Un juif converti par la prière à l’Immaculée

Tobie-Alphonse Ratisbonne ! L’homme le moins disposé à se convertir : juif, athée, frivole, railleur. Mais la grâce n’est-elle pas plus forte que tout péché et que toute résistance, surtout quand cette grâce est demandée par la puissante prière de l’Immaculée de Dieu ?
Il naît à Strasbourg, le 1er mai 1814, d’une famille de banquiers alliée aux plus riches financiers israélites. Son éducation familiale se fait en dehors de tout principe religieux, comme sa formation intellectuelle. On est alors en pleine vague d’anticléricalisme. Étudiant à Paris, puis associé à son oncle à Strasbourg, Alphonse songe surtout à s’amuser. Par ailleurs, tendre et généreux, point du tout attaché à l’argent.
Son frère s’étant converti au catholicisme en 1827 (il deviendra prêtre), il le prend en aversion et coupe pratiquement toute relation avec lui.
En 1841 – il a alors 27 ans – Alphonse se fiance à une nièce de 16 ans, dont la grâce et la douceur purifient et élèvent quelque peu ses sentiments. En attendant le mariage fixé à l’année suivante; il entreprend un voyage d’agrément, dont la première étape le conduit à Naples, où il arrive le 9 décembre 1841, non sans avoir en cours de route exprimé maints blasphèmes à l’égard de la Vierge Immaculée et des choses religieuses.
Sans nulle envie d’aller à Rome, il s’y trouve amené à là suite d’une série de hasards qu’il ne peut s’expliquer à lui-même. Il y arrive le 6 janvier 1842. Nouveau hasard : il y rencontre le surlendemain un ami d’enfance, Gustave de Bussières, qui l’invite chez son père, où il rencontre le frère de Gustave, Théodore, converti au catholicisme… et ami de Théodore Ratisbonne.
Alphonse met à profit son séjour romain pour visiter en dilettante musées, églises et antiques souvenirs. Au moment où il s’apprête à quitter Rome, le 15 janvier, un nouveau « hasard » le conduit, presque malgré lui, chez Théodore de Bussières. Au cours de l’entretien, où s’exhale avec ironie sa haine du catholicisme, M. de Bussières lui propose, à brûle-pourpoint, … la Médaille Miraculeuse. Surprise et protestation de Ratisbonne.
– Mais, dit M. de Bussières, d’après votre manière de voir, cela doit vous être parfaitement indifférent, et c’est me faire à moi un très grand plaisir.
– Oh ! qu’à cela ne tienne ! s’écrie Alphonse, en éclatant de rire…
Et il accepte qu’on lui passe la médaille au cou, non sans donner libre cours à ses plaisanteries blasphématoires.
Voulant aller jusqu’au bout, M. de Bussières ajoute :
– Mais maintenant, il faut compléter l’épreuve. Il s’agit de réciter matin et soir le « memorare » (le souvenez-vous).
Alphonse proteste contre ces « sottises »… mais s’exécute, acceptant même d’en copier le texte.
– Soit, je vous promets de réciter cette prière ; si elle ne me fait pas de bien, du moins ne me fera-t-elle pas de mal.
De nouveaux « hasards » lui feront retarder son départ… et rencontrer celui qu’il ne veut pas revoir : M. de Bussières. C’est ainsi que le 20 janvier il l’accompagne jusqu’à l’église Saint André delle Fratte pour y faire une commission. Tandis que M. de Bussière se rend à la sacristie pour traiter des préparatifs de funérailles, Batisbonne visite l’église. Revenant au bout de dix minutes, M. de Bussières le trouve… agenouillé devant la chapelle de St-Michel, baigné de larmes, étranger à ce qui se passe autour de lui.
Que s’est-il passé ? Revenu enfin à lui, Alphonse ne peut répondre aux questions, mais saisissant la Médaille qu’il avait sur lui, il baise avec effusion l’image de la Vierge. Ce n’est que dans la journée qu’il peut enfin s’expliquer. Tirant à nouveau la Médaille, il la baise, la montre en s’écriant:
– Je l’ai vue ! Je l’ai vue !
Puis, tout ému il raconte :
AJOUTEZ VOTRE COURRIEL POUR RECEVOIR NOS ACTUALITÉS