LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE EST UNE HÉRÉSIE – CHARLES MAIGNEN (Docteur en Théologie)

Ce qui divise la France en deux camps, ce n’est pas la forme du gouvernement c’est le principe de l’autorité.

Nous sommes en présence de deux doctrines : celle de l’Eglise :

«Tout pouvoir vient de Dieu», et celle de la Révolution : «Tout pouvoir vient du peuple».


L’une et l’autre peuvent s’adapter aux différentes formes du pouvoir politique. La première a trouvé son application dans les républiques de Venise, de Gênes et des cantons Suisses, comme dans la monarchie française. La seconde a dominé les monarchies constitutionnelles, comme les trois républiques qui se sont succédées, en France, depuis la Ré-volution.


Tout n’est donc pas dit quand on s’est proclamé républicain ou monarchiste ; mieux vaudrait dire si l’on est partisan ou adversaire de la souveraineté du peuple.


Pourquoi, en pratique, la division se manifeste-t-elle plutôt, sur la forme que sur le principe de l’autorité ? Est-ce pure équivoque et malentendu ? Non.


C’est que, en réalité, si toutes les formes politiques sont conciliables avec l’une et l’autre doctrine, il en est cependant qui répondent plus complètement à l’une ou à l’autre.


La philosophie enseigne que la monarchie est la meilleure forme de gouvernement et si l’Eglise devait se prononcer un jour sur la question de principe, sans proscrire aucune forme régulière, c’est en ce sens qu’elle le ferait.


Nous savons, d’autre part, que les partisans de la souveraineté du peuple, préfèrent la république à la monarchie, même constitutionnelle, et l’établissent ou tendent à l’établir partout.
Il est donc naturel qu’en France, pays de la logique et des conséquences extrêmes, la lutte des deux principes se ma-nifeste par la lutte des formes politiques qui en sont, chacune pour sa part, la plus parfaite expression.


Avant tout, il faut poser nettement la question, telle qu’elle s’agite dans les esprits, afin d’avoir une pierre de touche qui permette aux vrais enfants de l’Eglise de se reconnaître, et qui fasse l’union, en séparant le bon grain d’avec l’ivraie.


Si les catholiques sont divisés, c’est parce qu’ils ne sont pas assez séparés de leurs ennemis.
Plusieurs se laissent prendre aux apparences et aux formules ; il faut mettre en lumière et en évidence l’objet fonda-mental du débat et montrer où est l’ennemi, si vraiment on veut le vaincre.
Le dogme révolutionnaire de la souveraineté du peuple ; voilà l’ennemi !


Tant que cette erreur dominera les esprits, il n’y aura pas, dans le monde, un seul gouvernement qui puisse rester chrétien.


La monarchie chrétienne sera impossible, faute d’un peuple qui sache obéir, et d’un roi qui ose commander.


La république chrétienne sera plus impossible encore, parce qu’il est insensé d’établir un gouvernement populaire, là ou le peuple ne connaît pas de limites à sa souveraineté.


Il faut donc que tous les efforts de l’Eglise et des catholiques tendent à ce but : proclamer la déchéance de l’homme qui a usurpé, dans la société, la place de Dieu ! L’Eglise, un jour, le fera.


Elle frappera d’anathème, le dogme fondamental de la Révolution : «Si quelqu’un dit que la souveraineté ne vient pas de Dieu, mais du peuple et réside essentiellement dans la nation, qu’il soit anathème». Ce sera le jour du triomphe !


Mais, en attendant, nous catholiques, parlons, et proclamons hautement, en face de la bête révolutionnaire, ivre du sang des âmes qu’elle dévore, la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ, source unique et seul maître de toute souveraineté.


C’est là, je le reconnais, un programme qui serait peu goûté des électeurs, et voilà le souci qui a rendu insuffisants et inefficaces les programmes rédigés jusqu’ici par les catholiques.


Mais le programme du parti catholique, ne doit pas être un programme électoral.
L’Eglise ne peut pas établir le peuple juge de ses différends avec l’Etat.


Si nous soumettons ses droits et ses immunités au verdict du peuple souverain, nous sommes bien coupables.


Prenons part aux luttes politiques pour instruire et non pour séduire.


Apprenons au peuple que s’il veut de bons gouvernants, il faut qu’il consente à avoir des maîtres.
Rappelons lui qu’il détient contre le bon sens et la justice, les droits incessibles du pouvoir souverain, et, si nous des-cendons dans l’arène politique, que ce ne soit pas pour lui dire l’Ave César des gladiateurs, mais le Credo des martyrs.


Notre premier soin, dans ce travail, sera d’étudier la doctrine catholique sur la nature, l’origine et la fin de la société, ainsi que sur l’origine et la meilleure forme du pouvoir social et du gouvernement.
Nous examinerons ensuite, les principes essentiels de la doctrine révolutionnaire et les institutions politiques les plus conformes à l’application de ces doctrines.


Nous ferons à la lumière de l’enseignement catholique, la critique du régime politique de la Révolution, et nous montrerons ce qu’il contient d’incompatible avec la doctrine et l’existence même de l’Eglise.
Enfin nous nous efforcerons de tirer quelques conclusions de ce travail : conclusions théoriques pour la doctrine, con-clusions pratiques pour l’action.

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3 thoughts on “LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE EST UNE HÉRÉSIE – CHARLES MAIGNEN (Docteur en Théologie)

  1. Il me semble essentiel de rappeler, afin qu’on ne se méprenne pas sur les enjeux de cette question, que jamais le « peuple souverain » ne fut autre chose qu’un fallacieux slogan : si les républicains y avaient cru, les révolutionnaires auraient donné naissance à ce que souhaitait le peuple français, c’est-à-dire à une monarchie catholique, avec des prêtres « réfractaires » (comme les Gaulois moqués par certains), et non jureurs. Donc ils auraient fait l’inverse de la révolution.

    Croire à un mensonge de l’Ennemi serait encore le propager – inconsciemment, certes, et d’autant plus efficacement donc.

    Saint Thomas d’Aquin, dans sa Somme thèologique, a longuement traité des rapports entre la foi chrétienne et l’État.

    La norme de toute conception chrétienne de la politique :

    Évangile selon saint Matthieu, chapitre XXII, verset 21 :

    Ἀπόδοτε οὖν τὰ Καίσαϱος Καίσαϱι· ϰαὶ τὰ τοῦ Θεοῦ τῷ Θεῷ.
    Reddite ergo quæ sunt Cæsaris Cæsari et quæ sunt Dei Deo.
    Donc rendez à César ce qui est à César ; et à Dieu ce qui est à Dieu.

    Évangile selon saint Marc, chapitre XII, verset 17 :

    Ἀπόδοτε τὰ Καίσαϱος Καίσαϱι, ϰαὶ τὰ τοῦ Θεοῦ τῷ Θεῷ.
    Reddite igitur quæ sunt Cæsaris Cæsari et quæ sunt Dei Deo.
    Rendez [donc] à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

    Évangile selon saint Luc, chapitre XX, verset 25 :

    Ἀπόδοτε τοίνυν τὰ Καίσαϱος Καίσαϱι, ϰαὶ τὰ τοῦ Θεοῦ τῷ Θεῷ.
    Reddite ergo quæ Cæsaris sunt Cæsari et quæ Dei sunt Deo.
    Donc rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

  2. Il me semble essentiel de rappeler, afin qu’on ne se méprenne pas sur les enjeux de cette question, que jamais le « peuple souverain » ne fut autre chose qu’un fallacieux slogan : si les républicains y avaient cru, les révolutionnaires auraient donné naissance à ce que souhaitait le peuple français, c’est-à-dire à une monarchie catholique, avec des prêtres « réfractaires » (comme les Gaulois moqués par certains), et non jureurs. Donc ils auraient fait l’inverse de la révolution.

    Croire à un mensonge de l’Ennemi serait encore le propager – inconsciemment, certes, et d’autant plus efficacement donc.

    Saint Thomas d’Aquin, dans sa Somme thèologique, a longuement traité des rapports entre la foi chrétienne et l’État.

    La norme de toute conception chrétienne de la politique :

    Évangile selon saint Matthieu, chapitre XXII, verset 21 :

    Ἀπόδοτε οὖν τὰ Καίσαϱος Καίσαϱι· ϰαὶ τὰ τοῦ Θεοῦ τῷ Θεῷ.
    Reddite ergo quæ sunt Cæsaris Cæsari et quæ sunt Dei Deo.
    Donc rendez à César ce qui est à César ; et à Dieu ce qui est à Dieu.

    Évangile selon saint Marc, chapitre XII, verset 17 :

    Ἀπόδοτε τὰ Καίσαϱος Καίσαϱι, ϰαὶ τὰ τοῦ Θεοῦ τῷ Θεῷ.
    Reddite igitur quæ sunt Cæsaris Cæsari et quæ sunt Dei Deo.
    Rendez [donc] à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

    Évangile selon saint Luc, chapitre XX, verset 25 :

    Ἀπόδοτε τοίνυν τὰ Καίσαϱος Καίσαϱι, ϰαὶ τὰ τοῦ Θεοῦ τῷ Θεῷ.
    Reddite ergo quæ Cæsaris sunt Cæsari et quæ Dei sunt Deo.
    Donc rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

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