L’imposture Douguine : entre satanisme et propagande LGBT

De Parvulesco à Douguine : entre imposture et délire
RIVAROL a largement fait écho à l’abject et odieux assassinat de Daria Douguine le 20 août dernier dans la banlieue de Moscou. Nous avons interrogé Jean-Michel Vernochet, qui la connaissait bien, dans notre édition du 31 août 2022. Puis le journaliste spécialiste de la Russie, Thierry Thodinor, qui avait rencontré Daria Douguine quelques jours seulement avant son assassinat, a rédigé un article de deux pleines pages dans notre dernier numéro daté du 21 septembre expliquant où en était l’enquête et qui pouvaient être les commanditaires de cet acte terroriste.
Si la mort de Daria Douguine dans un attentat à la voiture piégée est affreuse et tragique, alors même que cette jeune femme dynamique et brillante n’avait pas encore trente ans et qu’à son âge elle pouvait espérer avoir toute la vie devant elle, cela n’empêche pas de s’interroger en profondeur sur la personnalité et les positions réelles de son père sexagénaire Alexandre Douguine dont beaucoup, dans les milieux de la dissidence et de la droite radicale, font un peu rapidement un maître à penser alors même que beaucoup de ses propos et de ses écrits, ésotériques, occultistes, anti-occidentaux, communisants, maçonnisants, syncrétistes, néosoviétiques, eurasiatiques, sont à des années-lumière du nationalisme français, du catholicisme traditionnel et de la défense intransigeante de la civilisation occidentale, blanche et chrétienne.
La journaliste Jeanne Smits sur son blog très intéressant et fort documenté (https:// leblogdejeannesmits.blogspot.com) a récemment évoqué, de manière très critique, références à l’appui, la pensée de Douguine.
On peut utilement s’y référer. Par ailleurs, nous publions ci-dessous une tribune libre d’Axel Courlande (un texte qui n’engage bien sûr que son auteur, c’est le principe de la tribune libre) qui se penche lui aussi, de manière critique, sur la pensée et la personnalité d’Alexandre Douguine.
Le rôle de RIVAROL est également d’ouvrir des débats, des controverses, des discussions, de donner des éclairages à ses lecteurs, de les informer, de les stimuler intellectuellement, de telle manière que chacun puisse se faire son propre jugement sur les hommes, les événements et les situations en disposant à chaque fois d’un maximum d’informations, d’analyses, de citations et de mises en perspective.
CET ARTICLE n’entend pas revenir sur l’attentat qui a coûté la vie récemment à la fille de l’idéologue “eurasiste” Alexandre Douguine. Il y sera fait allusion, mais le cœur de mon propos est différent : il s’agit ici de présenter la personnalité de Douguine, de retracer son itinéraire, d’en marquer clairement les grandes étapes et le principal tournant.
Pour ce faire, on évoquera aussi l’étrange figure d’un écrivain d’expression française que Douguine considérait comme son « grand ami » et qui a exercé sur lui une influence si forte qu’elle se fait sentir non seulement dans le contenu de ses livres et déclarations, mais aussi dans leur forme même, volontiers prophétique, apocalyptique et déclamatoire. À l’aide de données vérifiées et vérifiables par tout lecteur de bonne foi, il apparaîtra clairement que Douguine n’est pas et ne sera jamais, en Russie même, une personnalité de premier plan, car une étude de ses ouvrages permet de conclure que l’on est confronté avec lui, comme avec son “maître” francophone, à une figure d’imposteur sur le plan intellectuel, à un esprit incroyablement confus et même souvent délirant.
Et en fonction de cela, il faudra se demander pour quelles raisons la logorrhée politico-occultiste de Douguine a pu séduire et séduit encore des secteurs non négligeables de la droite radicale française, mais aussi italienne.
LES DÉBUTS POLITIQUES D’UN FILS DE LA NOMENKLATURA
Alexandre Douguine est né le 7 janvier 1962 à Moscou d’un père officier du GRU (les renseignements militaires) ou bien officier du KGB (il y a là une incertitude savamment entretenue pour accréditer l’image de l’insaisissable « homme de l’ombre » ou “influenceur” mystérieux), et d’une mère médecin. Il est donc, typiquement, un fils de la nomenklatura du régime communiste, ce qui permet déjà d’expliquer en partie une constante récurrente au beau milieu des méandres souvent difficiles à suivre de sa pensée : sa nostalgie non dissimulée de l’époque soviétique, malgré tous les défauts de celle-ci.
De 1987 à 1989, Douguine milite dans les rangs du mouvement nationaliste et antisémite nommé Pamiat, abréviation d’une dénomination compliquée signifiant Mouvement national chrétien orthodoxe patriotique du peuple (ouf !). Il y fait la connaissance d’un personnage qui va être son mentor tout le temps de ses débuts en politique : non pas un chrétien orthodoxe, mais le musulman chiite Gueïdar Djemal (1947-2016), futur cofondateur et vice-président, en 1991, du Parti de la renaissance islamique. Djemal défend la thèse, bientôt reprise et développée sans se lasser par Douguine, de la nécessaire formation, face à l’américanisme honni, d’un « front de la Tradition » associant monde orthodoxe et monde musulman. Douguine et Djemal seront exclus de Pamiat pour “occultisme”.
À l’époque, en dehors de son ami Djemal, c’est plutôt en Europe de l’Ouest que Douguine va chercher ses références. Ce n’est que plus tard qu’il élaborera sa synthèse “eurasiatique”, qui combine la violente hostilité des slavophiles du XIXᵉ siècle (Fiodor Dostoïevski, Nicolas Danilevski…) à l’Occident — déjà regardé comme l’épicentre de la dégénérescence — alors même que la Russie est le deuxième pays au monde à pratiquer le plus d’avortements après la Chine et que l’alcoolisme, la prostitution et la dénatalité y sont des fléaux — avec l’“asiatisme” du diplomate, écrivain et philosophe Constantin Leontiev (1831-1891), lui aussi très opposé aux idées occidentales mais qui estime que la vocation de l’Empire russe est de devenir multiethnique, de faire la part belle au “touranisme” (1) en favorisant une alliance avec les peuples turcophones et de promouvoir la renaissance du christianisme byzantin (2) .
DES CONTACTS PRÉCOCES ET NOMBREUX EN OCCIDENT
C’est d’abord vers la France, terre natale de René Guénon, et vers l’Italie, terre natale de Julius Evola, que Douguine se tourne, alors qu’il n’a même pas trente ans. Maîtrisant assez bien, très tôt, le français et l’italien, il a déjà une certaine connaissance, sinon une juste compréhension, de l’œuvre de chacun des deux principaux représentants du « traditionalisme intégral » (dixit Evola lui-même).
En Italie, il ne tarde pas à prendre contact avec Claudio Mutti, né en 1946 et qui s’est converti à l’islam en 1978 après avoir été très actif dans les milieux évoliens et avoir pris une part essentielle à la divulgation de l’histoire et des idées de la Légion de l’archange Michel ou Garde de Fer (Mutti lit couramment le roumain) dans la péninsule. Par l’intermédiaire de ce dernier, qui a également été l’un des principaux lieutenants de Jean Thiriart (1922-1992) au sein du mouvement Jeune Europe, Douguine découvre les écrits du théoricien belge de l’Europe comme Grande Nation « de Brest à Bucarest », bientôt « de Dublin à Vladivostok ».
Thiriart n’ayant cessé d’accentuer son antiaméricanisme et de multiplier les déclarations complaisantes envers l’Union soviétique, c’est tout naturellement que Douguine le rencontrera plus tard à Moscou, en 1989. Côté français, notre Russe prend rapidement contact avec des responsables de la revue annuelle Politica Hermetica, fondée en 1985.
Là encore, rien que de parfaitement logique : cette revue est publiée par les éditions L’Age d’homme, maison dirigée par le Serbe Vladimir Dimitrijevic et dont une bonne partie du catalogue est composée de traductions de classiques de la littérature russe et d’essais sur l’Europe de l’Est. En outre, Politica Hermetica se consacre à l’étude des rapports entre politique et ésotérisme ou occultisme, au rôle des sociétés secrètes dans l’histoire, à l’histoire de l’antimaçonnisme et aux théories du complot, autant de thèmes avec lesquels le jeune Russe est déjà familiarisé.
L’intitulé des deux premiers numéros de cette revue, respectivement « Métaphysique et politique. Guénon et Evola » (n°1) et « Doctrines de la race et tradition » (n°2), ne pouvait que susciter un vif intérêt chez lui. Philippe Baillet, né en 1951, principal traducteur et commentateur français d’Evola, signant à cette époque aussi bien dans Politica Hermetica que dans Nouvelle École et Éléments, est également contacté par Douguine.
D’après son témoignage, il vit arriver à Paris un homme jeune très sûr de lui, à la barbe beaucoup plus courte et mieux taillée que celle de maintenant, avec déjà le regard magnétique de ses yeux bleus et qui se présenta en disant : « Vous voyez, je fais vraiment très russe ! » Il se rappelle que Douguine, qui avait sur lui un petit magnétophone portatif, l’interrogea sur différents sujets. Baillet apprit plus tard, sans avoir été prévenu par l’intéressé, que ses propos avaient paru, fidèlement traduits ou bien caviardés (comment savoir ?), dans la revue russe Elementy, fondée par Douguine en 1992. Très entreprenant et ne doutant de rien, celui-ci multiplie les approches : bien accueilli par un Alain de Benoist qui a déjà pris depuis
l’année 1975 un tournant très violemment antiaméricain (3) , tournant confirmé dans sa brochure de 1982 intitulée Orientations pour des années décisives où il qualifie le libéralisme d’« ennemi principal », Douguine prend la parole au XXIVᵉ colloque du GRECE qui se tient le 24 mars 1991. Il y déclare notamment : « En dehors du monde islamique […] c’est l’empire russe qui représente en définitive l’espace géopolitique, culturel et religieux encore assez unifié aujourd’hui pour servir de point de départ à une restauration traditionnelle. L’empire russe doit renaître des cendres léninistes afin de provoquer le réveil général de l’Eurasie.
C’est la prise de conscience d’une identité continentale qui se joue là. » Derrière ces mots se profile déjà la profession de foi métapolitique de Douguine : l’identité foncière de la Russie impériale n’est pas ethnique, mais civilisationnelle, elle se confond avec l’affirmation d’une grande puissance eurasiatique, capable d’assurer la multipolarité mondiale en faisant contrepoids à la puissance états-unienne et à la puissance chinoise.
UN MODÈLE FRANCOPHONE POUR DOUGUINE : JEAN PARVULESCO (1929-2010)
Douguine entre bientôt en relations épistolaires, sans doute par l’intermédiaire d’une des têtes pensantes de la « Nouvelle Droite », avec l’écrivain Jean Parvulesco, qui avait publié dans Nouvelle École, avant même les premiers contacts de Douguine en Occident, un long et très obscur article sur le sculpteur Arno Breker et dont plusieurs poèmes seront plus tard reproduits sur la troisième page de couverture de cette revue.
Les deux hommes feront ensuite connaissance directement, Douguine consacrant même une grande émission à Parvulesco sur les ondes de Radio Moscou en 1997. Ce dernier devient bientôt l’une des références intellectuelles majeures du Russe, mais aussi, plus important encore, un modèle à imiter pour se bâtir une réputation de “mage” à cheval sur le monde de l’occulte et la politique, vaticinant sur le devenir du monde. Les associer n’a rien d’arbitraire : tout récemment encore, un auteur qui se réclame de l’un et de l’autre, Lucien Cerise, déclarait ici même : « … je m’inspire du courant de pensée de la géopolitique transcendantale dont les représentants les mieux connus sont Jean Parvulesco et Alexandre Douguine (4) ».
La vie de Parvulesco, comme celle de tous les personnages qui naviguent dans les eaux souvent saumâtres de la « politique occulte » ou de l’« occultisme politique », et dont l’influence n’est pas toujours purement fantasmatique, est remplie de “blancs” ou de choses invérifiables, mais aussi de faits avérés. Je vais essayer de faire le départ, aussi clairement que possible, entre les uns et les autres. Parvulesco aurait quitté sa Roumanie natale à la fin des années quarante en traversant le Danube à la nage, pour se retrouver détenu en Yougoslavie dans un camp communiste, d’où il serait parvenu à s’échapper. Arrivé à Paris en 1950, il se serait intégré à la diaspora roumaine de la capitale. Compte tenu des idées qu’il prétendait défendre, on devrait relever des traces de ses supposés contacts avec des membres de la Garde de Fer en exil (Faust Bradesco en France, Horia Sima à Madrid…) ou avec des intellectuels roumains qui, dans leur jeunesse, avaient exprimé de la sympathie, pour dire le moins, envers le mouvement légionnaire, tels Mircea Eliade et Emil Cioran. Or, on ne trouve, chez les uns et les autres, aucun témoignage allant dans ce sens.
En revanche, il semble bien que Parvulesco ait rejoint l’OAS à la toute fin de l’aventure de celleci, retrouvant à Madrid les derniers membres de l’organisation encore en liberté. C’est là qu’il aurait fait la connaissance d’un personnage très sérieux, l’Italien Guido Giannettini (1930-2003), à proprement parler national-socialiste (donc pas du tout « nazi hollywoodien ») plus encore que néofasciste, spécialiste des questions de géopolitique, des problèmes de défense et de politique internationale, qui correspondait assez régulièrement avec Henry Coston, mais aussi membre, à partir de 1966, du renseignement militaire italien (5) .
On ne sait pas si c’est Giannettini qui fit connaître l’écrivain et éditeur Dominique de Roux à Parvulesco, ou bien l’inverse. Mais ce qui est sûr c’est que celui-ci fut pendant plusieurs années très lié à de Roux. Sans doute par l’entremise de ce dernier, Parvulesco, en dépit de son militantisme à l’OAS, se mit à fréquenter plus tard les cercles se réclamant d’un gaullisme “mystique” ou “transcendantal” passablement fuligineux, avec des personnages comme les écrivains et producteurs de radio Philippe Barthelet et Olivier Germain-Thomas, qui animèrent, chacun de son côté et diverses années durant, une émission sur les ondes de France-Culture (6) .
Il s’agit là d’une droite “extraterrestre”, en ce sens que ces esprits assurément très cultivés, parfois brillants, n’ont jamais le courage de se colleter aux sujets qui fâchent vraiment, confondant traditionalisme et esthétisme ou exotisme, spiritualité et spiritualisme, engagement et pose maniérée.
On ne sera pas étonné d’apprendre que Parvulesco était également très lié, comme de Roux, à l’essayiste et philosophe Raymond Abellio, lui aussi très trouble puisque ce champion du double jeu sous la Collaboration, alors membre du MSR d’Eugène Deloncle, se plongea ensuite, pour n’en plus jamais sortir ou presque, dans l’étude de la Kabbale et de la numérologie hébraïque (7) .
En revanche, s’il est un domaine où les vantardises et les énormités que Parvulesco débitait avec une assurance soigneusement calculée ont quelque fondement solide, c’est celui du cinéma. En effet, dans le célèbre film de Jean-Luc Godard À bout de souffle, sorti en 1960, il y a toute une séquence de plusieurs minutes où l’un des deux amoureux de la ravissante Jean Seberg (non pas le gangster incarné par JeanPaul Belmondo, mais un personnage censé travailler dans l’édition) commence par dire à la belle : « Tu iras à Orly interroger Parvulesco, le romancier », la séquence se prolongeant par les réponses de “Parvulesco” aux journalistes qui le questionnent sur la vie, l’amour, les femmes, etc. Détail qui n’est pas anodin : le « Parvulesco » du film est incarné par Jean-Pierre Melville en personne (né Grumbach et ancien de la France dite “libre”).
Melville aurait été choisi par Godard en raison d’une « forte ressemblance physique » avec Parvulesco, ressemblance bien réelle d’ailleurs, les deux hommes étant particulièrement laids. Le vrai Parvulesco connaissait donc Melville, Godard et plus spécialement encore tout le milieu de la « nouvelle vague », sans que l’on sache comment il avait pu s’y introduire.
On en terminera avec le “gaullisme” de Parvulesco en précisant qu’il collabora au quotidien Combat, propriété du juif sépharade Henri Smadja ((l’un des oncles d’Isabelle Balkany), et dont le gaulliste Philippe Tesson fut le rédacteur en chef de 1960 à 1974. Parvulesco y donnait occasionnellement des articles-fleuves d’une page entière, évidemment consacrés aux mystères les plus opaques de la « géopolitique transcendantale ».
LES DÉLIRES DE DOUGUINE
Ce long détour par Jean Parvulesco était indispensable pour en arriver logiquement à la question centrale : si le vieil adage « qui se ressemble s’assemble » est vrai, si Parvulesco, comme je crois l’avoir amplement démontré, était tout à la fois un “grenouilleur” politique, un affabulateur, un mythomane, peut-être même un « inénarrable farceur et fou littéraire (mais fou d’une folie feinte et contrôlée) » (8) , si donc il méritait le sobriquet de « Jean Parvulescroc », alors il est parfaitement légitime de penser que Douguine appartient à la même “famille” que lui.
Il en partage en tout cas le style, d’une lourdeur insupportable, avec des adverbes du genre “apocalyptiquement” toutes les deux pages, ce qui, loin d’impressionner le lecteur averti, est au contraire le signe d’une pensée indigente qui ignore que l’on est toujours plus efficace quand on s’exprime avec concision et le sens de la litote.
Mais puisqu’il est très vilain d’accuser sans preuves, on va se donner la peine, car c’en est une, de citer la prose de Douguine. Dans un gros recueil de textes parus entre 1988 et 2017, donc sur un laps de temps suffisamment long pour que l’on puisse se faire une idée juste de sa “pensée”, Dougune se présente comme un expert en « conspirologie » (sic) et dit s’appuyer sur « un rapport présenté le 24 février 1989 à Lausanne » par Jean Parvulesco « devant les membres du conseil d’administration (resic) du mystérieux Institut des études métastratégiques spéciales Atlantis (9) ».
Il ajoute, pour “sourcer” scientifiquement ses affirmations dans un livre de 632 pages qui ne contient pas une seule vraie référence ou note de bas de page : « Ayant entendu parler de la spécificité de nos études conspirologiques, Parvulesco nous fournit certains documents classés strictement confidentiels, qui nous permirent de découvrir de nombreux détails importants de la conspiration géopolitique planétaire » (10) .
On pourrait s’attendre à ce que Douguine relève quand même le niveau quant il parle de sa chère et sainte Russie. Ce n’est pas le cas. Laissons la parole à Baillet, une fois encore : « Au contraire, nous avons droit au lieu commun usé jusqu’à la corde sur le Russe tanguant perpétuellement entre le Ciel et l’Enfer, se jetant dans le stupre et la fornication pour mieux entendre la voix des anges, se livrant à l’ivrognerie sans retenue pour avoir une vraie bonne dose de péchés à confesser dans les larmes. » (11)
Et Baillet de citer ce passage totalement délirant : « Nous les Russes sommes une nation bénie. Par conséquent, toutes nos manifestations — élevées et mesquines, attirantes et terrifiantes — sont sanctifiées par des motifs supraterrestres, par les rayons de la cité de l’autre monde, sont purifiées par une buée transcendante. […] Nous sommes aussi inconnaissables que l’absolu. Nous sommes une nation divine. Même notre crime est incomparablement supérieur à la vertu de certains autres. » (12).
Dans un texte de 1996, « La métaphysique du national-bolchevisme », le délire de Douguine s’exprime de la façon suivante : « Au-delà de la gauche et de la droite se trouve la Révolution une et indivisible dans la trinité impossible qui unit dialectiquement Troisième Rome, Troisième Reich et Troisième Internationale. Le royaume du national-bolchevisme, le Regnum, leur Empire de la Fin, est la réalisation parfaite de la plus grande Révolution de l’histoire, continentale et universelle. C’est le retour des anges, la résurrection des héros, la révolte du cœur contre la dictature de la raison. Cette Dernière Révolution est la tâche de l’Acéphale, le porteur sans tête de la croix, de la faucille et du marteau, couronnés par le svastika solaire éternel. » (13)
Dans ce passage, le renvoi au Troisième Reich et au svastika ne doit surtout pas induire en erreur. Loin de regarder avec sympathie le national-socialisme, Douguine récrit l’histoire à sa façon, se plaisant à imaginer un « parti pro-allemand » dans la Russie stalinienne et un « parti pro-russe » dans l’Allemagne de Hitler. Il déblatère aussi sur le compte d’Alfred Rosenberg, qu’il a vraiment dû lire avec des lunettes très spéciales, le faisant passer pour un russophobe acharné.
En réalité, bien que marqué à vie par une vision cauchemardesque du premier bolchevisme pour avoir été le témoin oculaire de massacres perpétrés par les Rouges, Rosenberg, durant la Seconde Guerre mondiale, s’éleva vigoureusement, alors qu’il était ministre des Territoires de l’Est occupés, contre le traitement inhumain trop souvent réservé aux prisonniers russes (14) . Douguine lui attribue par ailleurs une mentalité “colonialiste”, alors même que l’on trouve dans Le Mythe du XXᵉ siècle plusieurs passages où l’auteur se réjouit de voir la Chine commencer à chasser de son territoire les ploutocrates occidentaux venus piller ses ressources.
LE DÉCLIN DE L’INFLUENCE DE DOUGUINE
Douguine n’est-il donc qu’« un Raspoutine de sous-préfecture » (15) ? Sans doute pas, en réalité, bien qu’il ne faille surtout pas surestimer son importance. Il a tout de même accédé à des fonctions officielles, contrairement à un Parvulesco, dont l’audience n’a jamais dépassé, en France même, quelques cercles d’esthètes à l’esprit embué.
C’est ainsi que Douguine, en 1998, a été nommé conseiller à la présidence de la Douma pour les questions stratégiques et géopolitiques. Mais ce fanatique exalté et confus commit une erreur fatale en 2014, alors qu’il avait été élu en 2008 à la chaire de sociologie des relations internationales à l’Université Lomonossov de Moscou, en appelant à « tuer, tuer et tuer encore » les Ukrainiens, suscitant contre lui une pétition qui lui coûta son poste, puisqu’il accusait aussi le gouvernement de Poutine de se montrer trop timide et trop prudent dans son traitement de la question ukrainienne.
Excité perpétuel, Douguine est peu à peu devenu encombrant. Tous les prorusses d’aujourd’hui qui prétendent qu’il a l’oreille de Poutine se font beaucoup d’illusions. On sait, en réalité, qu’il n’a jamais rencontré le chef du Kremlin en tête-à-tête, et que, plus encore, ce dernier n’a jamais fait mention de son nom jusqu’à l’envoi de ses condoléances, évidemment, après l’assassinat de Daria Douguina.
D’ailleurs, la supposée étroite collaboration Poutine-Douguine résistet-elle à la simple considération du tempérament de chacun ? C’eût été vraiment l’alliance de la carpe et du lapin : quoi de commun, en effet, entre le réaliste machiavélien et machiavélique, froid tacticien, et l’excentrique exalté ?
Comment imaginer qu’il n’y ait pas au Kremlin des experts en géopolitique et relations internationales beaucoup plus raisonnables et compétents que Douguine ? Ainsi que j’ai pu le lire dans l’excellent mensuel “paléo-conservateur” américain Chronicles, Douguine a aussi contre lui, en raison de sa forte dose de nostalgie de l’époque soviétique, une fraction importante de la droite russe.
« Durant les huit ans qui suivirent [l’année 2014], il n’a pas fait une seule apparition à la télévision d’État, ni même sur des chaînes privées proches du Kremlin. » (16) De surcroît, il n’était plus, si tant est qu’il l’eût jamais été, sous la protection du service de protection des hautes personnalités. Il ne fait en réalité guère de doute que c’est bien lui qui était visé dans l’attentat qui a coûté la vie à sa malheureuse fille, et pour cette raison, précisément, qu’il ne bénéficiait d’aucune protection.
Concernant la surestimation parfois grotesque de l’importance de Douguine, on rappellera que tous ses livres traduits ont été édités en France par une minuscule maison d’édition nantaise, Ars magna, fondée et animée par un sinistre personnage à la double casquette, Christian Bouchet. Celui-ci est en effet, d’un côté un “nationaliste-révolutionnaire” qui se réclame des frères Strasser et de Thiriart, mais aussi, d’un autre côté, un grand amateur des égouts psychiques de l’underground gothic et sataniste, qui a d’ailleurs consacré sa thèse au célèbre mage anglais Aleister Crowley, adepte de toutes les perversions sexuelles et personnage dénué de toute parole.
Or, si Douguine était une personnalité vraiment importante, vraiment influente, il est évident que de grands éditeurs se seraient intéressés à lui, non pas bien sûr par sympathie pour ses “idées”, mais tout simplement dans l’espoir de gagner de l’argent. Ce n’est pas le cas. Revenu sur le devant de la scène à la faveur de la guerre russo-ukrainienne, Douguine retombera probablement, en dehors de la Russie, dans un certain anonymat, car ses délires ne font vraiment pas le poids.
À ceux qui diront que l’on ne cible pas avec des moyens criminels sophistiqués une personnalité sans importance réelle, on peut opposer l’auto-intoxication de cercles occidentaux, favorables ou hostiles à Douguine, qui, le replaçant au premier plan, ont fait de lui, dans un climat de haine aggravée, une cible à abattre pour, sans doute, non pas les services secrets ukrainiens eux-mêmes, mais des éléments soutenus et armés par eux.
On a déjà vu des cas similaires par le passé. Quant au crédit dont Douguine jouit encore en France auprès de la « Nouvelle Droite », il demeure pour moi un mystère : qu’un esthète comme Michel Marmin, grand admirateur de Parvulesco, soit séduit (peut-être) par Douguine, voilà qui s’expliquerait facilement.
Mais qu’un Alain de Benoist, représentant d’une droite voltairienne rationaliste, soutienne encore l’idéologue moscovite, voilà qui ne trouve pas de réponse — pas de réponse, en tout cas, dans l’ordre des idées, à l’exception d’une américanophobie systématique, rabique et intangible, il est vrai très répandue en France dans les milieux les plus divers. Or si l’on peut certes être très critique sur les Etats-Unis, il faut admettre que s’y manifestent de fortes réactions à la décadence, comme la récente décision de la Cour suprême de revenir sur le droit fédéral à l’avortement.
Axel COURLANDE.
1. Terme dérivé de l’iranien touran, qui désigna d’abord les « nomades du Nord », avant de prendre au XIXᵉ siècle un sens plus politique, le touranisme désignant depuis l’idéal d’un grand empire qui réunirait tous les peuples turcophones.
2. De Leontiev, cf. notamment un livre dont le titre se passe de tout commentaire en matière d’hostilité à l’Occident moderne : L’Européen moyen : idéal et outil de la destruction universelle, L’Age d’homme, Lausanne, 1999.
3. Je pense avant tout au numéro double 2728, automne-hiver 1975, de Nouvelle École et à son énorme article central « Il était une fois l’Amérique » (pp. 9-96) cosigné Robert de Herte [Alain de Benoist] et Hans-Jürgen Nigra [Giorgio Locchi]. Ce texte contient des passages d’une américanophobie tellement rabique et primaire que, de tous les anciens numéros de Nouvelle École, celui consacré à l’Amérique est le seul à n’avoir jamais fait l’objet d’un reprint ou facsimilé, comme si Benoist réécrivait sa propre histoire à la façon d’un vulgaire réviseur stalinien. Cf. à ce sujet l’article de Philippe Baillet, « Alain de Benoist, Philippe Nemo et l’immense misère de notre temps », Tabou, Akribeia, Saint-GenisLaval, n° 19, 2012, pp. 152-189.
4. Cf. « Entretien avec Lucien Cerise sur les enjeux de la guerre russo-ukrainienne », RIVAROL, n° 3530, 31/08/2022, p. 6.
5. Sur Giannettini, cf. la longue note 28, pp. 61-62 de Philippe Baillet dans son livre L’Autre Tiersmondisme des origines à l’islamisme radical, Akribeia, Saint-Genis-Laval, 2016. Baillet précise dans cette note qu’il rencontra Parvulesco à plusieurs reprises à la fin des années 1970 et au début des années 1980.
6. Parvulesco participera lui aussi, bien plus tard, à la construction théorique de ce gaullisme imaginaire. Il s’agissait peut-être d’entériner et même de renforcer un certain ralliement politique au gaullisme de la part d’une fraction de la « Nouvelle Droite » : cf. son livre Les fondements géopolitiques du grand-gaullisme, Guy Trédaniel, Paris, 1995. Selon le témoignage de Ph. Baillet, Parvulesco, à la fin des années 70, alors qu’il animait une éphémère feuille de géopolitique intitulée De l’Atlantique au Pacifique, fréquentait beaucoup le gaulliste Alexandre Sanguinetti, qui, en dépit de son passé politique (il avait été membre de l’Action française pendant l’entre-deux-guerres), fut l’un des artisans, avec Roger Frey, de la chasse impitoyable aux défenseurs les plus déterminés de l’Algérie française, au nom d’un gaullisme, celui des barbouzes, très peu « transcendantal » mais véritablement abject.
7. Parvulesco a consacré un essai à ce philosophe et ésotériste hypercérébral, décharné et fumeux : cf. son livre Le soleil rouge de Raymond Abellio, Guy Trédaniel, Paris, 1987.
8. Tel est le jugement de Baillet dans son pamphlet (mais qui est aussi bien plus qu’un pamphlet) De la confrérie des Bons Aryens à la nef des fous. Pour dire adieu à la droite radicale française, Akribeia, Saint-Genis-Laval, 2018, p. 118.
9. Alexandre Douguine, Pour le Front de la Tradition, Ars magna, Nantes, 2017, p. 161.
10. Ibid.
11. Ph. Baillet, De la confrérie des Bons Aryens à la nef des fous, op. cit., p. 120.
12. A. Douguine, Pour le Front de la Tradition, op. cit., p. 332.
13. Cité par Pierre-André Taguieff, « Alexandre Douguine, l’icône du nouveau traditionalisme impérial russe », frontpopulaire.fr, 28/08/2022.
14. Même l’antirivarolien Johann Chapoutot a reconnu ce point : cf. son livre La Loi du sang. Penser et agir en nazi, Gallimard, Paris, 2014, pp. 349-351.
15. C’est ainsi que Baillet le qualifie au début des pages 115-125 qu’il lui consacre dans De la confrérie des Bons Aryens à la nef des fous, op. cit.
16. Srdja Trifkovic, « Russia’s Strawman Svengali Feels the West’s Wrath [L’homme de paille manipulateur de Russie subit la colère de l’Occident] », Chronicles, 26/08/2022 (sur le site du magazine). Le terme étrange de svengali désigne en anglais une « personne qui en manipule ou contrôle une autre par son influence hypnotique ou sinistre ».
De Maurice CLAIRE-OBERNAI : COMPLÉMENTS SUR DOUGUINE
(Droit aux lettres de Rivarol n° 3537 du 19 octobre 2022.)
Souhaitant prendre part à la polémique qui agite les derniers numéros de RIVAROL, je propose un petit complément à la tribune libre de Axel Courlande titrée « De Parvulesco à Douguine : entre imposture et délire » et parue dans RIVAROL du 28/9/2022.
L’article de M. Courlande a dégonflé avec brio cette baudruche nommée Alexandre Douguine, une figure très en vue dans l’extrême-droite française et qui connaît un regain d’intérêt à l’heure du conflit russo-ukrainien. Toutefois, je souhaiterais en remettre une couche en laissant la parole à l’intéressé. Ayant toujours pensé que Douguine était à la fois une arnaque qui adapte son discours pour plaire à tous les publics (Alain Soral, David Duke, Kémi Seba, Matteo Salvini…) et une voie de garage, j’ai souhaité dresser un inventaire de quelques-unes des positions ridicules et odieuses du barbu.
-Douguine, lorsqu’il s’adresse aux connaisseurs, fait preuve d’un anti-catholicisme et d’un philo-maçonnisme fanatique. Il affirme : « Il faut briser le catholicisme de l’intérieur, renforcer la franc-maçonnerie polonaise, soutenir les mouvements laïcs dissolvants, promouvoir le christianisme hétérodoxe et anti-papiste.
S’il existe une loge en Pologne comme celle de l’Irish Golden Dawn en Irlande, dont les chefs, comme William Butler Yeats ou Maud Gonne, étaient à la fois des catholiques et des occultistes fanatiques inspirés par la culture celtique, alors nous aurions de l’espoir. De telles personnes pourraient décomposer le catholicisme de l’intérieur et le réorienter vers quelque chose de plus hétérodoxe, voire ésotérique. Je sais par mes amis polonais qu’il existe là-bas des groupes qui se réclament du télémisme ou de l’œuvre d’Aleister Crowley. » (1) [Rappelons au passage qu’il y a en Ukraine presque 5 millions de catholiques (7 % de la population) contre seulement 770 000 en Russie (0,5 % de la population). De plus, le pays de Bandera (lui-même fils de prêtre catholique) héberge un groupement sédévacantiste non négligeable en la présence de l’Église gréco-catholique orthodoxe ukrainienne (UOGCC) (2)
-Sataniste convaincu, Douguine n’hésite pas à rendre un hommage public à l’occultiste Aleister Crowley en récitant, avec une ardeur toute démoniaque, des textes du sorcier. (3)
-Tiers-mondiste sur le plan politique, Douguine fait preuve d’un fort racisme anti-Blancs et d’une haine totale de l’Occident en affichant un soutien total au dictateur marxiste, criminel et anti-Blancs Robert Mugabe.
Il déclare ainsi : « Je suis pour les Noirs. La civilisation blanche — ses valeurs culturelles, son modèle menteur et inhumain — ne se justifie pas. Tout semble tendre vers un gigantesque pogrom anti-Blancs à l’échelle planétaire. La Russie sera sauvée seulement parce qu’elle n’est pas purement blanche. Les voleurs des multinationales, l’oppression et la suppression de l’Autre, MTV, le bleu et le rose — ce sont les fruits de la civilisation blanche qui doit être éliminée. C’est pourquoi je suis pour les Rouges, les Jaunes, les Verts, les Noirs — et jamais pour les Blancs. Je me range de tout mon cœur du côté du peuple zimbabwéen. » (4)
-« L’Occident devra payer. Le mieux serait de le peupler avec des Chinois, des Tatars, des musulmans, tout le nomadisme eurasien. […] L’Occident est une terre morte. Il ne reprendra vie que lorsque les Cosaques, les Tadjiks et les Kazakhs l’occuperont. » (5)
-Sa haine des Blancs ne serait pas complète sans un amour pour les Juifs et leur sorcellerie, la kabbale. Lors d’un débat organisé par le Nexus Institute, il affirma ainsi que « la tradition kabbaliste est la plus belle réalisation de l’esprit humain » (6).
-Ce n’est pas tout. Le Raspoutine mythomane, pourfendeur de la « décadence occidentale » et de sa propagande LGBT, ose écrire dans sa préface d’un ouvrage sur l’homosexualité :
« Prenez par exemple les Templiers ou les religions orientales.
L’homosexualité fait partie de la recherche de Dieu, c’est une tentative d’atteindre la sainteté par la chute, à travers une sorte de mort morale. C’est comparable à la mystique manichéenne ou aux idées du christianisme primitif. » (7)
-En plus de sa défense des pratiques homosexuelles, le Russe fou a des liens très étroits avec les militants pro-LGBT. Il a été marié avec une certaine Evgenia Debryanskaya, avec laquelle il a eu un fils nommé Arthur en hommage à l’homosexuel Arthur Rimbaud. Debryanskaya est notamment connue pour être une activiste qui milite en faveur du « mariage homosexuel » et de la légalisation de la marijuana (8) .
Est-il nécessaire d’en dire davantage pour se faire une opinion définitive sur le sieur Douguine ?
1. https://fitzinfo.net/2021/02/06/soviet-du-gin-says-jewry-freemasonry-anti-catholicism-best-parts-of-polish-history/ et https://www.fronda.pl/a/aleksander-dugin-rosja-nie-chce-niepo-dleglej-polski-1,111359.html
2. http://uogcc.org.ua/en/
3. https://www.youtube.com/watch?v=l_PcWPlgz-gw
4. https://fitzinfo.net/2020/06/20/putins-brain-alek-sandr-dugin-calls-for-the-end-to-white-civilisation/ et https://archive.ph/UyPU
5. https://archive.ph/gYCFd
6. https://www.youtube.com/watch?v=xV9i5KxOwgw
7. https://fitzinfo.net/2022/04/01/putins-brain-du-gin-calls-for-support-of-nationalist-traditiona-list-homosexuality/
8. https://www.rferl.org/a/russia-msocow-de-brynskaya-ex-dissidents/27386502.html
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En russe, pamiat’ (память) signifie mémoire : c’est la raison du choix de ce nom (qui est une approximation, la lettre « ь » ne pouvant être initiale, mais seulement marquer l’altération d’une consonne la précedant).
Un excellent travail, complété d’une lettre de lecteur très instructive. Si des textes aussi rigoureux avaient été publiés, depuis deux cents ou deux cent cinquante ans, chaque fois qu’un ésotériste a infiltré le cœur même de la foi catholique (de Maistre, Barbey d’Aurevilly, David « Paul » Drach, Léon Bloy et tant d’autres), on n’en serait pas où nous en sommes.
Une opinion personnelle sur les liens entre le Kremlin et Douguine : des personnalités qui ont les mêmes idées à peu près que lui sont brutalement réprimées en Russie ; il semble donc que Poutine se serve de Douguine comme des souverainistes ou des nostalgiques de la Russie communiste, donc pour peser sur l’opinion des Occidentaux ainsi que le faisait l’Union soviétique à l’époque par le Komintern ou les partis communistes « héros de la résistance ». C’est d’ailleurs au sein des mouvements gauchistes, des souverainistes et des ésotéristes de tous bords qu’on trouve ressassés à l’infini, outre les éléments objectivement pertinents du point de vue politique russe, les mensonges les plus éculés et les plus grotesques proférés à Moscou.
Les explications de M. Courlande sont très intéressantes et il est dommage que cela se conclut sur cette phrase absolument malheureuse : « Or si l’on peut certes être très critique sur les Etats-Unis, il faut admettre que s’y manifestent de fortes réactions à la décadence, comme la récente décision de la Cour suprême de revenir sur le droit fédéral à l’avortement. » Ce serait plutôt un signe que les États-Unis se resaisissent !
Sinon (pour la deuxième partie), W.B.Yeats et Maud Gonne n’étaient pas catholiques mais protestants.
Article excellent sinon. Merci.
Pour autant que je le sache, vous avez raison sur Yeats qui était protestant, mais Maud Gonne était bien catholique.
https://en.wikipedia.org/wiki/Maud_Gonne
En fait c’est exactement ce que dit ici cet auteur, avec lequel vous êt4s donc d’accord.
Après vérification, pour être exact Maud Gonne s’était convertie au catholicisme pour son mariage.
Quant au protestant Yeats, ses opinions sur le catholicisme varièrent, mais je n’ai pas trouvé qu’il se serait converti, donc Douguine se trompe ; comme les autres ésotéristes, il confond ce qu’il croit et ce qu’il sait.