Chronique de livre : Les fiançailles chrétiennes – par Thérèse de femme à part

L’auteur, ancien professeur de séminaire, et aumônier de jeunes s’adresse ici non seulement aux fiancés mais à tous ceux qui n’ont pas encore fait le choix d’un conjoint: ils y trouveront des conseils avisés. Il sera d’un précieux secours aussi pour les parents qui doivent guider leurs jeunes. Un très bon ouvrage pour se préparer chrétiennement au mariage: le foyer chrétien – Le choix du futur conjoint – L’attitude pendant les fiançailles – La chasteté.

Extraits (pp. 101 à 112):

CHAPITRE TROISIÈME – UN ABSOLU RESPECT DE LA CHASTETÉ

[…]

PREMIÈRE PARTIE – LA CHASTETÉ EN GÉNÉRAL
Sa nature. Son obligation. Ses splendeurs.

1 – Ce qu’est la chasteté chrétienne.

En langage chrétien chasteté et pureté sont synonymes. Mais il y a encore d’autres noms pour la désigner: c’est ainsi qu’on l’appelle encore la belle vertu, la sainte vertu, la vertu évangélique, chacun de ces termes ayant pour but de souligner l’un ou l’autre de ses aspects.

Le nom même de chasteté (du latin castigare qui signifie corriger, réprimer, brider) évoque l’idée de discipline, de répression, et de mise ou de remise en ordre…

La chasteté chrétienne fait partie de la vertu de tempérance, qui a pour objet de régler et de modérer toutes les jouissances sensibles, c’est-à-dire d’en fixer l’usage selon les exigences de la raison éclairée par la foi.

Alors que l’homme se trouve naturellement porté à rechercher sans mesure les plaisirs des sens, la vertu de tempérance lui apprend à ne les rechercher et à n’en faire usage que si ces plaisirs sont vraiment nécessaires pour la conduite de la vie (1).

La tempérance s’appelle « sobriété » lorsqu’elle règle l’usage des plaisirs du goût et combat la gourmandise. Elle s’appelle « chasteté » (ou pureté) quand elle règle l’usage des plaisirs sexuels (et de tous les plaisirs sensibles qui peuvent y conduire).

On peut donc dire que la chasteté c’est la vertu de mise en ordre des plaisirs de la vie sexuelle.

Pratiquement, la chasteté consiste à ne rechercher les plaisirs sexuels que dans la mesure où ils sont nécessaires à la transmission de la vie dans un climat de véritable amour conjugal.

Par le fait même, la chasteté en dehors du mariage exigera le refus de toutes les jouissances sexuelles volontaires. Et la chasteté dans le mariage comportera le refus de toutes les jouissances sexuelles défendues aux époux et un usage modéré des jouissances qui leur sont permises.

2 – L’obligation de la chasteté.

La chasteté est une vertu chrétienne fondamentale dont l’obligation s’impose à tous indistinctement, et dont personne jamais ne peut se croire dispensé.

Penser autrement, c’est avoir la conscience faussée et n’avoir plus l’esprit du Christ: c’est ne plus être chrétien que de nom. Il n’y a aucun compromis possible entre l’esprit du monde: ce sont deux mondes qui s’opposent irréductiblement. « Nul ne peut servir deux maîtres » (Math. 6, 24) et les chrétiens doivent renoncer à « faire tout attelage disparate avec les infidèles ». (2 Cor. 6, 14). Partager, en ces matières, les vues et les jugements d’un monde corrompu, c’est un abandon et un recul de la conditon chrétienne, et c’est se laisser envahir par une maladie insidieuse et mortelle…

À plusieurs reprises S.S. Pie XII a rappelé à tous cette grave obligation de la chasteté. Il suffit de rappeler quelques unes de ses paroles parmi beaucoup d’autres:

« Nous déclarons aux éducateurs et à la jeunesse même: le commandement de la pureté de l’âme et du corps est valable sans diminution pour la jeunesse d’aujourd’hui. Elle a l’obligation morale, et avec l’aide de la grâce, la possibilité de se garder pure. Nous repoussons donc comme erronée l’affirmation de ceux qui considèrent comme inévitables les chutes durant les années de la puberté, qui de la sorte ne mériteraient pas qu’on en fasse grand cas comme si elles n’étaient pas des fautes graves« . (2)

Ne sait-on pas, par ailleurs, que le Pape Pie XI a choisi comme titre de son Encyclique sur le mariage chrétien les mots « Casti Connubii » (le chaste mariage)? Il a voulu rappeler aux fidèles que le mariage lui-même doit être pour les chrétiens un état de chasteté.

C’est assez dire que la chasteté est une loi divine, une vertu obligatoire pour tous. Elle est un élément de la sainteté. Et nul ne saurait être sérieusement chrétien s’il n’est décidé à être (ou à redevenir) entièrement chaste.

3. – Les splendeurs (ou les bienfaits) de la chasteté

Mais s’il faut proclamer clairement la grave obligation de la chasteté, il est également très important d’en montrer les splendeurs, afin que tous comprennent qu’elle représente une inestimable valeur chrétienne qu’on ne saurait trop apprécier, aimer et désirer.

3.1. – La chasteté est une vertu de « mise en ordre » d’instincts désordonnés

Tout d’abord, la chasteté réalise la « mise en ordre » d’instincts désordonnés.

Les forces sexuelles ne sont destinées qu’à l’œuvre de la transmission de la vie dans le cadre de la communauté conjugale.

Mais le péché originel a introduit en ce domaine un très profond désordre; et l’homme aurait tendance à rechercher aveuglément les plaisirs de la chair sans se laisser guider par sa raison et par sa foi. C’est cette tendance désordonnée, cette impulsion inconsidérée et violente vers les jouissances sexuelles qu’on appelle en langage chrétien « la concupiscence de la chair » (1 Jean 2, 16).

Parce que, par la suite de la blessure du péché originel, cette tendance a acquis en chacun de nous une très grande force, il faudra la « réprimer », la « discipliner » et la « remettre en ordre ».

C’est donc à juste titre qu’on parle, ici, de mortification, de lutte et du « combat de la pureté ».

Ce qu’il faut bien noter, c’est que la chasteté n’est pas une lutte et une mise en garde contre la sexualité, mais seulement contre ce que la sexualité a de désordonné et de condamnable. La chasteté n’est pas un mépris ou une condamnation de la vie sexuelle, mais un juste sens et une juste condamnation de tous les désordres auxquels elle peut donner lieu.

3.2. – La chasteté est un respect du mystère de la vie

Non seulement la chasteté ne comporte aucun mépris à l’égard de la vie sexuelle, mais elle est une attitude de profond respect devant les choses de la vie, et spécialement devant le mystère de la fécondité.

Sans doute, toutes les âmes chastes savent que la fécondité charnelle n’est pas un bien absolu, un bien supérieur à tous les autres biens.

Elles savent que de toutes les valeurs humaines et chrétiennes, c’est la charité qui tient le premier rang. Et voilà pourquoi elles comprennent qu’au-dessus du mariage il y a la virginité consacrée, parce qu’elle est, normalement et pour ceux qui y sont appelés une condition et un moyen de plus grand don de soi à Dieu et aux autres.

Mais si elles se refusent à considérer le « non mariage » (s’il est librement choisi en vue du royaume de Dieu) comme une mutilation de leur être et un appauvrissement de leur personnalité, toutes les âmes chastes n’en gardent pas moins en haute et en très haute estime le mystère de la fécondité charnelle.

Elles savent que le don de la vie, est dans le cadre du mariage, une fonction d’une très grande noblesse, d’une très grande importance et d’une immense portée.

Mais elles savent et elles sentent aussi qu’une fonction de cette importance ne saurait être traitée comme une chose banale et vulgaire, ou comme une réalité purement humaine et purement profane: mais elle revêt à leurs yeux une grandeur surhumaine, une dignité sacrée.

Et voilà pourquoi elles adoptent devant le « mystère » de la transmission de la vie et des réalités qui y sont destinées, une attitude de si profond respect. « L’attitude de respect qui est essentiel à la chasteté est de nature proprement religieuse. Le chaste saisit que toute la sphère (des forces sexuelles) appartient d’une manière spéciale à Dieu, et qu’on ne doit en faire usage que de la manière réglée et approuvée par Dieu(3)

Pour rien au monde, une âme vraiment chaste ne voudra se permettre de gaspiller de pareilles énergies en dehors des circonstances qui ont été déterminées par le Créateur et en désaccord avec les lois sacrées qui ont été établies par Lui.

Ainsi donc, bien loin d’afficher le moindre mépris ou la moindre mésestime à l’égard de la sexualité, la chasteté l’élève jusqu’à un ordre de grandeur qui n’appartient qu’aux choses sacrées.

3.3. – La chasteté est maîtrise de soi et vraie liberté

Mais il faut dire aussi que la chasteté confère une maîtrise de soi et une véritable liberté: et en ce sens, seul le chaste est libre, tandis que l’impur est un esclave de ses instincts.

Car la lutte pour la « mise en ordre » des instincts déréglés amène progressivement un état de domination de l’âme sur le corps, de l’esprit sur la chair.

Alors que pour ceux qui cèdent aveuglément et sans frein aux caprices de leurs instincts, il devient de plus en plus difficile de résister à leurs passions mauvaises, pour ceux qui mènent avec persévérance le combat de la pureté la victoire devient peu à peu de plus en plus facile.

Non seulement la volonté s’affermit par l’effort et par la lutte, mais les mauvaises tendances s’affaiblissent et perdent peu à peu de leur vigueur et de leur violence.

La violence exercée contre les instincts désordonnés sera suivie d’une victoire de plus en plus prononcée. La porte est étroite, mais la voie s’élargit à mesure qu’on avance d’un pas résolu. À force de discipliner son corps on arrive à le dominer et à « le traîner comme un esclave » (1 Cor 9, 27).

Or cette facilité de la vertu, cette tranquille aisance dans le rejet du mal et dans le choix du bien, n’est-ce pas en cela que consiste la véritable liberté chrétienne?

Et cette liberté, qui est une conquête et le couronnement de toute l’ascèse chrétienne, seuls les chastes la possèdent.

Quant aux autres, leur prétendue liberté est fausse et illusoire: cette « licence de tout faire », qu’ils appellent liberté, est, en fait, un véritable esclavage. N’est-ce pas un fait d’expérience que toutes les passions deviennent de plus en plus exigeantes, de plus en plus tyranniques au fur et à mesure qu’on leur cède?

Ainsi donc, si l’on veut rester libre et ne pas devenir esclave de ses vices, il faut conquérir la maîtrise de ses sens: et cette conquête ne s’acquiert que par la chasteté.

3.4. – La chasteté est un respect de la dignité humaine

La chasteté est aussi un respect de la dignité humaine. C’est là un point qui devrait être familier à tous, et cependant beaucoup paraissent aujour’hui l’avoir oublié.

C’est le propre de l’homme de ne point se laisser conduire et dominer par ses instincts mais par sa raison. Or la raison exige que les activités sexuelles ne soient mises en oeuvre qu’en vue de la transmission de la vie dans le cadre du mariage. Tout autre usage est ici «déraisonnable», contraire à la dignité humaine. Se laisser mener par ses instincts au détriment de la raison, c’est déchoir de sa dignité d’homme et se ravaler au niveau de la bête.

3.5. – La chasteté est un respect de la dignité chrétienne

Mais le chrétien, par son état de grâce, possède une dignité qui l’élève infiniment au dessus de sa condition simplement humaine: il a été élevé au rang d’enfant de Dieu et de concitoyen des saints (Eph. 2, 19). «Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une nouvelle créature: l’être ancien a disparu; voici qu’un monde nouveau est là!» (2 Cor. 5, 17).

À cet état nouveau, à cette vocation de fils de Dieu doit aussi correspondre «un style nouveau de vie». Honneur oblige! Et les chrétiens, conscients de leur extraordinaire dignité, doivent la respecter et la faire apparaître comme en transparence à travers tout l’ensemble de leur vie.

Or pour garder cette dignité que confère la grâce sanctifiante et pour y croître sans cesse, il faut «mourir à soi-même», c’est-à-dire réduire peu à peu, à force de renoncement et de lutte, toutes les tendances désordonnées de la nature, ce que Saint Paul appelle tantôt la «chair» et tantôt le «vieil homme»; «Ceux qui appartiennent au Christ Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises» (Gal. 5, 24).

Ne pas comprendre cela, c’est n’avoir rien compris aux exigences fondamentales de la vocation chrétienne. En ce sens on peut dire que la chasteté est dans la logique de l’état de grâce et qu’elle est une des exigences fondamentales de la dignité des enfants de Dieu.

Mais il y a un aspect de cette dignité qu’on ne saurait trop mettre en relief, à cause de son importance dans le combat de la pureté: c’est que, par son baptême, tout chrétien est devenu un être consacré, un temple de l’Esprit-Saint.

Dès lors, son corps ne lui appartient plus comme une propriété dont il pourrait disposer à son gré: il est devenu un sanctuaire, une chose sainte; et toute impureté revêt dès lors la malice d’une profanation sacrilège.

C’est sur ce point spécialement qu’insiste presque toujours Saint Paul, lorsqu’il veut détourner les fidèles de l’impureté et leur en inspirer une instinctive horreur: «Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ? Fuyez l’impudicité… Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui réside en vous, et que vous ne vous appartenez plus? Car vous avez été rachetés et payés! Glorifiez donc Dieu dans votre corps.» (1 Cor. 6, 15-20).

«Plutôt la mort que la souillure»: cette devise que comprennent déjà toutes les âmes bien nées devrait être, à plus forte raison, le mot d’ordre de tous les fils et de toutes les filles de Dieu!…

3.6. – La chasteté est la condition d’une ouverture au monde spirituel et divin

La chasteté et en outre la condition d’une ouverture au monde spirituel et divin.

C’est en ce sens qu’on peut entendre la parole du Christ: «Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu» (Math, 5, 3).

Alors que l’impureté, sous toutes ses formes, obscurcit le regard intérieur et produit une sorte «d’engourdissement» et d’alourdissement des âmes, — rendant de plus en plus difficile la nette perception des réalités spirituelles et surnaturelles, — la pureté, au contraire, donne une singulière lucidité sur «les choses d’En-Haut».

Bien plus, elle avive le désir et l’amour des choses invisibles et éternelles. C’est ainsi, par exemple, qu’elle affermit le sens et le goût de tous les «exercices spirituels», tels que la prière, la lecture spirituelle, la méditation et la fréquente pratique de la Pénitence et de l’Eucharistie…

Quand on se rappelle que ce sens, ce désir et cet amour des réalités invisibles et éternelles doivent être des traits caractéristiques du chrétien dans le monde, on comprendra mieux l’importance que revêt pour lui la pratique de la chasteté.

3.7. – La chasteté est la condition de la charité

Mais il y a un autre point auquel devraient être particulièrement sensibles toutes les âmes de notre temps: c’est que la chasteté est la condition de la charité.

On sait que l’amour est la première des vertus et des valeurs chrétiennes, et que sans lui tout le reste ne servirait à rien (cf. Saint Paul et son «cantique des cantiques de la charité», dans 1 Cor. 13, 1-3).

En vertu de cette doctrine capitale, la perfection chrétienne consiste essentiellement et principalement dans l’amour de Dieu et dans l’amour du prochain (4).

Mais ce qu’on ne sait peut-être pas toujours aussi clairement, c’est que ce double amour ne peut fleurir que dans un climat de chasteté. En d’autres termes, nul ne saurait être vraiment et pleinement charitable s’il n’est véritablement et profondément chaste.

Ce n’est là qu’une application d’une doctrine fondamentale, très familière à tous les Maîtres de la pensée chrétienne: la doctrine de la connexion des vertus. Toutes les vertus sont connexes, c’est-à-dire qu’on ne peut pas les séparer l’une de l’autre.

C’est donc une illusion de s’imaginer que l’on peut pratiquer, à un degré vraiment sérieux, la charité envers Dieu et envers le prochain sans pratiquer toutes les autres vertus et spécialement la vertu de chasteté.

En vérité, là où règnent les passions charnelles, il ne peut y avoir de véritable amour chrétien.

Ceci devrait être évident pour ce qui est de l’amour de Dieu: car aimer Dieu c’est lui obéir, et la chasteté fait l’objet d’une loi divine: «Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté mais à la sainteté» (1 Thes. 4, 7).

Mais la chasteté est également indispensable pour l’amour du prochain.

On a justement remarqué que l’impureté engendre peu à peu l’égoïsme: elle ferme et endurcit les cœurs. La chasteté, au contraire, si elle est bien comprise et bien vécue, les dilate et les ouvre indéfiniment à la charité fraternelle.

Est-il besoin de dire que si on entraîne les autres à des manquements contre la pureté, non seulement on pèche soi-même, mais on leur cause également du tort, qui peut être plus ou moins grave selon les circonstances, mais qui est toujours un manque de charité à leur égard?

3.8. – La chasteté est source de mérite surnaturel

Il faut dire également que la pratique de la chasteté (comme celle de toutes les autres vertus) est une source de mérite surnaturel, c’est-à-dire un moyen de croissance dans la grâce d’ici-bas, et donc aussi de croissance dans la gloire éternelle.

On peut reprendre à son sujet les encourageantes paroles de l’Apôtre Saint Paul: «J’estime que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous…» (Rom. 8, 18) … «Soyez fermes et inébranlables, vous surpassant sans cesse dans l’oeuvre du Seigneur, sachant que votre labeur n’est pas vain dans le Seigneur.» (1 Cor. 15, 58)

3.9. – La chasteté est source de joie

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la chasteté est source de joie.

On le comprend aisément par tout ce qu’on en a déjà dit. Il serait vraiment bien étrange que l’on fût triste quand on possède un si inestimable trésor.

Mais c’est un fait que les âmes vraiment chastes sont aussi des âmes de grande joie spirituelle.

On aurait tort de penser que cette joie fût faite d’un certain orgueil et d’une certaine suffisance. Toutes les âmes chastes savent bien que «c’est par la grâce de Dieu qu’elles sont ce qu’elles sont» (cf. 1 Cor. 15, 10).

Mais elles savent aussi toute la joie qu’apporte la prédominance de l’âme sur le corps, de l’esprit sur la chair.

Elles savent que s’il coûte à la nature de se discipliner et de respecter l’ordre voulu par Dieu, le sacrifice est joie, surtout quand il débouche (peu à peu) sur «une certaine aisance dans la vertu» qui est la vraie liberté spirituelle digne d’un homme et d’un chrétien.

Et leur joie est un contentement d’âmes de plus en plus ouvertes aux choses de l’esprit et aux choses de Dieu, de plus en plus disponibles à l’amour.

Et c’est ainsi qu’elles comprennent de plus en plus le sens de la parole et de la promesse du Christ: «Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu» (Math. 5, 8).

3.10. – La chasteté donne à la vie un rayonnement de beauté

Et cependant, une chose reste encore à dire: c’est que la chasteté confère à une vie une merveilleuse et rayonnante beauté.

À vrai dire, ce sont toutes les vertus qui donnent à un être une parure de beauté. Comme l’écrit Saint Jean «elles sont le lin fin brillant et pur, dont Dieu revêt l’Église pour qu’elle figure dignement au jour des noces de l’Agneau» (Apoc. 19, 7-8).

«Par elles la vie chrétienne devient une vie en beauté et l’Église une société rayonnante de splendeur. (5)

Mais c’est un fait que parmi toutes les vertus chrétiennes, la pureté brille d’un éclat tout particulier.

«Si l’on ne peut appeler la chasteté la première des vertus, on peut l’appeler la plus belle, d’où le qualificatif de «belle vertu». «Elle a sa gloire toute à part, d’être la belle et la blanche vertu de l’âme et du corps» (6).

Et cette beauté intérieure des âmes se manifeste au-dehors par toutes sortes de signes; «Ceux et celles qui sont purs reflètent Dieu qui se reflète en eux. C’est pourquoi ils ont des charmes dont nul ne se défend; des charmes qui se manifestent dans la limpidité de leurs regards, dans la fraîcheur de leur visage, la douceur de leurs traits, la franchise de leurs sourires, l’épanouissement et le rayonnement qui se dégagent de toute leur personne.» (7)

On comprend aisément l’éloge que l’Écriture fait de la chasteté: «Qu’elle est belle la génération des âmes chastes: une gloire sans pareille l’environne». (Livre de la Sagesse, traduction de la Vulgate, 4, 1).

Et c’est aussi cette mystérieuse beauté qui explique la puissance d’attrait de la chasteté sur tant d’âmes, même incroyantes, même corrompues.

N’est-ce pas au rayonnement de la chasteté de Sainte Monique que Saint Augustin attribuait la conversion de son père Patricius?

Devant un tel spectacle, beaucoup se sentent comme ébranlés et cherchent tout naturellement à connaître ce qu’il y a derrière un pareil mystère.

En faisant resplendir autour d’elles le charme de leur pureté, les âmes chastes continuent de «répandre autour d’elles la bonne odeur du Jésus Christ.» (2 Cor. 2, 15).

À travers cette pureté rayonnante, toutes les âmes bien nées sont obligées de reconnaître la présence et l’action de la grâce, de sorte que dans de pareilles vies Dieu apparaît comme en transparence.

En étant dans le monde les témoins de la chasteté, les chrétiens et les chrétiennes de tous les temps remplissent la mission qui leur a été confiée, d’être le sel de la terre, la lumière du monde et le levain dans la pâte humaine.

Ils contribuent à faire de l’Église un chef d’oeuvre de beauté et ils sont une démonstration vivante de la puissance de la grâce de Jésus-Christ.

«Aujourd’hui plus que jamais, et comme aux premiers temps de son existence, c’est surtout de pareils témoins que l’Église a besoin de témoins qui par toute leur vie fassent resplendir le vrai visage du Christ et de l’Église aux yeux du monde paganisé.» (8)

Conclusion

On comprend mieux maintenant quelle immense valeur représente pour les chrétiens le trésor de la chasteté.

Et si la chasteté n’est pas le but dernier de l’éducation chrétienne (car son but dernier est la formation de la charité), elle est du moins le signe et la preuve de sa réussite.

Elle est un des grands signes auxquels on reconnaîtra toujours les vrais disciples de Jésus-Christ.

Et c’est une seule et même chose que d’être vraiment chrétien et que d’avoir le sens, l’estime et l’amour de la chasteté.

————

(1) C’est l’admirable formule de S. Thomas d’Aquin: « La tempérance considère les nécessités de cette vie comme la règle de l’usage des plaisirs, de sorte qu’on ne doive user de ces plaisirs que dans la mesure où ils sont nécessaires à cette vie. » Somme Théologique IIa – IIae, q. 141 article 6.

Comme explique justement Saint Thomas dans le passage cité, il y a certains plaisirs qui, sans être absolument indispensables pour vivre, sont cependant nécessaires pour rendre la vie plus aisée et surtout plus sociable. Il sera donc permis d’en user avec modération, sans manquer pour cela à la vertu de tempérance: c’est ainsi, par exemple, qu’on pourra manger et boire modérément non seulement pour apaiser la faim et la soif mais encore pour se donner un signe d’amitié.

(2) S.S. Pie XII: Discours à l’Action Catholique Italienne, 20 mars 1952.

(3) R.P. Häring: Das Gesetz Christi (La Loi du Christ). p. 1130.

(4) cf. S. Thomas: Somme Théolog. IIa — IIae, q. 184, art. 1 et 3.

(5) R.P. Spicq: Les Épitres Pastorales: Vie chrétienne et beauté, p. 290-297.

(6) Saint François de Sales, cité par le R.P. Plus, dans Dictionnaire de Spiritualité, article chasteté, col., 779.

(7) R.P. Guyot, dans «Les Gardiennes du Foyer», août-sept. 1956, p. 2.

(8) S.S. Pie XII: Discours au Congrès Eucharistique de Nantes, 11 juillet 1947

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