« Jean XXIII, le Pape du Concile » – Par M. l’Abbé Francesco Ricossa

« Jean XXIII, le Pape du Concile » : c’est le titre d’une récente biographie d’Angelo Giuseppe Roncalli écrite par Peter Hebblethwaite et éditée en Italie par Rusconi en 1989.


L’auteur est jeune (né en 1930) et défini comme « catholique et de formation jésuite ». On omet de dire par une discrétion compréhensible, qu’il est non seulement de formation jésuite, mais qu’il était membre de cet ordre, jusqu’à ce qu’il l’abandonnât, avec le sacerdoce, dans les années postconciliaires. Au fond, il est juste qu’un fruit typique de la « nouvelle Pentecôte de l’Église », un parmi les milliers de prêtres qui ont trouvé dans le Concile l’occasion ou la ruine de leur sacerdoce, écrive la biographie de celui qui voulut et commença Vatican II.


Toutefois, que le lecteur ne croie pas qu’il s’agisse d’un livre partisan. C’est au contraire une biographie, sinon officielle, du moins de caractère officieux. L’auteur, certes, a ses idées et ne les cache pas : il suffit de lire ce qu’il écrit sur St. Pie X (qu’il appellera toujours et seulement Pie X). Toutefois, l’on n’a pas affaire à un progressiste en rupture avec l’église conciliaire. Il souhaite la canonisation de Jean XXIII, préoccupation un peu désuète pour les progressistes d’avant-garde. Et surtout, derrière Hebblethwaite (ou à son côté) se trouve Mgr Loris Capovilla qui fut secrétaire de Roncalli à Venise et au Vatican et est actuellement « Evêque » et « Délégué Pontifical pour la Basilique de Lorette ».

L’auteur écrit : « Je n’aurais jamais pu écrire ce livre sans l’aide précieuse et attentive de Monseigneur Loris Capovilla qui s’est chargé de contrôler l’édition française de mon ouvrage et m’a envoyé une soixantaine de pages chargées de notes, corrections et additifs » (1). Capovilla travaille en tandem avec le petit neveu de Jean XXIII, Marco Roncalli, journaliste aux mensuels des éditions Paoline. Ils ont publié en collaboration deux livres sur Angelo Roncalli, dont Marco a assuré l’édition italienne.


Je présente, quant à moi, aux lecteurs de Sodalitium un résumé de la biographie de Jean XXIII, en soulignant les étapes les plus importantes à la lumière de la crise ecclésiale actuelle. Jusqu’alors, il n’a pas manqué d’études historico-critiques sur Montini et Wojtyla, mais il ne me semble pas que, parmi les catholiques fidèles à la tradition, il se soit dit grand-chose sur Roncalli. J’espère contribuer à combler cette lacune qui me paraît grave.


Le soit-disant Patriarche de Constantinople, Athénagoras, (affilié à la Maçonnerie, selon la revue Chiesa Viva) (1bis) compara Jean XXIII à Jean-Baptiste, le précurseur du Messie. Et de fait, il remplit le rôle de « pape de transition », non parce qu’il occupa pour un bref laps de temps la chaire de Pierre, mais parce qu’il prépara le passage des catholiques à une nouvelle religion teilhardienne dont le Messie devait être son ami intime Montini.


Il sera facile au lecteur de constater que les affirmations de Hebblethwaite sont vérifiables et peuvent être confirmées, d’ailleurs, par d’autres œuvres sur le même sujet.

Naissance et enfance

Hebblethwaite écrit : « Jean XXIII attachait beaucoup d’importance aux dates, aux anniversaires. Jean entre dans l’histoire du salut en 1881. La même année naissent quatre autres enfants, dont les vies croiseront la sienne : Pierre Teilhard de Chardin, jésuite, paléontologue, mystique ; Ernesto Buonaiuti, son compagnon de séminaire qui se verra exclure de l’Église comme « moderniste » ; Alcide de Gasperi qui passera la Deuxième Guerre Mondiale dans le bibliothèque du Vatican, avant de prendre la direction des démocrates-chrétiens ; et Augustin Bea, jésuite lui aussi, qui deviendra le président-fondateur du Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens. Angelo Giuseppe Roncalli est un tard venu en cette année féconde: il est né le 25 Novembre » (2).


Ce n’est certes pas la faute de Roncalli s’il est le contemporain de ces quatre personnages, mais H., nous le verrons, ne lie pas leurs destinées par hasard.


Il naît dans une famille catholique et paysanne et son éducation revient avant tout à l’oncle Zaverio, coopérateur salésien, qui « acclame Léon XIII comme le pape-roi » (H. p. 22), et il se forme sur les lectures ignatiennes du Père Du Pont (p. 19).


La spiritualité de Roncalli, toujours restée plutôt traditionnelle, est due, peut-être, à l’influence de la famille et du séminaire de Bergame. Ceci donnera à Roncalli un aspect extérieur inégalablement conservateur. Mais, comme on le verra, il s’agit d’un « conservateur en tout, sauf dans l’essentiel » (3).

Bonomelli et Guindani

La famille, de toute façon, ne formera pas pour longtemps le jeune Roncalli. En 1892, à onze ans, il entra au petit séminaire de Bergame, et il continua son séminaire à Bergame jusqu’en 1901, date à laquelle l’évêque du lieu, Mgr Guindani, pensa lui faire suivre et achever ses études ecclésiastiques à Rome.
C’est donc surtout à Bergame qu’il faut rechercher les premières influences qui marquèrent tellement le caractère de Roncalli qu’il en ressortit beaucoup de contrastes avec la famille (H. pp. 42 et 46).


L’évêque de Bergame était donc à cette époque Mgr Camillo Guindani, « un leader en fait d’action sociale » (H. p. 30). Guindani était «l’ancien élève et l’ami de l’évêque de Crémone, Jérémie Bonomelli, l’enfant terrible de l’épiscopat italien. Un de ses pamphlets, « l’Italie et la réalité des choses », fut mis à l’Index en 1889. C’est un plaidoyer pour la réconciliation entre la papauté et le nouvel État italien. Les conciliaristes estiment que le pape devrait sortir de sa nostalgie de l’ancien régime, accepter la perte des États pontificaux comme une libération pour l’Église, et permettre aux catholiques de retrouver leur place dans la vie politique italienne » (4).


Hebblethwaite nous informe aussi du fait que tout le clergé bergamasque n’est pas uni derrière son évêque Guindani » (ibidem).


Il n’y a pas à s’en étonner, si le maître de Guindani était Mgr Bonomelli (1831-1914) ! Evêque de Crémone de 1871 jusqu’à sa mort, Bonomelli abandonna l’intransigeance pour devenir « conciliariste » ; Poulat écrira de façon claire et nette : « libéral » (5) . Il est surtout célèbre pour sa position hostile au pouvoir temporel des Papes et favorable à la conciliation avec l’État libéral. Il diffusait à cet effet des écrits anonymes, dont un fut mis à l’index, comme il a été dit, en 1889. L’évêque s’accusa et se soumit solennellement. Mais il s’agissait d’une soumission purement extérieure :

« Je me suis soumis comme je le devais, mais la vérité est la vérité et se trouve au-dessus du Pape. Ah ! si l’on était jugé selon l’Évangile, et si à Rome on s’était réglé sur la base de ce livre (à l’index, n.d.a.), l’Église catholique ne serait pas réduite à l’état misérable dans lequel elle se trouve! L’exagération de la nécessité du pouvoir temporel (il eut pour un moment une ombre d’utilité) fut une erreur énorme et a conduit à la ruine du catholicisme en Italie ».


Poulat commente : « La volonté de conciliation de Bonomelli et de ses amis, leur refus de l’intransigeance dans ce champ d’action, vient de la conviction qu’un autre cours de l’histoire était possible » (6) . « Dans la première décennie des mille neuf cents, quand sous Pie X la lutte politico-antireligieuse revêtit en Italie des aspects dangereux, Bonomelli crut même devoir proposer la forme de séparation entre l’Église et l’État » (7) .


Durant la crise du modernisme, le prélat déclara : « Dans mon séminaire, il n’y a pas l’ombre de modernisme, mais il y a beaucoup de modernité » (8) . Faut-il croire Mgr Bonomelli quand il exclut toute trace de modernisme de son séminaire ? Un doute est plus que licite lorsqu’on sait que Bonomelli fut un ami intime de Fogazzaro, le romancier du modernisme, qui lui tient compagnie dans les listes de l’Index des livres prohibés (9) .


De même sur la théologie morale de Bonomelli, il y aurait de quoi rire : « Plus je vieillis, écrit-il, plus je pense et me persuade que les théologiens ont accru énormément les péchés mortels, comme si l’enfer avec l’éternité de ses peines était une bagatelle de rien. Elle ferait horreur, la loi humaine qui condamnerait à mort un homme pour une injure grave faite à un homme, et il ne fera pas horreur, l’enseignement de ces théologiens, qui pour un jeûne violé, pour une Messe de jour de fête non entendue etc. etc. condamnent à l’enfer un chrétien ? Certes, ce sont des péchés ; mais on se demande s’il y a une proportion entre ces péchés et la peine épouvantable de l’enfer…» (10) .


Ainsi fut Mgr Bonomelli : auteur d’opuscules anonymes contre l’enseignement de l’Église, ami des modernistes, prompt à se rétracter sur parole mais non avec sincérité, hostile à l’enseignement moral de l’Église (et pas seulement des théologiens) qui lui fait horreur. Mgr Guindani fut son élève et ami.
Le jeune séminariste Roncalli était dans la mouvance de Mgr Guindani qui l’envoya à Rome poursuivre ses études et viser ainsi plus haut. Le 4 Janvier 1901, Roncalli arrive à Rome et se rend directement au Séminaire Romain, Place St. Appolinaire.

Du Séminaire Romain à l’ordination (Janvier 1901 – Août 1904)

Roncalli arrive donc à Rome à l’âge de vingt ans, sur la fin du Pontificat de Léon XIII (+ 1903) et est ordonné prêtre au début de celui de Saint Pie X. De ces trois années et demie une partie est consacrée au service militaire (1901-1902). D’autre part, les connaissances faites au Séminaire Romain dirigeront la vie de Roncalli vers son destin. Il n’y a pas à s’en étonner: dans les séminaires romains étudiait l’élite intellectuelle du clergé catholique à la veille de la crise moderniste.


C’est à Rome qu’il commence à fréquenter Mgr Radini Tedeschi (dont je parlerai plus loin), et c’est à Rome, « en Janvier 1904 » qu’il « assiste à une conférence de Marc Sangnier, fondateur du mouvement « Le Sillon », la Démocratie Chrétienne française. Sangnier sera condamné par Pie X » (11) . Nous verrons sous peu quelle impression Sangnier provoqua chez Roncalli. En ces années-là, il connaît personnellement et au séminaire même, les futurs principaux protagonistes de la crise moderniste.


Un des professeurs de Roncalli fut Mgr Benigni (1862-1934), qui, sous le Pontificat de Saint Pie X, deviendra le fondateur du Sodalitium Pianum, et l’adversaire le plus décidé des modernistes. Mais parmi ses confrères séminaristes, il ne manque pas de personnages inquiétants : Buonaiuti (par la suite excommunié), Rossi (qui se fera protestant), Turchi (collaborateur de Buonaiuti).

Don Ernesto

Quels furent les rapports entre Angelo Roncalli et Ernesto Buonaiuti ? De ce Buonaiuti qui « sera excommunié comme « moderniste » (par Saint Pie X, n.d.a.) puis salué comme un « prophète » (du renouveau conciliaire inauguré par Jean XXIII, n.d.a.) » ? (12) .


« Une nouvelle génération d’intellectuels catholiques était en gestation. Au séminaire romain, le plus brillant était Ernesto Buonaiuti. Le hasard les réunit durant le premier semestre d’Angelo de Janvier à Juillet 1901. C’était la coutume de tirer au sort les places à la chapelle ou au réfectoire, ainsi que ses compagnons de promenade. Buonaiuti tira Roncalli : ils se promenèrent donc souvent ensemble à travers Rome (…).
(…) QUAND IL SERA PAPE, IL LUI ARRIVERA DE RECONNAITRE QU’IL A BEAUCOUP APPRIS DE « DON ERNESTO » (ANDREOTTI, p. 66) ; (la déclaration : « J’ai appris beaucoup de don Ernesto » est de Max Ascoli). Mais en confiant à Capovilla ses souvenirs de 1901-1904, il prétend «n’avoir jamais discuté avec lui de questions théologiques, bibliques ou historiques et n’avoir jamais lu aucun de ses ouvrages qui circulaient sous le manteau » (Dodicesimo Anniversario, p. 118).


On se demande de quoi ils pouvaient bien parler alors pendant leurs promenades : on imagine mal que Buonaiuti n’ait pas abordé les questions qui le tenaient en haleine (13) . (…) (Buonaiuti) rêvait d’un prêtre qui incarnerait « la tradition missionnaire de l’Église dans le monde moderne » et d’une Église qui fût « revivifiée continuellement par la libre circulation des dons charismatiques » (14) . Mais à sa façon plus conventionnelle, ANGELO PARTAGEAIT CETTE FAÇON DE VOIR » (15) .


Le 10 Août 1904, Mgr Ceppetelli ordonne prêtre don Angelo Roncalli, dans l’église de Sainte-Marie in Monte Santo, à Rome. Qui connaît la cérémonie d’ordination sait que tout nouvel ordonné choisit un prêtre qui l’assiste durant la fonction sacrée, appelé « prêtre assistant », il est quelque chose de semblable à un parrain et c’est normalement un ami de l’ordinand. Puisque le vice-recteur déclina l’invitation, ce fut « Ernesto Buonaiuti, qui se retrouva à assister Don Nicolas Turchi, à assister aussi don Angelo durant la cérémonie d’ordination » (16) . Cela aura-t-il été un hasard ?


Qu’est ce que ce « beaucoup » que Roncalli admet avoir reçu de « don Ernesto » ?


Seulement peut-être l’amour de la critique que l’on suggérait d’aimer, en suivant « avec transport les derniers résultats de ses découvertes », se mettant au courant « des nouveaux systèmes » sans s’étonner de rien, même si certaines de ses conclusions devaient en ressortir un peu surprenantes ? (17) . Peut-être seulement la « largeur de vues » et la mentalité conciliatrice que l’on admira chez le Cardinal Parocchi (+1903) ? (18) .
Non, il y a bien plus, et nous pouvons l’entrevoir en parlant, comme promis, de Marc Sangnier.

« Le souvenir le plus vif de toute ma jeunesse sacerdotale »

Le 25 Août 1910, Saint Pie X déclara : « Tout membre du Sillon, comme tel, ne travaille que pour une secte », « le Sillon, l’œil fixé sur une chimère, convoie le socialisme », est « un misérable affluent du grand mouvement d’apostasie organisé pour établir partout une église universelle qui n’aura ni dogmes ni hiérarchie (…) et qui sous prétexte de liberté et de dignité humaines, amènera dans le monde (…) le règne légal de la tromperie ».


Que pense, par contre, Roncalli du Sillon ? (19) A la mort de Marc Sangnier, le nonce Roncalli écrivit à la veuve la lettre suivante éloquente :

Paris, 6 Juin 1950

Madame,
j’ai entendu parler de Marc Sangnier pour la première fois à Rome vers 1903 ou 1904, à une réunion de la Jeunesse Catholique.
LE POUVOIR FASCINANT DE SA PAROLE, DE SON ESPRIT, M’AVAIT RAVI, ET JE CONSERVE DE SA PERSONNE ET DE SON ACTIVITE POLITIQUE ET SOCIALE LE SOUVENIR LE PLUS VIF DE TOUTE MA JEUNESSE SACERDOTALE.
Sa noble et grande humilité dans l’acceptation, plus tard en 1910, de l’admonition pourtant très affectueuse et bienveillante (SIC ! n.d.a.) du Saint Pape Pie X donne à mes yeux la mesure de sa vraie grandeur.
Les âmes capables de rester ainsi fidèles et respectueuses comme la sienne, à l’Évangile et à la Ste Église, sont faites pour les ascèses les plus hautes qui assurent ici-bas la gloire auprès des contemporains et de la postérité, à laquelle Marc Sangnier restera comme un enseignement et un encouragement.
A l’occasion de sa mort, mon esprit s’est trouvé très réconforté en constatant que les voix les plus autorisées à parler au nom de la France officielle, se sont rencontrées, unanimes, pour draper Marc Sangnier comme d’un manteau d’honneur, avec le Discours sur la Montagne. On ne pouvait rendre hommage et éloge plus éloquents à la mémoire de cet insigne Français chez lequel les contemporains ont su apprécier la clarté de l’âme profondément chrétienne et la noble sincérité de cœur » (20).

Il nous faut conclure que « le souvenir le plus vif de toute la jeunesse sacerdotale de Roncalli, ce fut l’enseignement d’une « secte » (…), misérable affluent du grand mouvement d’apostasie » (St. Pie X).

Secrétaire de Radini Tedeschi (1904-1914)

Revenons au mois d’août 1904. Roncalli est prêtre, S. Pie X est pape depuis un an. Hebblethwaite écrit : En 1904, Pie X dissout l’Opera dei Congressi. Ce fut un rude coup pour le comte Giovanni Grossoli, son dernier président, et le moment le plus dur dans la vie de son aumônier, Radini Tedeschi (voir Gabriele de Rosa, in « Linee », p. 50). Angelo dira plus tard que ce fut «comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu ». La doctrine sociale n’intéressait pas Pie X et il n’avait que mépris pour la démocratie, chrétienne ou non (voir son encyclique Vehementer). L’Opera dei Congressi était à ses yeux une expression sociale du « modernisme ». Le principal objectif de son pontificat étant l’éradication du « modernisme », l’Opera dei Congressi devait disparaître. Et avec elle devait s’en aller aussi Radini Tedeschi, un autre « homme de Léon XIII ». L’évêque Guindani, de Bergame, était mort en octobre 1904. Radini Tedeschi fut nommé pour lui succéder » (21).
Le nouvel Evêque de Bergame, « exilé » là selon Hebblethwaite (p. 61), prend alors pour secrétaire personnel don Angelo Roncalli, nomination qui « eut une influence profonde » sur lui de telle sorte qu’il demeurera avec Radini Tedeschi jusqu’à la mort de ce dernier, pour ensuite devenir son biographe et l’appeler toujours, avec fierté et affection « mon Evêque » (22).


Qui est Mgr. Radini Tedeschi ? D’une noble famille de Plaisance, « Monseigneur Radini Tedeschi est un protégé de Rampolla, qui l’a promu aumônier du Cercle de Marie Immaculée. Angelo est attiré naturellement par ce cercle dont Radini Tedeschi est l’âme et l’animateur : « II y avait ces longues soirées que passait en sa compagnie ce vaillant groupe de romains (…) : nous conversions avec entrain et gaieté ou, plus souvent, étions occupés par la rude besogne qu’il nous encourageait à entreprendre par la voix et par l’exemple, pour le succès de divers projets qu’il dirigeait avec tant de compétence » (Radini, p. 18 ) » (23) .
Radini suit donc la ligne du Cardinal Secrétaire d’État de Léon XIII, Rampolla del Tindaro, le fauteur de la politique dite du «ralliement» des catholiques français à la république maçonnique. Suspecté lui-même d’être membre de la maçonnerie, il ne fut pas élu au Conclave de 1903, grâce au veto de François Joseph d’Autriche. Ce fut alors à St. Pie X d’être élu et il nomma Merry del Val à la place de Radini Tedeschi comme secrétaire d’état.


Le gouvernement épiscopal de Radini Tedeschi commence alors, avec la collaboration de don Angelo Roncalli qui écrit : « Sa brûlante éloquence apostolique, sa détermination, ses innombrables projets et son extraordinaire activité personnelle ont pu donner à beaucoup l’impression, au début, qu’il avait en vue les changements les plus radicaux et qu’il était mû PAR LE SEUL DESIR D’INNOVER » (Radini, p. 32) ». Hebblethwaite commente : « Cette première impression était-elle fausse ? Oui et non. Il (Roncalli) explique : II s’attachait moins à mener à bien les réformes qu’à maintenir les glorieuses traditions de son diocèse et à les interpréter en harmonie avec les nouvelles conditions et les nouveaux besoins de l’époque » (Radini p. 32).


Telle sera également l’ambition de Roncalli lui-même quand il deviendra pape, plus de quarante ans plus tard, ce qu’il exprimera dans des termes semblables : la revivification de la tradition par l’ aggiornamento » (24).


L’évêque de Bergame mérita ensuite la renommée « d’évêque rouge », en appuyant la grève de la ligue des ouvriers à Ranica, en Septembre 1909 (25) . Don Roncalli accourut soutenir son évêque, à l’aide d’un article qui parut sur la « Vita diocesana » de novembre 1909, lequel parle d’une « « préférence du Christ pour les déshérités, les faibles, les opprimés » (ibid. p. 19). Il annonce ici l’un des thèmes majeurs de la « théologie de la libération » des années 70. Et il prévient l’objection selon laquelle le prêtre se doit d’être un ministre de la paix et de la réconciliation : oui -mais pas à n’importe quel prix, pas au prix de l’injustice » (26).


Le fait est que l’épisode de Ranica n’était pas un acte isolé de charité ou de justice de l’Evêque de Bergame ou de son secrétaire, mais qu’il entrait dans une conception plus vaste, celle de ce qui est ainsi nommé « syndicalisme chrétien ». En 1906, Radini « avait fondé l’Office du Travail qui fournissait des conseils aux syndicats de la région de Bergame » (…) et « son siège était dans la Maison du Peuple (Casa del Popolo) où Don Roncalli donnait régulièrement des conférences sur l’histoire de l’Église » (27). Saint Pie X, par contre, reconnut en ce syndicalisme naissant une grave contrefaçon des corporations prérévolutionnaires louées par Léon XIII.

Combattre le « syndicalisme chrétien » sera donc « l’ultime grande bataille du pontificat (de S. Pie X), sans aucun doute l’une des plus importantes », comme l’écrit Poulat. Elle fut engagée, sous l’inspiration de S. Pie X, sur la Civiltà Cattolica, avec une série d’articles (des pères Monetti et Chiaudano) publiés du 21 février au 3 octobre 1914 dans lesquels étaient condamnés le « syndicalisme chrétien » (instrument de la lutte des classes), la « justice sociale » (qui confond charité et justice) et la « solidarité », qui loin d’être une vérité, est « un cumul d’aberrations, tant il s’oppose, sur de nombreux points, à l’ordre naturel » (28).

Ces articles préparaient la publication d’un Motu proprio de S. Pie X sur ce sujet, tandis qu’ était publié un décret qui interdisait aux prêtres italiens de s’inscrire aux syndicats, ou d’y demeurer, ou d’y prendre la parole, « de peur qu’ ils paraissent participer aux maux qui souvent dérivent d’une telle institution » (Acta Apostolicae Sedis, 6. VII. 1914, p. 349). Les articles provoquèrent la colère et la crainte des cardinaux Maffi et Mercier, qui les attaquèrent. Mais S. Pie X fit savoir, dans une lettre à Toniolo, que « L’article est digne d’approbation et les réprobations sont injustifiées ». Au Père Chiaudano, il dit ensuite : « Ils vous font la guerre, n’est-ce-pas ? Tenez ferme. Allez de l’avant, combattez le syndicalisme catholique. Beaucoup crient parce que vous avez mis le doigt sur la plaie… » (28).


Toutefois Maffi et Mercier obtinrent le renvoi du Motu Proprio redouté ; quelques mois plus tard S. Pie X mourait.


Cet épisode que j’ai retenu comme intéressant, nous introduit à la question des amis de Radini Tedeschi, qui, en conséquence, l’étaient de Roncalli. De fait, il est bien vrai le proverbe qui déclare : « Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es ». Les amis de Mgr Radini sont Mgr Bonomelli (dont j’ai déjà parlé : chez lequel se rendait Roncalli, s’y mettant à l’abri durant la crise moderniste) (29), le cardinal Ferrari auquel je consacrerai un petit chapitre plus loin, les cardinaux Maffi et Mercier, dont je dirai aussi quelque chose (30).


Hebblethwaite parlant de l’opposition que don Roncalli faisait à la politique antimoderniste de S. Pie X (dont je parlerai ensuite), affirme que le futur Jean XXIII « n’aurait pas pu s’exprimer, au risque d’encourir la censure romaine, s’il n’avait eu des alliés. Son premier allié était son évêque, Radini Tedeschi. Mais Radini Tedeschi avait un large cercle d’amis, dont le cardinal Désiré Mercier, de Malines – Bruxelles.

Celui-ci était venu à Bergame, le 4 mai 1906, et don Roncalli lui avait fait visiter la ville (Cronologia, p. 522). Après avoir enseigné un thomisme revivifié à Louvain pendant près d’un quart de siècle, il avait été subitement promu primat de la Belgique en 1906. Mercier était ouvert à ce que la pensée moderne lui offrait de meilleur, correspondait avec nombre d’intellectuels un peu partout en Europe et apparaissait comme une « chambre de compensation » souterraine pour tous ceux qui estimaient que les seules condamnations n’étaient pas la meilleure réponse au modernisme. Une recherche douteuse appelait une recherche plus sérieuse. Dans une note jointe à la version publiée de sa conférence sur Baronius, don Roncalli cite un discours de Mercier qui confirme sa thèse. Il s’agit d’un extrait du discours « Sur le véritable esprit chrétien » tenu à Louvain le 8 décembre 1907.


En 1908, Wilfrid Ward, l’un de ses correspondants, responsable de The Dublin Review, écrit au Duc de Norfolk : « (Le Cardinal Mercier) estime la thélogie romaine totalement impossible : toutefois, bien qu’il soit au mieux avec le pape, il ne veut rien laisser transparaître de ce jugement » (Bishops and Writers, p. 58) » (30).


Mercier, semi-kantien en philosophie, père de l’œcuménisme, défini crûment par Mgr Benigni : « connu comme ayant des liens avec tous les traîtres à l’Église » (31) – avait fait de son diocèse le refugium peccatorum de tous les prêtres en difficulté pour modernisme (32) . Ce qu’il pensait de Saint Pie X transparaît clairement des paroles suivantes, exprimées à l’occasion de la mort du Pape dans une lettre pastorale de 1915, où il parle «d’âmes blessées» et de «petites misères humaines» auxquelles a conduit son pontificat; et il dénonce «ces chevaliers improvisés de l’orthodoxie» qui pensent que «pour obéir plus humblement au Pape, il fallût braver l’autorité des évêques (…) Brochuriers ou journalistes sans mandat, ils excommuniaient tous ceux qui ne passaient pas de bonne grâce sous les fourches caudines de leur intégrisme. Le malaise commençait à travailler les âmes droites; les consciences les plus honnêtes souffraient en silence » (33) .


Après la mort de S. Pie X, Mercier, parvenu en possession des documents du Sodalitium Pianum existant en Belgique, s’en servira pour faire des pressions auprès du nonce Cicognani en vue d’obtenir de Rome sa dissolution. Écrivant à la Secrétairerie d’État, Mgr Gaetano affirme que « Son Éminence (le Card. Mercier) désapprouva vivement ce système de dénonciations et déplora que le Saint Père Pie X ait pu soutenir un tel mouvement » (34) . le Card. Mercier n’attaque donc pas les seuls « chevaliers improvisés de l’orthodoxie » mais aussi S. Pie X qu’il sait pertinemment bien avoir été avec eux.


Venons-en au Card. Maffi (1858-1931), Evêque de Pise. Il suffirait de dire brièvement qu’il fut le « Mercier italien » (35) favorable, avec Rampolla, à la non-confessionnalité des syndicats chrétiens (36), en désaccord avec Pie X par son soutien de la presse catholique dite de pénétration (37), combattant par contre la presse soutenue par S. Pie X (38), appuyant avec Bonomelli la conciliation avec l’État libéral.
Lui aussi, inutile de le dire, n’agréait point la campagne antimoderniste de S. Pie X. Hebblethwaite écrit en effet: Un des amis de Radini Tedeschi, le cardinal Maffi, de Pise, qui avait gardé le silence pendant deux ans, tenta d’élever des protestations auprès de Pie X au sujet de la campagne antimoderniste. II écrit confidentiellement au Cardinal De Lai, le 31 Juillet 1912 : « Ils (la presse de droite) déplorent que le pape ne soit pas aimé et obéi, que la ferveur décline et que les pèlerinages soient moins fréquentés, etc.. mais les responsables sont ceux qui cherchent à imposer l’amour à coups de bâton, qui n’ont que méfiance pour l’enthousiasme sincère qu’ils soupçonnent d’imposture, qui s’attribuent le monopole de l’orthodoxie, etc. mais assez » (Disquisitio, p. 96). (…).


« Le cardinal De Lai répondit qu’il ne la montrerait pas au pape pour ménager ses sentiments » (39).
Une autre fois, le Cardinal Merry del Val répliqua assez sèchement au Cardinal Maffi qui acclamait Pie X : « C’est bien d’acclamer le Saint Père. Il serait beaucoup mieux de lui obéir, au moins à peu près » (40).
Si tels étaient les amis de Mgr Radini Tedeschi, on ne s’étonne pas que son biographe, don Angelo Giuseppe Roncalli ait dû écrire : « Progressivement, à la suite de divers incidents, (Radini Tedeschi) en vint à soupçonner qu’il ne jouissait plus, auprès du pape, de l’estime dont il avait été l’objet ces dernières années – il craignait dès lors que Rome accordât davantage foi aux rapports des informateurs qu’aux siens propres, en ce qui concernait l’état et les conditions véritables de son diocèse » (Radini, p. 152).
Roncalli fait allusion aux deux Visites Apostoliques que reçurent le séminaire de Bergame et les autres de Lombardie, en 1908 et 1911, visites accompagnées de la destitution de professeurs philomodernistes, ce qui ne fait certes pas penser à une grande confiance de la part de Rome (41).

Ce que pensait S. Pie X de la façon dont Radini gouvernait le diocèse de Bergame transpire aussi à travers la « Disquisitio » (enquête faite pour sa béatification) comme le rapporte Hebblethwaite : « Pie X dénigre L’Eco di Bergamo, feuille de choux dont il n’y a pas lieu d’être fier, et explique qu’en dépit de toute l’estime qu’il porte au clergé de Bergame, « il y a en lui quantité de bois morts et l’histoire de Duchesne n’a été aussi largement diffusée et appréciée dans aucun autre diocèse » (Disquisitio, pp. 112-13). Il s’en prend à l’évêque de Bergame à qui il reproche sa « modération » (42). S. Pie X et Mgr Radini Tedeschi mourront à quelques jours d’intervalle, en 1914. Le Père Pitocchi, qui fut directeur spirituel du séminariste Roncalli, soutint «que don Roncalli souffrit davantage de la mort de Radini Tedeschi que de celle de Pie X» (43). Sans aucun doute !

Le Cardinal Ferrari

Hebblethwaite poursuit : « Le fait est que beaucoup se réjouissaient de voir se terminer un pontificat qui s’était avéré désastreux pour la vie intellectuelle dans l’Église. A un sénateur qui s’étonne des foules impressionnantes de fidèles venues rendre un dernier hommage à la dépouille de Pie X qui repose en grand apparat dans la basilique Saint-Pierre, le cardinal Ferrari confie : « Oui, mais il devra rendre compte devant Dieu de la façon dont il a déçu ses évêques quand ils étaient attaqués » (Disquisitio, p. 129) » (43) .
Cette belle épitaphe devant le cadavre de Saint Pie X nous dévoile un côté bien peu « saint » du Cardinal Ferrari que Karol Wojtyla a non validement proclamé Bienheureux en mai 1987. Dans le n° 14 de Sodalitum (septembre 1987) j’écrivais (« Attention… aux béatifications ») qu’il s’agissait davantage d’une « décanonisation » de S. Pie X que d’une béatification de Ferrari. En réalité les deux choses sont corrélatives. Je n’avais pas dit toutefois que celui qui ouvrit le procès de canonisation de Ferrari fut précisément Jean XXIII ; lisons ce qu’écrit à ce propos Hebblethwaite, dont la haine accoutumée et offensante envers S. Pie X égale l’amour pour Jean XXIII :

Ferrari est archevêque depuis 1884. Il n’est pas à proprement parler son « directeur spirituel », mais Angelo le consulte sur des décisions importantes. Ferrari n’est pas « moderniste » à la façon de Loisy, mais c’est un « conciliariste » en politique italienne, sous l’influence, notamment, d’Antonio Rosmini (dont l’ouvrage : Les cinq plaies de l’Église, d’abord mis à l’Index, fut le bréviaire du catholicisme « libéral » italien). Il est convaincu que l’Église devrait s’adapter pour atteindre la classe ouvrière déchristianisée et il encourage les théologiens, les clercs et les laïcs, à travailler à la réconciliation de la foi et de la connaissance (cf. Carlo Snider, L’Episcopato del Cardinale Andrea Carlo Ferrari, vol. I, Neri Pozza, Vicenza 1981).
Roncalli partage toutes ces ambitions et restera fidèle à Ferrari; le 10 févier 1963, en présence d’un grand nombre de pèlerins de Lombardie, il signera le décret introduisant la cause de béatification du cardinal.
Mais en 1906, il était dangereux d’adhérer aux idées de Ferrari. Pie X ne l’aime pas, il met ses chiens de garde à ses trousses et se permet de lourdes plaisanteries sur l’ennui de ses sermons.
« Prêchez, prêchez sans arrêt et vous ne remarquerez même pas que vous ennuyez tout le monde à mourir » (Snider, p. 361).


Pie X, dans sa « simplicité paysanne », pouvait se montrer aussi rustre qu’injuste. L’historien jésuite Domenico Mondrone prétend qu’une étude plus approfondie des relations entre Pie X et Ferrari montrerait « jusqu’à quel point une campagne de calomnies bien orchestrée peut prendre possession de l’esprit d’un saint et affecter son jugement » (Civiltà Cattolica, juillet 1981, p. 159).»)
(44) .

En réalité l’hostilité du Card. Ferrari pour S. Pie X était celle de quelqu’un de surveillé face à son inquisiteur. Les deux Visites Apostoliques aux séminaires de Lombardie visaient avant tout Ferrari (qui les appelait « vexations apostoliques ») (45) . On comprend qu’elles ne devaient pas lui plaire, en particulier celles d’un Cardinal Boggiani, compatriote et admirateur de S. Pie V, l’unique Évêque, à ma connaissance, à avoir écrit une lettre pastorale contre don Sturzo. Les rapports de Boggiani n’étaient pas favorables ; Hebblethwaite : « Pendant l’été 1911 les séminaires de Lombardie reçoivent un autre visiteur Apostolique, Tommaso Boggiani O.P. ; il est à Bergame du 3 au 5 juin. Nous ne savons rien du contenu de son rapport secret. Mais son rapport sur Milan et le cardinal Ferrari fut publié en 1974. En voici un extrait :« Pour ce qui est des idées modernistes, ou d’idées apparentées aux thèses modernistes, il est certain qu’elles sont assez répandues dans le clergé, en particulier parmi les jeunes prêtres. Le cardinal ne peut pas ne pas en avoir connaissance, mais il se montre trop tolérant.


Aussi a t-il accepté d’être le président honoraire d’un congrès des écoles secondaires qui doit se tenir en septembre à Saronno, « en ce cinquantième anniversaire de notre épopée nationale, année si chère aux Italiens », comme le proclame la lettre d’invitation» (Bedeschi, Modernisme, p. 101 -102) » (46).
Les accusations de S. Pie X à l’égard de Ferrari étaient principalement les deux suivantes : attaquer la presse intégralement catholique et favoriser la presse aconfessionnelle. « Mon journal [l’Unità Cattolica] était systématiquement combattu par les archevêques de Pise [Maffi], Florence et plus encore Milan [Ferrari]. Et je prenais toutefois mes instructions directement auprès du Pape et les exécutais fidèlement, sacrifiant jusqu’à mes idées personnelles », témoigna don Paolo de Töth en 1946 au procès de béatification de S. Pie X (47) .


Le rapport Antonelli pour la Canonisation de Pie X, « adoptant, parce que c’était aussi la pensée de Pie X, la thèse des intégristes que « les modernisants étaient dans un certain sens plus dangereux que les modernistes, présentant les mêmes erreurs sous une forme plus subtile et insidieuse » (Disquisitio, p. 136) et qu’à Milan, «si on enseigne la saine doctrine, IL Y AVAIT PAR CONTRE BEAUCOUP DE MODERNISME PRATIQUE » (lettre de S. Pie X à Ferrari, du 28.III.1911. Disquisitio, p. 178), le rapport donc entachait l’honneur d’un diocèse, le plus grand d’Italie…» (48) .


Si Ferrari, Radini, Mercier, Roncalli, Maffi, Bonomelli, n’étaient pas modernistes (?), ils étaient cependant « modernisants », plus dangereux que les modernistes eux-mêmes.
Ils combattaient, en paroles, le Modernisme, mais dans les faits ils voulaient éliminer les antimodernistes, comme le prouve involontairement Hebblethwaite : « L’allié de don Roncalli à Milan, le cardinal Ferrari, dénonce, dans une lettre pastorale de 1908, les « antimodernistes », tout aussi déplorables et tout aussi « modernes » (ce mot ayant désormais perdu toute signification) que ceux qu’ils attaquent : « Dans certaines revues et journaux la mise en garde contre le Modernisme ne va pas sans excès. Ces zélotes antimodernistes décèlent partout le Modernisme et s’arrangent même pour jeter la suspicion sur ceux qui en sont très éloignés » (49).


C’est de leur faute si le modernisme est rené de ses cendres et a triomphé, comme le craignait le grand Mgr. Benigni : « Le Modernisme, enfin, a été vaincu par Pie X. Mais c’est le Modernisme organisé et doctrinal. Reste l’état d’âme moderniste, les modernisants que l’on ne vaincra qu’à force d’instruction théologique plus sérieuse, rappelant sans fin aux catholiques les vérités objectives qui sont les fondements mêmes de l’Église » (50) .

(Extrait de la revue Sodalitium n. 22 de décembre 1990 pp. 13 sqq.)

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