Le Bonheur des Saints dans le Ciel

Les saints bénissent Dieu des souffrances et des épreuves qu’ils ont eues à subir

L’œil de l’homme n’a point vu, son oreille n’a point entendu et son cœur ne saurait comprendre ce que Dieu réserve à ceux qu’il aime.

l’Église, mère toujours tendre et compatissante, ouvre aujourd’hui le ciel à nos regards pour exciter notre émulation, encourager et soutenir notre faiblesse dans les épreuves incessantes de la vie présente, en nous montrant dans cet heureux séjour ceux de nos frères dans la foi qui ont combattu avant nous les combats du Seigneur, et qui, pleins d’une sainte ardeur, soutenus et aidés par la grâce, ont triomphé du monde, du démon et d’eux-mêmes, et reçu des mains du souverain rémunérateur de la vertu, la palme et l’immortelle couronne de la victoire. Élevons donc nos yeux et plus encore nos cœurs, vers cette heureuse patrie, où Dieu enivre de bonheur et couronne d’honneur et de gloire cette multitude de saints de tous rangs, de tous sexes, de tous âges, brillantes fleurs écloses sur notre terre au vivifiant soleil de sa grâce et de son amour et moissonnées par l’ange de la mort pour en orner les parvis éternels.
Qui pourrait énumérer le nombre de ces héros chrétiens ?

Qui pourrait compter ces légions de martyrs, qui ont arrosé de leur sang et cueilli au milieu des plus affreux supplices les palmes glorieuses qu’ils tiennent entre leurs mains, ces troupes innombrables de vierges plus pures que les lis et qui se pressent avec amour sur les pas de l’Époux divin qu’elles ont préféré à tout et pour lequel elles ont renoncé à toutes les joies, à tous les bonheurs de la terre. Qui pourrait compter encore la multitude des confesseurs de la foi, des saints pénitents, des saintes veuves, de tous ceux qui se sont sanctifiés dans l’état du mariage ? Non, nulle langue ne saurait nous dire le nombre des élus du Seigneur, de ces pierres précieuses qui toutes ont été taillées et polies par le ciseau de la souffrance, et qu’il a choisies et recueillies dans tous les climats, sous tous les cieux du monde, pour servir à la construction de la Jérusalem céleste. Les yeux sont à la fois éblouis et charmés à la vue de ces innombrables légions de saints qui forment la cour du Roi des rois, et se pressent autour du trône de son éternité, jetant au pied de celui de l’Agneau les palmes et les couronnes qu’ils reconnaissent ne devoir qu’à ses mérites et non aux leurs.


Tous ces saints dont la gloire nous éblouit et fait palpiter nos codeurs d’une noble émulation, ne sont pas seulement cette foule de héros chrétiens auxquels l’Église décerne les honneurs dus à la sainteté, qu’elle propose à notre vénération, et qu’elle nous offre comme des modèles que nous devons imiter ; leur nombre est grand sans doute ; mais il est petit si on le compare à celui de nos frères dans la foi, dont la sainteté n’a été connue que de Dieu, qui se sont sanctifiés dans l’obscurité d’une vie humble et cachée, non par des actions d’éclat, mais par le fidèle accomplissement des devoirs de l’état où la Providence les avait placés ; par la perfection avec laquelle ils ont fait les actions les plus communes, les plus habituelles de la vie. Tous ceux-là aussi ont trouvé place dans le royaume de la gloire, et le Seigneur récompense aujourd’hui avec magnificence leurs vertus, leurs obscurs sacrifices, les souffrances et les mérites dont lui seul fut le témoin et que sa miséricorde consigne jour par jour, heure par heure dans ses registres éternels.


Qu’il est doux et consolant pour nos cœurs de pouvoir chercher et distinguer pour ainsi dire parmi cette multitude de bienheureux ces parents, ces amis tant aimés et si amèrement regrettés qui nous ont devancés dans cette éternité où nous les suivrons bientôt, et dont la foi, la piété, les vertus et la mort édifiante justifient l’espérance que nous avons de leur bonheur. Oui, aujourd’hui l’Église semble nous autoriser à chercher parmi les élus ceux que nous pleurons encore, ces êtres chéris dont nos cœurs gardent le souvenir avec un si tendre et si constant amour.

Elle veut sécher nos larmes en nous montrant ce père, cette mère bien aimés, cette fille, ce fils, ce frère, cette sœur, cet ami, que nous avons vus avec tant de douleur lutter avec la mort et tomber sous ses coups, vivant maintenant dans le sein de Dieu d’une immortelle vie. Eux-mêmes semblent nous crier du haut du ciel : Pourquoi nous pleurer et nous regretter encore ? puisque nous avons échangé les misères de la vie du temps contre les joies et le bonheur sans fin de l’éternité. Pour nous maintenant plus de douleurs, plus de larmes, plus de souffrances, plus de mort ; mais une paix, une joie inaltérable, une félicité qu’aucun revers ne saurait altérer. Réjouissez-vous donc avec nous, et surtout imitez-nous, marchez généreusement sur nos traces, et bientôt, oui bientôt, nous serons réunis là où il n’y a plus ni absence, ni séparation.


Mais quel est donc ce bonheur dont jouissent nos frères bien-aimés dans le sein du Seigneur ? Hélas ! sur cette terre d’exil, si justement appelée la vallée des larmes, nous ne pouvons nous en former qu’une faible et imparfaite idée, et le grand Apôtre lui-même, après cet inénarrable ravissement, où il fit l’expérience des délices et des joies enivrantes du ciel, ne peut que nous dire, que l’œil de l’homme n’a pas vu, que son oreille n’a pas entendu, que son cœur ne saurait comprendre ce que Dieu réserve à ceux qu’il aime.

La langue est impuissante à trouver des expressions qui puissent nous donner une idée d’une félicité qui dépassera toutes nos espérances et qui sera au-dessus de tout ce que l’imagination la plus riche et la plus féconde peut rêver de jouissances et de bonheur. En parlant du bonheur des saints dans le ciel, nous resterons toujours, quoi que nous puissions dire, bien au-dessous de la réalité et nous ressemblons à un aveugle qui n’ayant jamais joui de la lumière du soleil, voudrait faire comprendre à d’autres aveugles l’éclat et les splendeurs de cet astre dans une belle journée d’été. Et cependant, pour soutenir notre courage au milieu des misères de la vie présente, nous avons besoin de nous occuper du ciel : nous aimons à en parler, comme des exilés aiment à parler de leur patrie. Le ciel est pour nous la maison paternelle, son souvenir est doux à nos cœurs, il nous console et adoucit nos peines. Parlons donc du ciel à ceux qui le désirent et l’espèrent comme nous l’espérons nous-mêmes.


Dans le ciel les saints sont exempts pour jamais de toutes les douleurs, de toutes les épreuves qui empoisonnent notre existence et troublent les quelques joies que nous pouvons goûter ici-bas. Pour eux plus d’affliction, plus de larmes, plus de souffrances ; plus de maladies, plus de mort, plus de séparations douloureuses à appréhender et à voir se réaliser. Plus de péchés surtout à craindre, plus de tentations à subir, plus de sacrifices à faire, plus de ces doutes, de ces inquiétudes désolantes sur leur salut : leur sort est irrévocablement fixé ; ils sont entrés dans le port et rien ne pourra les rejeter sur la mer orageuse où tant de fois ils furent battus par la tempête. Le calme a succédé à l’orage, le repos au travail, la main du Seigneur a pour jamais essuyé toutes les larmes de ses serviteurs et de ses amis ; pour eux, les jours de l’épreuve sont passés pour ne plus revenir, et le souvenir de ces épreuves, de ces peines, de ces douleurs qui ont été si courtes et qui leur ont valu une si magnifique récompense ajoute encore à leur bonheur et le rend plus vif et plus intense.


Loin de se repentir d’avoir souffert sur la terre, les saints bénissent Dieu des souffrances et des épreuves qu’ils ont eues à subir ; ils l’en remercient comme de la plus précieuse des grâces qu’il leur ait accordées, et si le regret trouvait encore accès au ciel, ils regretteraient de n’avoir pas eu plus de souffrances à endurer, plus de sacrifices à accomplir, tant est grande la récompense que Dieu accorde à chacune de leurs douleurs.

Oh ! comme les martyrs s’applaudissent d’avoir enduré tant de tourments, comme ils bénissent et la cruauté de leurs bourreaux, et ces instruments de supplice qui brisèrent leurs membres et mirent leur chair en lambeaux. Chacune de ces plaies reçues pour l’amour de Jésus-Christ leur vaut une joie nouvelle et augmentera après la résurrection la gloire dont leurs corps eux-mêmes seront environnés. Comme elles se réjouissent d’avoir tout sacrifié pour leur divin époux, ces vierges innocentes qui, après avoir renoncé pour lui à toutes les joies du monde, à toutes les espérances et les affections de la terre, lui immolèrent leurs corps par les saintes rigueurs et les austérités d’une effrayante pénitence. Comme elles s’applaudissent de ces sacrifices passagers dont l’accomplissement fit déjà leur bonheur aux jours de leur vie mortelle et que Jésus récompense aujourd’hui avec tant de libéralité et de magnificence.

Comme ils bénissent aussi leur glorieuse indigence ces milliers de pauvres volontaires, qui ne voulurent que Jésus pour la part de leur héritage, et qui se dépouillèrent de tout pour courir sur ses traces avec plus d’agilité. Oh ! comme les privations, les humiliations de leur pauvreté passée leur paraissent peu de chose maintenant qu’ils sont payés avec tant d’usure par le bien souverain dont ils jouissent et qui est devenu leur éternelle propriété.


Il en est de même de ces parents, de ces amis que nous avons vus si souvent dans la douleur et dans les larmes ; de ces pauvres que nous avons peut-être secourus, de ces infirmes que nous avons visités, consolés, encouragés dans leurs souffrances. Tous aujourd’hui se réjouissent de leurs maux passés, tous bénissent avec amour la main divine qui s’appesantissait autrefois sur eux ; alors ils la trouvaient bien lourde, aujourd’hui ils reconnaissent que c’était dans sa miséricorde qu’elle les frappait, et tous s’écrient dans leurs transports de joie et de reconnaissance : Heureuses croix ! heureuses larmes, qui nous ont valu une telle récompense ! Soyez béni, Seigneur, pour toutes les afflictions, pour toutes les épreuves que vous nous avez envoyées ; soyez béni surtout pour ne nous avoir pas exaucés, alors que, pauvres aveugles, nous vous demandions avec larmes d’en être délivrés. Bénis soient éternellement votre sagesse, votre miséricorde et votre amour, qui nous ont fait arriver par la voie de la croix au séjour du bonheur éternel.

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