvres navales serrées, canonnades effrayantes, abordages sanguinaires à une victoire chrétienne massive, malgré les pertes. 15 000 forçats chrétiens sont libérés !

    Cette bataille épique est un vrai mouvement de bascule dans l’Histoire. Trop ignorée par nos historiens français étrangement muets. Les peintres, les sculpteurs, les poètes célèbrent la bataille salvatrice. Les fêtes n’en finissent pas en chrétienté. La peur change de camp, toute menace sur Rome est repoussée et la Méditerranée semble s’apaiser sous le pavillon de la Croix, les Turcs demandent même la paix. Saint Pie V, qui encore pape ne voyageait que « marchant à pied à côté de sa litière » reçoit une vision céleste lui indiquant la victoire de Lépante le 7 octobre, alors dans son bureau.

Il se dirige vers son oratoire rendre grâce à Dieu, en pleurs. Lorsque le 27 octobre on lui confirme solennellement la victoire le saint pape s’écrit « Le Seigneur a regardé la prière des humbles et n’a pas dédaigné leur demande. Que ces choses soient écrites pour la postérité, et le peuple qui naîtra louera le Seigneur. » En parlant de don Juan d’Autriche, Saint Pie V lui applique les paroles de saint Jean-Baptiste « Il y eut un homme envoyé de Dieu, dont le nom était Jean ». C’est dire l’importance que le pape accorde à cette victoire. Dominicain et fidèle au Rosaire, il attribue à l’intercession de la Sainte Vierge le succès de Lépante. Il ajoute donc aux litanies de Lorette l’invocation « Secours des chrétiens, priez pour nous » et fixe au 7 octobre une fête en l’honneur de Notre-Dame de la Victoire. Qui deviendra la fête du Saint Rosaire.


    Mais soyons justes, quelques glorieux et fiers français participèrent à la bataille. Malheureusement sans l’aval du roi, et souvent dans le secret pour ne pas être empêchés par les autorités par le fait de cette alliance contre nature avec l’Infidèle. Engagements individuels au contraire donc de la politique nationale. En effet, la France fit de plus en parallèle l’Autriche son ennemi héréditaire, position qu’elle garda pendant les siècles suivants.

Au plus grand malheur de l’Europe et de la chrétienté. Aujourd’hui, la France, de par ses reniements et ses trahisons, n’est-elle pas châtiée par là où elle a péché ?

Puisse Dieu, devant les malheurs qu’elle traverse du fait de sa faute, avoir pitié d’elle et qu’elle renouvelle pour l’Église la geste de Dieu qui intervint de toute évidence ce 7 octobre, 1571 ème année de la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ !

*ce sont les chiffres des historiens avec estimation haute, les hommes sont composés autant de janissaires, de corsaires, de combattants d’élite, que de rameurs, de marins, de soldats d’infanterie. Les vaisseaux comprennent des galères, des galéasses, de navires de charges, des naves à voile, des bâtiments légers, des frégates, des brigantins… Tous ne participent pas avec la même intensité au combat.

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