Le coup d’épée de Saint Michel : sept sanctuaires unis par un fil invisible

Connaissez-vous le coup d’épée de Saint Michel ?

Cette légende désigne l’alignement parfait de sept monastères situés entre l’Irlande et la Terre Sainte, et tous dédiés à l’archange chef des armées célestes. La ligne ainsi tracée serait le résultat du coup d’épée infligé à Satan pour le renvoyer en enfer. De plus, les trois sanctuaires les plus célèbres, à savoir le Mont-Saint-Michel, l’abbaye Saint-Michel-De-La-Cluse (Piémont) et le Sanctuaire de Saint-Michel-Archange sur le Mont Gargan (Pouilles), sont équidistants. Pour couronner le tout, le jour du solstice d’été, le soleil levant et les monastères forment une ligne parfaite ! Une invitation pour les fidèles à rester dans le droit chemin défini par les lois divines.

L’île de Skellig Michael (Irlande)

Cet îlot est situé dans le sud-ouest de l’Irlande, dans le comté de Kerry. Inscrit au patrimoine mondial, il s’élève à 218 mètres au dessus de la mer. Un monastère aurait été fondé dès le VI° siècle, selon la légende, par Saint Fionan. Mais ce n’est qu’entre 950 et 1050 que ce monastère fût consacré à Saint Michel. Cette consécration s’accompagne de la construction d’une église. Cependant, à partir du XIII° siècle, les changements climatiques entraînant une baisse des températures et des tempêtes de plus en plus fréquentes, et l’Eglise irlandaise passant d’un modèle monastique à un modèle diocésain, l’îlot ne connaît plus qu’une présence estivale des moines, en dehors de quelques pèlerinages. Le monastère disparaît au XVI° siècle, quand la reine Elisabeth 1ere d’Angleterre, suite à une rébellion locale, décide de le dissoudre. La pratique de pèlerinages est cependant toujours vivace, grâce à la présence encore aujourd’hui de quelques chapelles. Skellig Michael connaît de nos jours un regain d’intérêt pour avoir été un lieu de tournage de la dernière trilogie Star Wars.

Saint Michael’s Mount (Angleterre)

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Situé en Cornouailles anglaise, cet homonyme du Mont-Saint-Michel français est également une île. Connu depuis l’Antiquité, une légende locale mentionne que des pêcheurs furent témoins de l’apparition de l’archange en 495. Un pèlerinage se développe alors, puis vraisemblablement un monastère celtique est bâtit au VIII° siècle; il sera actif jusqu’au XI° siècle. Il fût alors donné par Robert de Mortain, demi-frère de Guillaume le Conquérant, au monastère du Mont-Saint-Michel. L’église actuelle, un monastère bénédictin et un prieuré furent construites en 1135 sur ordre de l’abbé du Mont-Saint-Michel. Ce monastère est saisi par la couronne anglaise en 1425 comme possession étrangère puis fermé en 1539, à la suite du schisme anglican qui provoque la dissolution de tous les établissements monastiques et la confiscation de leur trésor par le roi Henri VIII. Saint Michael’s Mount devient alors une forteresse, avant de se transformer en lieu touristique de nos jours.

Le Mont-Saint-Michel (France)

Sans doute le lieu le plus célèbre de cette liste, le Mont-Saint-Michel est situé au coeur d’une baie connaissant les plus grandes marées d’Europe. Objet de mythes et légendes dès l’époque païenne, l’histoire du Mont-Saint-Michel est depuis le Haut Moyen Âge indissociable de celle de l’abbaye qu’il abrite. En 708, l’évêque d’Avranches Saint Aubert, reçoit dans ses rêves trois visions dans lesquelles l’archange Saint Michel lui donne l’ordre de construire un oratoire qui lui soit consacré sur le Mont-Tombe, comme on l’appelait alors. Ce sanctuaire doit être la réplique de celui du Mont Gargan. Après la dédicace à Saint Michel, le Mont-Tombe change de nom, et devient le Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-mer. Il est attaqué et pillé par les Vikings en 843. Au X° siècle, la collégiale, trop corrompue par les richesses amassées, fait place à un monastère bénédictin. Au XII° siècle, les moines se rendent célèbres en Europe en traduisant Aristote directement du grec ancien au latin, ce qui leur vaut de jouer un rôle majeur dans le développement intellectuel de l’époque. Durant la Guerre de Cent Ans, le Mont est la seule ville normande à résister à l’occupant anglais. Le Mont perd de son intérêt politique et religieux à partir du XVIème siècle, même si les Huguenots tentent de s’emparer de ce bastion de la Ligue catholique à trois reprises, sans succès. Les derniers bénédictins quittent le Mont en 1791, qui reste néanmoins un haut lieu de pèlerinage. La statue de l’archange mesurant 3,5 mètres de haut est réalisée en 1895. A partir de cette époque, le Mont connaît une renaissance religieuse (le culte est rétabli dans l’abbatiale en 1922) et un développement du tourisme. Les travaux récents de désensablement ont permis de redonner à la Merveille son caractère insulaire.

L’abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse (Italie)

A 30 kilomètres à l’ouest de Turin, à l’entrée du val de Suse, se dresse l’abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse. Son histoire commence à la fin du X° siècle. Vers 980, l’ermite Jean Vincent reçoit durant un songe l’ordre de Saint Michel de reconstruire l’oratoire situé sur le mont Pirchiriano. Le projet se réalise grâce à Hughes Maurice, seigneur de Montboissier. S’étant rendu à Rome en pèlerinage pour expier ses nombreux péchés, le pape l’enjoint à construire un monastère comme pénitence. Sur le chemin de retour en France, il s’arrête dans le val de Suse et entend parler de l’oratoire. Hughes Maurice décide de racheter le terrain et d’y faire construire une abbaye, dont la fondation est comprise entre 983 et 987. Le fils de Hughes, Maurice de Montboissier, obtient quelques années plus tard confirmation de cette fondation auprès de l’empereur Otton III et du pape Sylvestre II. L’abbaye bénédictine bénéfice rapidement d’un grand prestige, notamment pour son hospitalité internationale. Son architecture en fait un chef d’oeuvre de l’art roman. En 1622, le pape Grégoire XV supprime le monachisme dans l’abbaye, qui ne sera rétabli qu’en 1836 par Grégoire XVI; celui-ci confie le sanctuaire aux papes rosminiens. Saint-Michel-de-la-Cluse est encore aujourd’hui un haut lieu de pèlerinage et de tourisme culturel.

Le sanctuaire de Monte Gargano (Italie)

C’est le plus ancien sanctuaire en Europe de l’Ouest consacré à Saint Michel Archange, et un lieu de pèlerinage depuis le Haut Moyen Âge. Selon la légende, vers 490, Saint Michel apparaît à l’évêque de Sipontum, dans les Pouilles, et ordonne que cette grotte du Monte Gargano lui soit consacré. L’archange promet aussi la protection de la ville contre les armées étrangères. Ayant entendu parler de ce miracle, le pape Gélase II (492-496) fait construire une basilique sur place. Le jour de la dédicace, le 29 septembre 493, se produit un second miracle. Arrivés à la grotte pour la consacrer, les évêques, le peuple et le clergé présents eurent la stupéfaction de voir un autel de pierre déjà érigé, recouvert d’un pallium rouge et surmonté d’une Croix. L’empreinte d’un pied de Saint Michel s’y trouvait également. Enfin, la promesse de défendre la cité par Saint Michel se réalise le 8 mai 663. Une bataille opposant les Lombards aux Grecs voit la défaite de ces derniers. Cette victoire chrétienne serait due à l’apparition, la veille des combats, du prince de la milice céleste au milieu de la montagne et armé d’une épée flamboyante. Ce miracle est commémoré à partir du XVIème siècle: Saint Pie V l’inscrit au calendrier catholique à la date du 8 mai. De nombreux papes (Urbain II, Grégoire X…) et saints (saints Bernard, Thomas d’Aquin…) ont pu se recueillir dans ce sanctuaire à l’atmosphère si particulière.

Le monastère Saint Michel Panormitis de Symi (Grèce)

Le sixième monastère dédié à Saint Michel se situe sur l’île de Symi, au large des côtes sud-ouest de la Turquie. Dans la mythologie grecque, Symi est le lieu de naissance des Trois Grâces, qui personnifient l’allégresse, l’abondance et la splendeur. Le monastère Panormitis est le plus important des neuf monastères consacrés à Saint Michel sur l’île, un pour chaque cercle angélique. Il aurait été construit en 450 à l’emplacement d’un ancien temple dédié à Apollon. Selon la légende, une vieille femme y aurait trouvé un icône représentant l’archange; un monastère y aurait ensuite été érigé. Une autre légende dit que les habitants de Symi auraient offert un balai à Saint Michel; depuis les moines l’entendraient balayé le monastère la nuit… L’île de Symi a la particularité d’avoir été dirigée par les Hospitaliers de 1309 à 1522. Le bâtiment actuel date du XVIIIième siècle, et abrite une statue de l’archange de 3 mètres de haut, une des plus hautes du monde.

Le monastère Notre-Dame-du-Mont-Carmel (Terre Sainte)

Egalement nommé monastère Stella Maris (Marie étoile de la mer) depuis 1955, le centre spirituel de l’ordre carmélite situé à Haïfa est curieusement le seul des sept monastères qui ne soit pas directement en lien avec Saint Michel. Notre-Dame-du-Carmel est en revanche très lié à Saint Elie, souvent représenté avec une épée en feu, comme le prince des armées célestes. En effet, une très ancienne tradition dit que le prophète Elie aurait vécu et prié dans la grotte située juste en face du monastère, ainsi que dans une autre grotte localisée elle directement à l’intérieur de celui-ci. Une seconde tradition raconte même que la Saint Famille y aurait résidée une nuit en revenant d’Egypte, sur le chemin de Nazareth. Un groupe d’ermites mené par Saint Berthold commence à vivre dans les grottes du mont Carmel en 1185. Au début du XIII° siècle, ils demandent un règle monastique écrite au Patriarche latin de Jérusalem, Albert Avogadro: l’Ordre des Frères de Notre-Dame du Mont Carmel est né. Cependant, les moines doivent quitter leur sanctuaire quelques années plus tard, sous la pression des musulmans. Arrivés en Europe, les Carmes font connaître leur ordre à la société occidentale. Ils ne reviendront que durant la septième croisade, dans le sillage de Saint Louis, en 1254. Hélas, la chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291 les forcent à nouveau à s’exiler, les moines restants étant massacrés par les Mamelouks. Il faudra cette fois attendre 1631 pour que les Carmes Déchaux, fondés par Sainte Thérèse d’Avila, qui achètent plusieurs grottes du mont Carmel. Une nouvelle expulsion est prononcée contre eux en 1761 par le gouverneur musulman. Le monastère actuel est construit en 1827 et 1836, et les carmes l’occupent depuis 1846. Il a été occupé durant une grande partie du XX° siècle par les armées britannique et israélienne, mais il est aujourd’hui restitué aux Carmes. A noter qu’il existe, à 1,5 kilomètre de là, un monastère carmélite, appelé également Notre-Dame-du-Mont-Carmel.

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