Samedi Saint

Prophétie du Samedi Saint

PREMIÈRE PROPHÉTIE. Genèse. Chap. I.

Cette première lecture retrace le récit de la création, l’Esprit de Dieu porté sur les eaux, la lumière séparée des ténèbres, l’homme crée à l’image de Dieu. L’œuvre de Dieu avait été troublée et déformée par la malice de Satan. Le moment est venu où elle va revivre dans toute sa beauté. L’Esprit-Saint se prépare à opérer la régénération par les eaux, le Christ-Lumière va sortir des ombres du tombeau, et la ressemblance de Dieu reparaître en l’homme purifié par le sang de son Rédempteur, nouvel Adam descendu du ciel, pour rétablir dans ses droits l’ancien qui avait été formé de la terre.

Après la lecture, l’Évêque dit : « Prions ». Le Diacre s’adressant à l’assemblée : « Fléchissons les genoux. » Puis le Sous-Diacre : « Levez-vous. »

L’Évêque dit alors cette Oraison : « O Dieu, qui avez créé l’homme d’une manière admirable, et l’avez racheté d’une façon plus admirable encore ; donnez-nous, s’il vous plaît, de résister par la vigilance de l’esprit aux attraits du péché, afin que nous méritions d’arriver aux joies éternelles. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

DEUXIÈME PROPHÉTIE. Genèse. Chap. V.

Le récit du déluge fait l’objet de la deuxième lecture. Nous y voyons Dieu faisant servir à sa justice les eaux qui, par Jésus-Christ, vont devenir l’instrument de sa miséricorde ; l’arche, figure de l’Église, asile de salut pour ceux qui ne veulent pas périr sous les flots vengeurs ; le genre humain se régénérant par une seule famille qui représentait les disciples du Christ, d’abord faibles en nombre, et bientôt répandus par toute la terre.

« O Dieu, puissance invariable et lumière éternelle, jetez un regard favorable sur les merveilles de votre Église, et daignez opérer le salut du genre humain par l’effet de votre éternelle résolution ; en sorte que le monde entier éprouve et voie que ce qui était abattu est relevé, que ce qui était envieilli est renouvelé, et que tout est rétabli dans son intégrité première par celui qui est le commencement de tout : notre Seigneur Jésus-Christ votre Fils. Amen. »

TROISIÈME PROPHÉTIE. Genèse. Chap. XXII.

La foi ferme et courageuse d’Abraham, Père des croyants, est offerte ici pour modèle à nos catéchumènes. Ils y reçoivent une leçon sur la dépendance dans laquelle l’homme doit vivre à l’égard de Dieu, et sur la fidélité qu’il doit lui garder. L’obéissance d’Isaac retrace celle dont le Fils de Dieu vient de nous donner le gage dans le sacrifice du Calvaire. Le bois porté sur les épaules du fils d’Abraham jusque sur la montagne, rappelle le souvenir de la croix.

« O Dieu, souverain Père des fidèles, qui, répandant par toute fa terre la grâce de l’adoption, y multipliez les enfants de la promesse ; et qui, par le sacrement conféré dans la Pâque, rendez père des nations, selon votre serment, Abraham votre serviteur : accordez à vos peuples d’entrer dignement dans la grâce de votre appel. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

QUATRIÈME PROPHÉTIE. Exode. Chap. XIV.

C’est ici le grand symbole du Baptême. Le peuple de Dieu, échappé au dur esclavage de Pharaon, trouve son salut dans les eaux, tandis que l’Égyptien y est englouti. Les catéchumènes, après avoir traverse la fontaine baptismale, vont en sortir affranchis de la servitude de Satan, laissant leurs péchés submergés pour jamais dans les eaux qui sont devenues leur salut.

Après cette lecture, la sainte Église entonne le Cantique de Moïse, qui fut chanté sur les bords de la mer Rouge, par sa sœur Marie, assistée du chœur des jeunes filles d’Israël, à la vue des cadavres flottants des Égyptiens.

« O Dieu, qui nous faites revoir de nos jours vos antiques merveilles, en opérant pour le salut de toutes les nations, par l’eau de la régénération, ce que vous opérâtes autrefois par la puissance de votre bras, en délivrant un seul peuple de la persécution des Égyptiens ; faites que le monde tout entier parvienne à la dignité des enfants d’Abraham et aux honneurs du peuple d’Israël. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

CINQUIÈME PROPHÉTIE. Isaïe. Chap. LIV.

Le plus sublime des Prophètes, Isaïe, invite nos catéchumènes à s’approcher des eaux, pour y étancher leur soif ; il les engage à venir apaiser leur faim par le mets le plus délicieux ; il vante l’héritage que le Seigneur leur a préparé, et rassure leur pauvreté, en promettant que le Dieu souverainement riche les comblera gratuitement de tous ses biens.

« Dieu tout-puissant et éternel, multipliez, pour la gloire de votre nom, cette postérité que vous avez promise à la loi de nos pères ; et par une adoption sainte, augmentez le nombre des enfants de la promesse ; afin que votre Église connaisse que vous avez déjà accompli au milieu d’elle, en grande partie, ce que les premiers saints ont connu devoir arriver. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

SIXIÈME PROPHÉTIE. Baruch. Chap. III.

Dans ce beau passage du prophète Baruch, Dieu rappelle à nos élus du saint Baptême leurs égarements passés qui les rendaient indignes du pardon ; mais, dans sa miséricorde toute gratuite, il a daigné répandre sur eux sa divine Sagesse, et ils sont venus à lui. Le Seigneur leur parle ensuite de tous ces hommes de la gentilité, riches, puissants et industrieux, qui ont laissé leur nom dans les annales de la terre. Ils ont péri, et leur sagesse mondaine avec eux. Le peuple nouveau que le Seigneur se forme aujourd’hui ne s’égarera pas ainsi. Il aura la vraie Sagesse en partage. Dieu avait autrefois parlé mystérieusement à Jacob ; mais cette parole ne parvint pas à tous les hommes : aujourd’hui il est venu en personne sur la terre ; il a habité avec nous ; voilà pourquoi le peuple qu’il se crée aujourd’hui lui demeurera fidèle.

« O Dieu, qui multipliez sans cesse votre Église par la vocation des Gentils, daignez accorder votre continuelle assistance à ceux que vous allez purifier dans l’eau du baptême. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

SEPTIÈME PROPHÈTE. Ézéchiel. Chap. XXXVII.

Cette lecture a pour objet de proclamer devant les catéchumènes le grand dogme de la résurrection des corps, pour lequel l’esprit superbe et sensuel de la gentilité avait tant de répugnance. C’est le moment de rappeler la promesse que Dieu a daigné nous faire à ce sujet, quand l’heure est proche où le Christ, sortant du tombeau, va nous en montrer en sa personne le gage et l’accomplissement. Nos catéchumènes sont aussi figurés par ces ossements arides que le souffle du Seigneur va faire revivre tout à l’heure ; et qui, par toute la terre, vont lui former, cette nuit même, un grand peuple.

« O Dieu, qui par les pages des deux Testaments, nous mettez en état de célébrer dignement le Mystère Pascal, donnez-nous de comprendre les desseins de votre miséricorde ; afin que les grâces que nous recevons en cette vie nous soient un motif d’espérer fermement les biens futurs. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

HUITIÈME PROPHÉTIE. Isaïe. Chap. IV.

Les sept femmes délivrées de l’opprobre et purifiées de leurs souillures, représentent ici les âmes des catéchumènes sur lesquelles la miséricorde du Seigneur va descendre. Elles désirent porter le nom de leur libérateur ; ce désir sera exaucé. Tous ceux qui remonteront de la fontaine sacrée s’appelleront Chrétiens, nom formé de celui du Christ. Elles se reposeront désormais sur la montagne sainte, à l’abri des orages. Ce séjour de lumière et de rafraîchissement que leur promet le prophète est l’Église, où elles habiteront avec l’Époux céleste.

Après cette lecture, on chante un Trait emprunté aussi à Isaïe, dans lequel le Prophète célèbre les faveurs que le Christ a prodiguées à son Église, qui est sa Vigne chérie, l’objet de son amour et de tous ses soins.

« O Dieu, qui avez déclaré par la bouche de vos saints Prophètes que, dans les enfants de votre Église, c’est vous qui semez la bonne semence et qui cultivez le plant choisi, en tous lieux de votre empire ; accordez à vos peuples qui sont désignés dans vos Écritures sous le nom de Vignes et de Moissons, d’arracher par votre secours les ronces et les épines, afin de produire des fruits en abondance. Par Jésus-Christ notre Seigneur, Amen. »

NEUVIÈME PROPHÉTIE. Exode. Chap. XII.

C’est par le sang de l’Agneau figuratif que le peuple d’Israël a été protégé contre le glaive de l’Ange exterminateur, qu’il a pu sortir de l’Égypte et se mettre en marche vers la terre promise ; c’est par le sang de l’Agneau véritable dont ils seront marqués, que nos catéchumènes vont être délivrés des terreurs de la mort éternelle et de la servitude de Satan. Bientôt ils prendront part au festin où l’on mange la chair de cet Agneau divin ; car nous touchons ù la Pâque du Seigneur, et ils doivent la célébrer avec nous.

« Dieu tout-puissant et éternel, qui vous montrez admirable dans la disposition de toutes vos œuvres : faites comprendre à ceux que vous avez rachetés, que la création du monde qui a eu lieu au commencement n’est pas une plus grande merveille que l’immolation du Christ, notre Pâque, qui a signalé la dernière partie des temps. Lui qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen. »

DIXIÈME PROPHÉTIE. Jonas. Chap. III.

Ninive est la gentilité couverte de crimes et aveuglée par toutes les erreurs. Dieu a eu pitié d’elle et lui a envoyé les Apôtres au nom de son Fils. A leur voix, elle a abjuré son idolâtrie et ses vices, elle a fait pénitence ; et le Seigneur s’est mis à choisir ses élus dans le sein même de cette cité abandonnée. Nos catéchumènes étaient enfants de Ninive ; et bientôt ils vont être comptés au nombre des enfants de Jérusalem. La grâce du Seigneur et les œuvres de leur pénitence ont prépare cette merveilleuse adoption.

« O Dieu, qui avez réuni tant de nations diverses dans la confession de votre nom, donnez-nous la volonté et le pouvoir de faire ce que vous commandez ; afin que, au sein de votre peuple qui est appelé à la gloire éternelle, tous soient unis par une même foi et par la même sainteté dans les œuvres. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

ONZIÈME PROPHÉTIE. Deutéronome. Chap. XXXI.

La sainte Église, par la lecture de ce passage de Moïse, avertit les catéchumènes de la grandeur des obligations qu’ils sont près de contracter avec Dieu. La grâce de régénération va leur être conférée sur la promesse solennelle qu’ils feront de renoncer à Satan, l’ennemi de Dieu. Qu’ils se montrent fidèles à cette promesse, et qu’ils n’oublient jamais que Dieu est le vengeur de la foi violée.

Après cette lecture, on entonne les premières strophes du sublime Cantique que Moïse récita en présence d’Israël, avant de quitter la terre ; et dans lequel il exprime avec tant de vigueur les châtiments que Dieu exerce sur ceux qui ont osé rompre l’alliance qu’il avait daigné contracter avec eux.

« O Dieu qui êtes la grandeur des humbles et la force des justes ; vous qui, par Moïse votre saint serviteur, avez voulu instruire votre peuple dans ce sacré Cantique, qui est tout à la fois une répétition de votre loi et une instruction pour nous : faites éclater votre puissance sur toutes les nations que vous avez sanctifiées par vos mystères ; apaisez les craintes, répandez la joie : afin que les péchés étant effacés par votre miséricorde, la menace de vos vengeances se transforme en une assurance de salut. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

DOUZIÈME PROPHÉTIE. Daniel. Chap. III.

Une dernière instruction est offerte à nos catéchumènes, avant qu’ils descendent à la fontaine du salut. Il faut qu’ils sachent à quoi ils s’engagent en donnant leurs noms à la milice du Christ. Peut-être un jour seront-ils appelés à confesser leur Dieu devant les puissances de la terre. Sont-ils résolus à souffrir les tourments, à mourir plutôt que de trahir sa cause ? N’y a-t-il pas eu, plus d’une fois, des apostats dans les rangs de ceux dont le baptême avait le plus réjoui l’Église ? Il leur est donc nécessaire de connaître les épreuves qui peuvent les attendre. La sainte Église va relire en leur présence l’histoire des trois jeunes Juifs qui, plutôt que d’adorer la statue du roi de Babylone, préférèrent se laisser jeter dans une fournaise ardente. Depuis la publication de la loi chrétienne, des millions de martyrs ont imité leur exemple. A chaque pas, dans les Catacombes romaines, des peintures retracent l’image de ces trois héros du vrai Dieu. La paix a été rendue à l’Église ; mais le monde est toujours l’ennemi de Jésus-Christ, et qui sait si Julien l’Apostat ne doit pas succéder à Constantin ?

Après cette dernière lecture, l’Évêque prononce l’Oraison, à l’ordinaire ; mais le Diacre n’avertit point l’assemblée de se mettre à genoux. L’Église omet la génuflexion à cet endroit, pour apprendre aux catéchumènes combien ils doivent détester l’idolâtrie des Babyloniens, qui fléchirent le genou devant la statue de Nabuchodonosor.

« Dieu tout-puissant et éternel, unique espérance du monde.qui par la voix de vos Prophètes avez annoncé les mystères qui s’accomplissent en notre temps ; daignez accroître encore l’ardeur des vœux de votre peuple : parce que nul de vos fidèles ne peut faire de progrès dans les vertus, si vous ne l’inspirez vous-même. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

LA MESSE.

La Litanie solennelle tire à sa fin ; et déjà le chœur des chantres est arrivé au cri d’invocation qui la termine : Kyrie eleison ! Le Pontife s’avance du Secretarium vers l’autel, avec la majesté des plus grands jours. A sa vue, les chantres prolongent la mélodie sur les paroles de supplication, et les répètent trois fois, trois fois ils y ajoutent la prière au Fils de Dieu : Christe eleison ! Et enfin trois fois l’invocation à l’Esprit-Saint : Kyrie eleison ! Pendant qu’ils exécutent ces chants, l’Évêque a présenté à Dieu, au pied de l’autel, ses premiers hommages et offert l’encens au Très-Haut ; en sorte que l’Antienne ordinaire, qui porte le nom d’Introït, n’a point été nécessaire pour accompagner la marche sacrée du Secretarium à l’autel.

La Basilique commence à s’illuminer des premières lueurs de l’aurore ; et l’étoile du matin qui, selon les paroles du Diacre, est venue mêler sa clarté à la flamme du Cierge pascal, pâlit déjà devant l’astre du jour, figure du divin Soleil de justice. L’assemblée des fidèles, partagée en diverses sections, les hommes sous la galerie à droite, les femmes sous la galerie à gauche, a reçu dans ses rangs les nouvelles recrues. Près des portes, la place des catéchumènes est vide ; et sous les nefs latérales, aux places d’honneur, on distingue les néophytes à leur robe blanche, à leur bandeau, au cierge allumé qu’ils tiennent dans leurs mains.

L’encensement de l’autel est terminé. Tout à coup, ô triomphe du Fils de Dieu ressuscité ! La voix du Pontife entonne avec transport l’Hymne Angélique : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ; et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté ! » A ces accents, les cloches, muettes depuis trois jours, retentissent en volée dans le Campanile aérien de la Basilique ; et l’enthousiasme de notre sainte foi fait palpiter tous les cœurs. Le peuple saint continue avec ardeur le Cantique céleste ; et lorsqu’il est achevé, l’Évêque résume dans l’Oraison suivante les vœux de toute l’Église en faveur de ses nouveaux enfants : « Dieu, qui illuminez cette nuit sacrée des splendeurs de la Résurrection du Seigneur, conservez dans ces nouveaux enfants de votre famille l’Esprit d’adoption que vous leur avez donné ; afin que, renouvelés de corps et d’esprit, ils vous servent dans la pureté. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

Après la Collecte, le Sous-Diacre monte à l’ambon de l’Épître, et lit les imposantes paroles que le grand Apôtre adresse aux néophytes en ce moment même où ils viennent de ressusciter avec Jésus-Christ.

Cette lecture si brève, mais dont tous les mots sont si profonds, étant achevée, le Sous-Diacre descend de l’ambon, et vient s’arrêter devant le trône de l’Évêque. Après avoir salué la majesté du Pontife par une profonde inclination, il prononce d’une voix éclatante ces paroles qui retentissent dans toute la Basilique, et vont réveiller de nouveau l’allégresse dans toutes les âmes : « Vénérable Père, je vous annonce une grande joie : c’est l’Alléluia ! » L’Evêque se lève, et plein d’un feu divin, il chante Alléluia ! sur un mode joyeux. Le chœur répète après lui Alléluia ! et deux fois encore l’échange de ce cri céleste a lieu entre le chœur et le Pontife, A ce moment, toutes les tristesses passées s’évanouissent ; on sent que les expiations de la sainte Quarantaine ont été agréées par la majesté divine, et que le Père des siècles, par les mérites de son Fils ressuscité, pardonne à la terre, puisqu’il lui rend le droit de faire entendre le cantique de l’éternité. Le chœur ajoute ce verset du Roi-Prophète, qui célèbre la miséricorde de Jéhovah : « Célébrez le Seigneur, parce qu’il est bon ; parce que sa miséricorde est à jamais. »

Il manque cependant quelque chose encore aux joies de cette journée. Jésus est sorti du tombeau ; mais à l’heure où nous sommes, il ne s’est pas encore manifesté à tous. Sa sainte Mère, Madeleine et les autres saintes femmes, sont seules à l’avoir vu ; ce soir seulement, il se montrera à ses Apôtres. Nous sommes donc encore à l’aurore de la Résurrection ; c’est pourquoi l’Église exprime une dernière fois la louange du Seigneur, sous la forme quadragésimale du Trait.

Pendant que le chœur chante ce cantique de David sur un mode qui retient encore quelque accent de tristesse, le Diacre se dirige vers l’ambon, d’où il doit faire entendre les paroles du saint Évangile. Les Acolytes ne l’accompagnent pas avec leurs flambeaux ; mais le thuriféraire le précède avec l’encens. C’est encore ici une allusion aux événements de cette grande matinée. Les femmes soin venues au tombeau avec des parfums ; mais la foi de la résurrection ne brillait pas dans leurs âmes. L’encens figure leurs parfums ; l’absence des flambeaux signifie que cette foi n’était pas encore en elles.

Après la lecture de l’Évangile, le Pontife n’entonne point le majestueux Symbole de la foi. La sainte Église le réserve pour la Messe solennelle qui réunira de nouveau le peuple fidèle. Elle suit heure par heure les phases du divin mystère, et veut rappeler en ce moment l’intervalle qui s’écoula avant que les Apôtres, qui devaient annoncer partout la foi de la résurrection, lui eussent eux-mêmes rendu hommage.

Après avoir donne le salut au peuple, le Pontife se prépare à offrir à la majesté divine le pain et le vin qui vont servir au Sacrifice ; et par une dérogation à l’usage observé dans toutes les Messes, le chœur des chantres n’exécute pas la solennelle Antienne connue sous le nom d’Offertoire. Chaque jour, cette Antienne accompagne la marche des fidèles vers l’autel, lorsqu’ils vont présenter le pain et le vin qui doivent leur être rendus, dans la communion, transformés au corps et au sang de Jésus-Christ. Mais la fonction s’est déjà beaucoup prolongée ; si l’ardeur des âmes est toujours la même, la fatigue des corps se fait sentir, et les petits enfants que l’on tient à jeun pour la communion annoncent déjà par leurs cris la souffrance qu’ils éprouvent. Le pain et le vin, matière du divin Sacrifice, seront aujourd’hui fournis par l’Église ; et les néophytes n’en viendront pas moins s’asseoir à la table du Seigneur, bien qu’ils n’aient pas présenté eux-mêmes le pain et le vin à la barrière sacrée. Après avoir fait l’offrande, et encensé le pain et le vin préparés, puis l’autel lui-même, le Pontife résume les vœux de l’assistance dans la Secrète, qui est suivie de la Préface pascale.

Le Canon s’ouvre, et le mystère divin s’opère. Rien n’est changé dans l’ordre des cérémonies sacrées, jusqu’au moment qui précède la Communion. C’est un usage qui remonte aux temps apostoliques, que les fidèles, avant de participer au corps et au sang du Seigneur, se donnent mutuellement le baiser fraternel, en prononçant ces paroles : « La paix soit avec vous ! » A cette première Messe pascale, on omet cette touchante coutume. Ce n’est qu’au soir du jour de sa résurrection que Jésus adressa ces mêmes paroles à ses disciples rassemblés. La sainte Église, pleine de respect pour les moindres circonstances de la vie de son céleste Époux, aime à les retracer dans sa conduite. C’est par le même motif qu’elle omet aujourd’hui le chant de l’Agnus Dei, qui, du reste, ne date que du VIIe siècle, et qui présente à sa troisième répétition ces paroles : « Donnez-nous la paix ».

Mais le moment est venu auquel les néophytes vont, pour la première fois, goûter le pain de vie et boire le breuvage céleste que le Christ a institues à la dernière Cène. Initiés par l’eau et l’Esprit-Saint, ils ont désormais le droit de s’asseoir au banquet sacré ; et la tunique blanche qui les couvre annonce assez que leur âme a revêtu la robe nuptiale exigée des convives au festin de l’Agneau. Ils s’approchent du saint autel avec joie et respect. Le Diacre leur donne le corps du Seigneur, et leur présente ensuite le calice du sang divin. Les petits enfants sont admis aussi ; et le Diacre, plongeant son doigt dans la coupe sacrée, fait tomber dans leur bouche innocente quelques gouttes de la divine liqueur. Enfin, pour montrer que, dans ces premières heures de leur baptême, tous sont « semblables à de tendres enfants qui viennent de naître, » comme parle le prince des Apôtres, on donne à tous, après la Communion sainte, un peu de lait et un peu de miel, symboles de l’enfance, et en même temps souvenir de la terre promise par le Seigneur à son peuple.

Enfin, tout étant accompli, l’Évêque achève les prières du Sacrifice, en demandant au Seigneur l’esprit de concorde entre tous les frères qu’une même Pâque a réunis dans la participation aux mêmes mystères. La même Église les a portés dans son sein maternel, la même fontaine les a enfantés à la vie ; ils sont les membres d’un même Chef divin ; le même Esprit les a marqués de son sceau, le même Père céleste les réunit dans son adoption. Le signal ayant été donné par le Diacre au nom du Pontife, l’assemblée se sépare, et les fidèles, sortant de l’Église, se retirent dans leurs maisons, en attendant que l’heure du Sacrifice solennel les rassemble de nouveau, pour célébrer avec plus de pompe encore la fête des fêtes, la Pâque de la Résurrection.

LES VÊPRES.

Dans les siècles où l’Église célébrait la grande Veille de Pâques, dont nous venons de donner la description, le Samedi saint n’avait pas l’Office de Vêpres. La Veille commençait vers l’heure de None, et se poursuivait, comme on l’a vu, jusqu’aux premières heures de la matinée du lendemain. Ce ne fut que plus tard, lorsque la coutume eut autorisé l’anticipation de la Messe de la nuit de Pâques à la matinée du Samedi saint, que l’on songea à disposer un Office des Vêpres pour ce dernier jour de la Semaine sainte.

La matinée étant entièrement remplie par les grands rites que nous avons exposés, l’Église résolut d’adopter pour cet Office une forme très brève, et empreinte en même temps du caractère joyeux qui convient après le retour de l’Alléluia. Ces Vêpres furent disposées de manière à faire corps avec la Messe. On les entonne après la Communion, et la Postcommunion sert pour conclure à la fois la Messe et les Vêpres. C’est cette même Oraison qui terminait autrefois la grande Veille pascale, et que nous avons rappelée tout à l’heure.

Le Célébrant encense l’autel à l’ordinaire pendant le Cantique évangélique ; et lorsque l’Antienne a été répétée, il chante à l’autel l’Oraison suivante : « Répandez sur nous, Seigneur, l’Esprit de votre charité ; afin que ceux qui ont été nourris par vous dans le mystère pascal conservent désormais entre eux, par votre secours, une pareille concorde. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. »

L’Oraison terminée, le Diacre, en donnant aux fidèles le signal de se retirer, ajoute à la formule ordinaire deux Alléluias ; et cette pratique s’observe à la fin de toutes les Messes, jusqu’à samedi prochain inclusivement.

La Messe se conclut par la bénédiction du Célébrant, et par la lecture accoutumée de l’Évangile de saint Jean.

Telle est la fonction de ce grand jour, qui n’a presque rien perdu sous le rapport des prières et des cérémonies, mais qui néanmoins, avec l’anticipation actuelle des heures et l’absence de la célébration du baptême, avait besoin d’être rapprochée, comme nous l’avons fait, des usages de l’antiquité, pour recouvrer toute sa grandeur et toute sa signification.

Dans le courant de l’après-midi, selon l’usage des lieux, le Curé visite toutes les maisons de sa paroisse, et les asperge avec l’eau baptismale qui a été tirée des Fonts, avant l’infusion de l’Huile sainte. Cette pieuse coutume, qui s’exerce peu dans nos contrées, rappelle le commandement que Dieu fit à son peuple, en la première Pâque, de sanctifier par le sang de l’Agneau leurs maisons pour le passage de l’Ange ; et elle attire sur nos demeures une protection particulière de Dieu.

Texte liturgiques : https://www.introibo.fr/Samedi-Saint

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