Texte spirituel de la semaine : De la mortification

Citation de la semaine :

Un frère se rendit auprès d’un ancien qui habitait au Mont Sinaï et lui demanda : « Père, dis moi comment il faut prier car j’ai beaucoup irrité Dieu. » Le Père lui répondit : « Mon enfant, moi, quand je prie, je parle ainsi : Seigneur, accorde-moi de te servir comme j’ai servi Satan et accorde-moi de t’aimer comme j’ai aimé le péché. »

Apophtegmes des Pères du désert
Texte spirituel de la semaine :

« Mais, me direz-vous, combien y a-t-il de sortes de mortifications ? – M. F., le voici, il y en a deux : l’une est intérieure, l’autre est extérieure, mais elles vont toujours ensemble.

Pour la mortification extérieure, elle consiste à mortifier notre corps avec tous ses sens :

1° Nous devons mortifier nos yeux : ne rien regarder par curiosité, ni différents objets qui pourraient nous porter à avoir quelques mauvaises pensées ; ne point lire de livres qui ne sont pas capables de nous porter à la vertu, qui, au contraire, ne peuvent que nous en détourner et éteindre le peu de foi que nous avons.

2° Nous devons mortifier nos oreilles : ne point écouter avec plaisir toutes ces chansons, ces discours qui peuvent nous flatter et qui n’aboutissent à rien : c’est toujours un temps bien mal employé et ravi aux soins que nous devons donner à notre âme ; ne jamais prendre plaisir à écouter les médisances et les calomnies. Oui, M. F., nous devons nous mortifier en tout cela et ne pas être du nombre de ces personnes curieuses qui veulent savoir tout ce que l’on a dit, ce que l’on a fait, d’où l’on vient, ce que l’on veut, ce que l’on nous a dit.

3° Nous disons que nous devons nous mortifier dans notre odorat : ne jamais prendre plaisir à sentir ce qui peut satisfaire notre goût. Nous lisons dans la vie de saint François de Borgia qu’il n’a jamais senti les fleurs, mais qu’au contraire il mettait souvent dans sa bouche des pilules et les mâchait afin de se punir du plaisir qu’il pouvait avoir pris en sentant quelque bonne odeur ou en mangeant des mets délicats.

4° En quatrième lieu, je dis que nous devons mortifier notre bouche : il ne faut pas manger par gourmandise, ni au-delà du nécessaire ; il ne faut donner au corps rien qui puisse exciter les passions ; ne jamais manger hors des repas sans une nécessité. Un bon chrétien ne fait jamais un repas sans se mortifier de quelque chose.

5° Un bon chrétien doit mortifier sa langue en ne parlant qu’autant qu’il est nécessaire pour remplir son devoir et pour la gloire de Dieu et le bien du prochain. Voyez Jésus-Christ : pour nous montrer combien le silence est une vertu qui lui est agréable et pour nous porter à l’imiter, il a gardé le silence pendant trente ans. Voyez la Sainte Vierge : l’Évangile nous montre qu’elle n’a parlé que quatre fois seulement, quand la gloire de Dieu et le salut du prochain le demandaient. Elle parla quand l’ange lui annonça qu’elle serait Mère de Dieu (Luc, I. 34, 38) ; elle parla lorsqu’elle alla visiter sa cousine Elisabeth, pour lui faire part de son bonheur (Luc, I, 46) ; elle parla à son Fils, quand elle le retrouva dans le temple (Luc, II, 48) ; elle parla quand elle fut aux noces de Cana, lorsqu’elle représenta à son Fils le besoin de ces gens (Joan, II, 3).

Nous voyons aussi que, dans toutes les communautés religieuses, un grand point de leurs règles est le silence : aussi, saint Angustin nous dit que celui qui ne pèche pas par la langue est parfait. Nous devons surtout mortifier notre langue lorsque le démon nous inspire de dire de mauvaises raisons, de mauvaises chansons, des médisances et des calomnies contre le prochain ; de même, ne pas dire des jurements, des paroles grossières.

6° Je dis que nous devons mortifier notre corps en ne lui donnant pas autant de repos qu’il en veut, c’est une vertu de tous les saints.

Mortification intérieure. En second lieu, nous avons dit que nous devons pratiquer la mortification intérieure. Et d’abord, mortifions notre imagination. Il ne faut pas la laisser aller d’un côté et d’autre, ni la laisser se remplir de choses inutiles, surtout ne pas la laisser promener sur des choses qui peuvent la conduire au mal, comme de penser à certaines personnes qui ont commis quelques mauvais péchés contre la sainte vertu de pureté, comme aussi de penser aux jeunes gens qui se marient : tout cela n’est autre chose qu’un piège que le démon nous tend pour nous conduire au mal. Autant qu’il se présente de ces pensées, il faut les renvoyer. Il ne faut pas non plus nous laisser occuper l’imagination, ce que je deviendrais, ce que je ferais, si j’étais…, si j’avais ceci, si on me donnait cela, si je pouvais gagner cela. foutes ces choses ne servent de rien qu’à nous faire perdre bien du temps où nous pourrions penser à Dieu et au salut de notre âme. Il faut, au contraire, occuper notre imagination à penser à nos péchés pour en gémir et nous en corriger ; souvent penser à l’enfer, afin de travailler à l’éviter ; souvent penser au ciel, afin de vivre de manière à le mériter ; souvent penser a la mort et passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour nous aider à supporter les maux de la vie en esprit de pénitence.

Nous devons aussi mortifier notre esprit : ne jamais vouloir examiner si notre religion n’est pas bonne, ni vouloir chercher à comprendre les mystères, mais seulement raisonner de la manière la plus sûr dont nous devons nous conduire pour plaire à Dieu et sauver notre âme.

Ensuite, nous devons mortifier notre volonté, en cédant, toujours à la volonté des autres quand notre conscience n’y est pas compromise. Et le faire sans montrer que cela nous fait de la peine ; au contraire, être contents de trouver une occasion de nous mortifier afin de pouvoir expier les péchés de notre volonté. Voilà, M. F., en général, les petites mortifications que nous pouvons pratiquer à chaque instant, comme encore de supporter les défauts et les mauvaises coutumes de ceux avec qui nous vivons. Il est certain, M. F., que les personnes qui ne cherchent qu’à se contenter dans le boire et le manger et dans les plaisirs que leur corps, leur esprit peuvent désirer, ne plairont jamais à Dieu, puisque notre vie doit être une imitation de Jésus-Christ. Je vous demande quelle ressemblance on pourra trouver entre la vie d’un ivrogne et celle de Jésus-Christ, qui a passé sa vie dans le jeûne et les larmes ; entre celle d’un impudique et la pureté de Jésus-Christ ; entre un vindicatif et la charité de Jésus Christ ; et ainsi du reste. Hélas ! M. F., qu’allons-nous devenir lorsque Jésus-Christ va confronter notre vie avec la sienne ? Faisons au moins quelque chose qui puisse être capable de lui plaire.

Nous avons dit, en commençant, que la pénitence, les larmes et la douleur de nos péchés nous consolent, grandement à l’heure de la mort, ce qui n’est pas douteux. Quel bonheur pour un chrétien dans ce dernier moment, où l’on fait si bien son examen de conscience, de se rappeler d’avoir non seulement bien observé les commandements de Dieu et de l’Église, mais d’avoir passé sa vie dans les larmes et la pénitence, dans la douleur de ses péchés et dans une mortification continuelle de tout ce qui pouvait contenter ses plaisirs. Si nous avons quelque crainte, ne pourrons-nous pas dire comme saint Hilarion : « Que crains-tu, mon âme ? il y a tant d’années que tu travailles à faire la volonté de Dieu et non la tienne ! aie confiance, le Seigneur aura pitié de toi (Vie des Pères du désert, t. V, p. 208) ».

Pour mieux vous le faire comprendre, je vous en citerai un bel exemple : Saint-Jean Climaque nous dit, (L’Échelle sainte.) qu’il y avait un jeune homme qui avait conçu un grand désir de passer sa vie à faire pénitence et de se préparer à la mort ; il ne mit point de bornes à ses pénitences. Quand la mort arriva, il fit appeler son supérieur, en lui disant : « Ah ! mon père, quel bonheur pour moi ! Oh ! que je suis heureux d’avoir vécu dans les larmes, dans la douleur de mes péchés et dans la pénitence. Le bon Dieu qui est si bon m’a promis le ciel. Adieu, mon père, je vais me réunir à mon Dieu dont j’ai tâché d’imiter la vie autant qu’il m’a été possible ; adieu, mon père, je vous remercie de m’avoir encouragé à marcher dans cette heureuse route. »

M. F., quel bonheur pour nous dans ce moment d’avoir vécu pour le bon Dieu ; d’avoir fui et craint le péché, de nous être privés non seulement, des plaisirs mauvais et défendus, mais encore de plaisirs permis et innocents ; d’avoir fréquenté souvent, et dignement les sacrements où nous aurons tant trouvé de grâces et de forces pour combattre le démon, le monde et nos penchants. Mais, dites-moi, M. F., que peut-on espérer, dans ce moment épouvantable où le pécheur voit devant ses yeux une vie qui n’est qu’une chaîne de crimes ? Que peut-on espérer pour un pécheur qui a vécu à peu près comme s’il n’avait point d’âme à sauver et comme s’il croyait que quand il est mort tout est fini ; qui n’a presque jamais fréquenté les sacrements et qui, toutes les fois qu’il les a fréquentés, n’a fait que les profaner par de mauvaises dispositions ; un pécheur qui, non content d’avoir raillé et méprisé sa religion et ceux qui avaient le bonheur de la pratiquer, a fait encore tous ses efforts pour entraîner les autres à marcher dans sa route d’infamie et de libertinage ? Hélas ! quelle frayeur et quel désespoir pour ce pauvre malheureux de reconnaître alors qu’il n’a vécu que pour faire souffrir Jésus-Christ, perdre sa pauvre âme et tomber en enfer ! Mon Dieu, quel malheur ! d’autant plus qu’il savait très bien qu’il pouvait obtenir le pardon de ses péchés s’il avait voulu. Mon Dieu, quel désespoir pour l’éternité ! »

– Saint Jean-Marie Vianney, Curé d’Ars, sermon sur la pénitence

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