Donald Trump choisit Amy Barett pour une Cour Suprême de plus en plus catholique

C’est désormais officiel. Peu après avoir signé le décret exécutif protégeant les enfants ayant survécu à l’avortement, Donald Trump a publiquement choisi la juge fédérale Amy Coney Barett comme candidate à la Cour Suprême des Etats-Unis, à la grande réjouissance des milieux conservateurs, en particulier des milieux chrétiens, et au grand désespoir des libéraux, des démocrates et autres féministes qui redoutaient grandement cette nomination depuis le décès de la juge Ruth Bader Ginsburg le 18 septembre dernier.

En effet, en pleine campagne électorale et alors que les Etats-Unis traversent une période relativement agitée sur le plan sociétal, la mort de la juge Ginsburg a fait l’objet d’une intense campagne dans la presse libérale mainstream.

La mort de Ruth Bader Ginsburg : Fin de l’Amérique progressiste ?

La juge Ginsburg, qui était membre de la Cour Suprême depuis 1993, était effectivement considérée comme la championne et la gardienne farouche de tous les dogmes du prétendu progressisme libéral, en particulier la défense radicale de l’avortement, l’opposition au droit du port d’armes et le mariage homosexuel. Sa mort a donc logiquement déclenché une véritable vague d’hystérie dans les milieux de la gauche américaine : influenceuses, bloggeuses, activistes, tiktokeuses, toutes les cervelles décérébrées de l’Amérique décadente se sont alors rependues en sanglots, en hommages, voire en hurlements bestiaux, voire démoniaques. Et ce n’est pas une exagération de ma part, puisqu’un article de l’édition américaine du Huffington Post a jugé pertinent de retranscrire le témoignage d’une américaine, Jamie Smith, se présentant comme quadragénaire, mère de famille, avocate, et qui, à l’annonce de la mort de la juge Ruth Bader Ginsburg, a décidé de rejoindre le Temple Satanique, l’une des principales « églises » de Satan aux USA :

Comme tant d’autres Américaines, lorsque j’ai appris le décès de la juge Ruth Bader Ginsburg, ma première réaction n’a pas été le chagrin mais la peur. Je crains le risque grandissant d’une théocratie ou d’une dictature aux Etats-Unis, et que les garde-fous censés empêcher cette évolution ne soient à jamais affaiblis. Quand Mme Ginsburg est morte, j’ai su qu’il fallait une réaction d’une ampleur inédite. Notre démocratie est devenue si fragile que la perte de l’un des derniers bastions du sens commun et de la décence au sein du gouvernement, moins de deux mois avant une élection cruciale, a mis nos droits civiques et génésiques en péril. Je me suis donc tournée vers le Satanisme. – Huffington Post, La mort de la juge Ruth Bader Ginsburg m’a poussée à rejoindre le Temple Satanique, 25 Septembre 2020

Comme quoi, notre ami Abauzit n’exagère pas lorsqu’il dit que le gauchisme est une maladie mentale. Nous devrions même ajouter que le gauchisme est une porte grande ouverte aux influences du démon, comme le prouve bien ce témoignage. Il faut aussi noter qu’un certain nombre de libéraux-conservateurs et de républicains, Donald Trump en tête, se sont sentis obligés d’eux aussi prendre part aux hommages dithyrambiques suite à la mort de la juge Ruth Bader Ginsburg, exaltée comme une juriste géniale dont l’œuvre a été absolument exceptionnelle.

Ces hommages ont été toutefois beaucoup plus mesurés dans l’aile plus jeune de la droite nationaliste américaine, notamment chez le très dynamique Nick Fuentes, leader du mouvement America First, qui déplore ces démonstrations de veuleries typiques de certains pseudo-conservateurs, mais qui s’est réjoui également de l’opportunité historique de remplir un peu plus les sièges de la Cour Suprême avec des juristes conservateurs et catholiques. Avec à la clef, la possibilité de reverser les jurisprudences les plus iniques, en particulier la fameuse jurisprudence Roe v. Wade, qui a été instrumentale dans la dogmatisation légalisative du droit à l’infanticide pré-natal aux USA depuis 1973.

La mort de la juge Ginsburg a également été l’occasion de rappeler que cette femme, loin d’avoir été « l’un des derniers bastions du sens commun et de la décence », fut au contraire l’une des adversaires les plus obstinées de la loi naturelle et la promotrice acharnée de toutes les abominations sociétales qui ont frappé l’Occident depuis au moins les années 1990. Sur le site de la Cour Suprême américaine, on peut encore trouver le rapport du Comité Judiciaire du Sénat, daté du 20 juin 1993, c’est-à-dire, l’audition que Ruth Ginsburg a dû passer devant le Sénat avant de voir sa nomination validée. Ce rapport édifiant cite les nombreuses positions de Ginsburg à cette occasion :

Mon objectif en matière judiciaire, est de décriminaliser les rapports sexuels entre adultes et enfants, d’abaisser l’âge du consentement à 12 ans et de retirer tout financement public fédéral aux clubs de Boy Scouts et de Girl Scouts jusqu’à ce qu’ils acceptent de changer leur nom en les remplaçant uniquement par des désignations sexuellement neutres.Justice Ruth Bader Ginsburg in Congressional Record, 103e Congrès, 1ere session, Volume 139, Partie 13, Aout 1993, p. 18124

De façon assez amusante, le titre de la  section de ce document est : « La vision sociale de la juge Ginsburg est extrêmement libérale ». Parmi ses autres idées, on peut trouver l’engagement des femmes dans l’armée et plus spécifiquement au combat, les prisons hommes-femmes, l’interdiction des fraternités et sororités sur les campus américains en les remplaçant par des « associations non-genrées », ou encore la « protection constitutionnel du droit à la bigamie ». On apprend encore dans ce document que Ruth Ginsburg ne cachait pas qu’elle pensait que les cours de justice devaient implémenter les idées sociétales des juges. Le rapport mentionne également que les promoteurs de Ginsburg, à cette époque, étaient déjà convaincus qu’une fois nominée, celle-ci travaillerait à imposer toutes ces idées à la Cour Suprême. Au vu de l’évolution rapide de la décadence des élites judiciaires aux USA, spécialement dans les années 2000 et 2010, on peut dire que l’influence de la juge Ginsburg fut effectivement très importante dans les décisions de la Cour Suprême.

Néanmoins, cette situation changea peu à peu après l’élection de Donald Trump à la fonction présidentielle. Après avoir nommé et confirmé le juge Neil Gorsuch, un centriste consensuel, Trump nomma le catholique et conservateur Brett Kavanaugh en 2018. Chacun se souvient de la grossière campagne de diffamation que les démocrates et les libéraux avaient déclenchée, en ressortant une soi-disant histoire d’agression sexuelle remontant aux années 1980, alors que Kavanaugh était encore lycéen. Tout ceci se passait bien entendu pendant que Kavanaugh paraissait devant le Comité Judiciaire du Sénat. Malgré cette campagne féroce, le Sénat confirma la nomination de Kavanaugh en Octobre 2018.

On comprend donc qu’à la mort de la juge Ginsburg, les échos faisant état de la nomination d’une femme se présentant ouvertement comme une catholique fervente, ont déclenché un nouvel épisode d’hystérie collective dans le landerneau libéral-gauchiste américain. Or, s’il est facile de diffamer un « homme hétérosexuel blanc de plus de 50 ans » comme Kavanaugh, il est a priori plus difficile, pour la gauche, de trouver quelque chose contre Amy Coney Barett.

Amy Barett, pierre d’achoppement de l’idéologie libérale

Originaire de la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, née en 1972, cette brillante juriste, nommée en 2017 par Donald Trump à la Cour d’Appel du 7e circuit, est également mère d’une famille de sept enfants, dont deux sont des adoptés, originaires d’Haiti. La seule photo de famille d’une femme aussi jeune, accomplie et rayonnante, tranche radicalement avec les photos de feu Ruth Bader Ginsburg, et ses allures de vieille sorcière socialiste, de pair avec le très décati Joe Biden.

Seulement voilà, Amy Barett a bien un « point faible », du moins du point de vue de la gauche : elle est catholique fervente et elle est ouvertement anti-avortement ! On comprend alors que face à ce péril catholique à la Cour Suprême américaine, les bourgeoises féministes des grandes métropoles en sont réduites à littéralement se prosterner devant Satan. Et la réputation d’Amy Barett n’est plus à faire. Déjà, lors de son passage devant le comité sénatorial pour sa nomination à la Cour d’Appel du 7e circuit, les caciques démocrates, en particulier la sénatrice Dianne Feinstein, n’avaient pas manqué de la questionner très spécifiquement sur sa foi catholique en lui signifiant qu’ils voyaient cela comme un signe très probable de manque d’impartialité, en tout cas comme un très mauvais point. Or, comme l’a fort bien rappelé ces jours-ci le représentant Doug Collins, la constitution américaine stipule clairement « qu’aucune épreuve de caractère religieux ne peut être requis pour la qualification à un office public ». Les remarques des commissaires démocrates étaient donc anticonstitutionnelles. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la constitution très libérale (et donc anti-catholique) des Etats-Unis, a facilité la confirmation d’Amy Barett à la Cour d’Appel.

Donc, dès lors qu’Amy Barett a été annoncée comme très probable candidate pour remplir le sede vacante de la juge Ginsburg, les médias mainstream et toute l’Amérique de gauche s’est alors déchainée, attaquant Amy Barett essentiellement sur sa foi et sur ses positions anti-avortement. En particulier, les médias, Reuters en tête, se sont appliqués à présenter Amy Barett comme une membre d’un très étrange groupe nommé « People of Praise », une congrégation « catholique » de type charismatique.

Vers une Cour Suprême catholique…ou moderniste ?

Evidemment, il nous faut en dire un mot. Il va de soi que tout catholique fidèle à la tradition sait que la faction « charismatique » de la secte moderniste est l’une de ses pires émanations. Il serait long et hors-sujet de faire ici l’historique de ce courant qui s’est originellement inspiré d’une secte protestante pentecôtiste. Nous renvoyons donc les lecteurs et auditeurs aux très intéressantes brochures réalisées à ce sujet par l’Action Familiale et Scolaire. En bref, nous nous doutons bien qu’Amy Barett, comme tant d’autres, est une énième victime de la révolution moderniste. D’ailleurs, lors de son audition en 2017, et pour répondre aux attaques des commissaires démocrates, elle avait affirmé en substance, qu’elle pensait sincèrement que la foi religieuse d’un juge ne devait pas primer sur la loi. Une déclaration qui sent le libéralisme à plein nez, mais qui pourrait aussi être interprété comme une adroite réplique. Quoiqu’il en soit, même si la congrégation « charismatique » d’Amy Barett est évidemment tout sauf catholique, nous devons au moins supposer qu’elle-même croit sincèrement dans quelques dogmes majeurs de l’Eglise et du moins, nous pouvons espérer que sa possible présence future au sein d’une Cour Suprême de plus en plus conservatrice et catholique, aboutira un jour au renversement de l’arrêt Roe v. Wade, et donc à la possibilité pour les états d’interdire définitivement l’avortement et toutes les autres pratiques contre-nature actuellement autorisées.

Notons aussi que les médias libéraux se sont échinés depuis une semaine à produire des articles complotistes et sensationnels pour mettre en parallèle la congrégation d’Amy Barett avec la fameuse série à succès « The Handmaid’s Tale ». Cette série, adaptée d’un roman dystopique de l’écrivain canadien Margaret Atwood, montre une société américaine ultra-patriarcale, jusqu’à la caricature, dominée par un groupe de pseudo-chrétiens évidemment fanatiques, et dans laquelle les femmes sont bien sûr opprimées et considérées comme des humains de second rang. Depuis Reuters jusqu’au Guardian, en passant par Forbes et tous les autres habituels médias, tous ont repris en cœur ce même thème, avec un certain succès. La culture, l’intelligence et la philosophie réaliste n’étant pas le fort du public décérébré et adolescent qui compose la gauche, le fait d’attaquer Amy Barett par des références aussi pathétiques qu’une série TV convenait à la capacité cognitive du public visé. Les headlines étaient alors toutes trouvées : « Découvrez the People of Praise, la secte chrétienne qui a inspiré the Handmaid’s Tale et à laquelle appartient la catholique ultraconservatrice Amy Barett ». Sauf qu’en réalité, la créatrice du roman original s’était inspirée des groupes puritains américains du 17e siècle.

En bref, il importe peu qu’Amy Barett soit plutôt moderniste, que catholique. Seuls les vrais catholiques sont à même de faire ces distinctions qui échappent à l’hystérie gauchiste. Le fait est qu’elle est attaquée parce qu’elle se présente comme catholique fervente. D’ailleurs, l’idéologie gauchiste et globaliste sait reconnaitre les bons catholiques des mauvais, comme le remarque justement Elle Reynolds dans un article de la revue The Federalist : La gauche libérale-démocrate aime les « catholiques » dégénérés et pro-avortement comme Joe Biden, mais détestent les catholiques qui s’attachent un minimum au dogme, sinon à la loi naturelle. On pourrait aussi remarquer que d’une façon générale, nos contemporains libéraux de gauche ou de droite préfèrent le pseudo-catholicisme permissif du pseudo-pape François, au catholicisme réel et strict des traditionalistes. Il est à noter que l’infernal Massimo Faggioli, l’un des universitaires modernistes les plus fanatiques et laudateur inconditionnel de François, s’est lui aussi joint au concert des médias anticatholiques en publiant une attaque en règle contre Amy Barett dans Politico. Dans tous les cas, Amy Barett est attaquée parce qu’elle est perçue comme catholique et favorable à la loi naturelle. Mais cette campagne de presse risque fort de se retourner contre les démocrates et la presse libérale, lesquels, en plus d’être ridiculisés quotidiennement par les antifas, par Black Lives Matter et par Joe Biden, apparaissent aux yeux de l’américain moyen, comme fanatiques, irrationnels, haineux et intolérants.

De plus, à l’hystérie des milieux libéraux, s’ajoute l’hypocrisie. Car en plus d’avoir été une fervente avocate des pires abominations sociétales, la juge Ginsburg se revendiquait fièrement juive,  comme le rappelle fort bien Jonathan Turley dans un article de The Opinion :

La juge Ruth Bader Ginsburg était religieuse. Elle a notamment déclaré : « Je suis une juge, née, élevée comme juive et fière d’être juive. L’exigence en ce qui concerne la justice, la paix et l’élévation, parcourt toute l’histoire et la tradition juive ». De plus, elle est la seule juge à avoir une mezuzah fixée à la porte de son bureau, et il a été rapporté qu’elle avait fait broder le commandement juif « tzedek tirdof » (tu chercheras la justice) sur l’un des cols des tenues qu’elle portait à la Cour Suprême. Elle étudiait et assistait à des conférences sur la loi religieuse juive. – The Opinion, Judge Amy Coney Barret for her intellect instead of her catholic faith, Jonathan Turley, 23 Septembre 2020

Si la nomination d’Amy Barett est confirmée par le Sénat à majorité républicaine, et cela devrait être le cas avant la tenue des éléctions de Novembre, elle serait alors membre d’une cour suprême qui sera alors composée de cinq juges catholiques et conservateurs, comme le rapporte cet article de Crux, qui cite John Roberts (chef de la Cour Suprême), Samuel Alito, Clarence Thomas et Brett Kavanaugh. Les quatre autres, à savoir Stephen Breyer, Elena Kagan, Sonia Sotomayor et Neil Gorsuch, étant soit des « progressistes », des libéraux ou des centristes. La Cour Suprême sera néanmoins en majorité conservatrice et d’inspiration catholique. En cas de décès ou de retraite de l’un des juges non-conservateurs, Trump continuera assurément sur cette lancée, en cas de réélection, et celle-ci semble très probable. Il serait alors réellement providentiel qu’il nomme un catholique intégraliste comme l’éminent professeur de droit à Harvard, Adrian Vermeule.

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Guillaume Von Hazel

Guillaume Von Hazel

Guillaume Von Hazel a fondé Fide Catholica en 2015. Ayant fait des études de langues et de relations internationales, il s'occupe principalement de traductions, de rédaction de synthèses apologétiques et de commentaires d'actualités. Il est auteur du livre "Mystères de la Révolution", paru en 2019 aux éditions du Collectif Saint Robert Bellarmin.

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