Texte spirituel de la semaine : De la Pénitence

Citation de la semaine :

On disait que, toute sa vie assis à son travail manuel, Abba Arsène avait un linge sur lui à cause des larmes qui coulaient de ses yeux. L’Abba Poemen, ayant appris qu’il s’était endormi, dit en pleurant : « Bienheureux es-tu, Abba Arsène, d’avoir pleuré sur toi-même en ce monde ! Car celui qui ne pleure pas sur lui-même ici-bas pleurera là-bas éternellement ; ainsi, soit ici-bas de plein gré soit là-bas dans les tourments, il est impossible de ne pas pleurer. »

Apophtegmes des Pères du Désert
Texte spirituel de la semaine :

« Les prières sont des armes puissantes, quand on les fait avec le cœur et l’intention requise. Et pour vous en faire comprendre le pouvoir, jugez-en par ce fait : que l’impudence et l’injustice, la cruauté et l’audace déplacée cèdent pourtant à des prières assidues : témoin l’aveu du juge inique de l’Évangile (Luc, VIII, 6). La prière triomphe aussi de la paresse ; et ce que l’amitié n’obtient pas, une demande assidue et importune l’arrache ; s’il ne lui accorde pas la chose à titre « d’ami », dit Notre-Seigneur, « il se lèvera cependant pour la lui donner, afin de se défaire de ce solliciteur effronté » (Luc, XI, 8) ; l’assiduité lui fera mériter une grâce dont il n’était pas digne d’ailleurs. « Il n’est pas bien », disait Notre-Seigneur, « de prendre le pain des enfants et de le donner aux chiens. — Sans doute, Seigneur », répondait la chananéenne, « mais les petits chiens pourtant mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » (Matth. XV, 26, 27).

Appliquons-nous donc à la prière. Elle nous fournit, je l’ai dit déjà, des armes puissantes, mais à la condition qu’elle se fasse attentivement et assidûment, sans vaine gloire, avec un cœur pur et une parfaite sincérité. La prière triomphe des guerres mêmes, elle comble de grâces toute une nation bien qu’indigne. « J’ai entendu leur gémissement », dit le Seigneur, « et je suis descendu pour les délivrer » ( Exod. III, 8). La prière est un médicament de salut, un antidote contre le péché, un remède aux fautes commises. Cette veuve laissée seule au monde, Anne la prophétesse, n’avait pas d’autre occupation que de prier. Nous gagnerons tout, en effet, si nous prions avec humilité, frappant notre poitrine comme le Publicain, empruntant même ses paroles et disant avec lui : « Ayez pitié de moi qui ne suis qu’un pécheur » (Luc, XVIII, 13).
Car bien que nous ne soyons pas des publicains, nous avons d’autres péchés non moindres que les leurs. Ne me dites pas que vous avez péché seulement en matière légère : toute matière défendue offre la nature du péché. On appelle homicide tout aussi vraiment l’assassin de petits enfants, que le meurtrier d’un homme fait ; on est cupide quand on vole le prochain pour s’enrichir, que les fraudes soient petites, ou qu’elles soient considérables ; le ressentiment d’une injure reçue n’est pas une simple faute, mais un grand péché. « Car ceux qui se souviennent avec rancune d’une injure reçue, prennent une route qui conduit à la mort » (Ps. XII, 28) ; « et celui qui sans raison se fâche contre son frère, s’expose au feu de l’enfer » (Matth. V, 22), ainsi que celui qui traite son frère de fou et d’insensé ; ainsi enfin qu’une foule d’autres pécheurs. Nous allons même jusqu’à participer indignement à des sacrements merveilleux et redoutables, sans cesser de nous permettre l’envie, la cruelle détraction. Quelques-uns d’entre nous s’enivrent même souvent. Or une seule de ces fautes suffit à nous chasser du céleste royaume ; et quand elles s’entassent les unes sur les autres, quelle défense peut nous rester encore ?

Oui, mes frères, nous avons besoin, et à un bien haut degré, de pénitence, de prière, de patience, d’attention persévérante, pour gagner enfin les biens qui nous sont promis. Que chacun de nous s’écrie donc : « Seigneur, ayez pitié de moi qui suis un pécheur ! » Et non-seulement disons-le, mais ayons de notre triste état une vraie et profonde conviction, et si un autre nous accuse d’être, en effet, des pécheurs, ne nous irritons point. Ce pénitent, lui aussi, s’entendit accuser par le pharisien qui disait : « Je ne suis pas comme ce publicain » ; et il ne s’en est ni fâché, ni même piqué. L’autre lui montrait ironiquement sa blessure ; lui, il en cherchait le remède. Disons donc, nous aussi : Ayez pitié de moi qui suis un pécheur ! et si un autre nous le dit, n’en soyons pas indignés.
Que si nous savons nous accuser comme coupables de fautes sans nombre, mais que nous répondions par la colère aux accusations du prochain, évidemment nous n’avons ni humilité, ni confession, mais au contraire, ostentation et vaine gloire. — Comment, direz-vous ! Est-ce donc ostentation que de s’appeler pécheur ? — Oui, c’est ostentation, puisque nous cherchons jusque dans l’humilité, la gloire et l’estime publiques ; nous voulons qu’on nous admire, qu’on nous loue. Ici donc encore nous agissons pour la gloire. Qu’est-ce, en effet, que l’humilité ? Consiste-t-elle à supporter les outrages dont on nous accable, à reconnaître nos péchés, à accepter les malédictions ? Non ; là n’est pas encore l’humilité, mais seulement la candeur et la simple droiture de l’âme. Nous avouons de bouche notre condition de pécheur, notre indignité, et nos autres misères semblables ; mais qu’on nous fasse seulement un reproche pareil, nous perdons patience, la colère nous monte !
Voyez-vous que notre conduite n’est point une humble confession, pas même un acte de droiture et de franchise ? Puisque vous vous êtes déclaré tel, souffrez donc sans colère qu’un autre vous le dise et vous accuse ; vos fautes, en effet, deviennent ainsi moins lourdes à votre conscience, quand vous en acceptez le reproche de la bouche des autres ; ils prennent sur eux votre propre fardeau, et vous font entrer dans la vraie sagesse.

Écoutez ce que disait un saint, le roi David, quand Séméi le maudissait. « Laissez-le m’insulter. Le Seigneur le lui a commandé, afin de voir mon humilité ; le Seigneur me rendra le bien en retour des malédictions que cet homme me lance aujourd’hui » (II Rois, XVI, 10). Et vous qui dites de vous-même tout le mal imaginable, vous vous emportez parce que vous n’entendez pas des lèvres d’autrui un éloge et des louanges réservées à de grands saints ! Vous voyez bien que vous jouez indignement dans un sujet qui n’admet pas un tel jeu ! Car, c’est repousser la louange par soif d’autres louanges, pour gagner même de plus grands éloges, pour acquérir une plus large admiration. En repoussant ainsi certains compliments, on a en vue de s’en attirer de plus beaux ; nous faisons tout dès lors pour la vanité et non pour la vérité ; dès lors aussi toutes nos œuvres sont vides et douteuses. Je vous en supplie donc, fuyez désormais, du moins, cette vaine gloire, et vivons selon la volonté de Dieu , pour acquérir un jour les biens promis en Jésus-Christ Notre-Seigneur. »

— Saint Jean Chrysostome, XVIIe homélie du commentaire de l’Épître aux Hébreux

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