24 août : fête de Saint Barthélemy – Vie du Saint et mensonge historique

Saint Barthélemy
Apôtre
(† vers l’an 71)
Barthélemy, appelé par le Sauveur, vécut avec Lui, assista à Ses prédications, entendit Ses paraboles, fut le témoin de Ses vertus divines.
Après la Pentecôte, il fut envoyé prêcher l’Évangile dans l’Inde, au-delà du Gange. Dans tous les pays qu’il dut traverser, il annonça Jésus-Christ, Rédempteur du monde. Son zèle et ses prodiges eurent bientôt changé la face de ces contrées; non seulement il convertit les foules, mais il ordonna des prêtres pour le seconder et consacra des évêques. Quand, plus tard, saint Pantène évangélisa ce pays, il y trouva l’Évangile de saint Matthieu, apporté là par Barthélemy.
En quittant les Indes, l’Apôtre vint dans la grande Arménie. Dans la capitale de ce pays, il y avait un temple où l’on rendait les honneurs divins à l’idole Astaroth, et où l’on allait lui demander la délivrance des sortilèges et lui faire prononcer des oracles; le prédicateur de la foi s’y rendit, et aussitôt l’idole devint muette et ne fit plus de guérisons. Les démons avouèrent aux prêtres de ce faux dieu que la faute en était à Barthélemy, et leur donnèrent son signalement; mais l’Apôtre se fit assez connaître par ses miracles; il délivra du démon la fille du roi, et fit faire à l’idole, en présence d’une foule immense, l’aveu public de ses fourberies; après quoi le démon s’éloigna en grinçant des dents. Une merveille si éclatante convertit le roi et une multitude de personnes; la famille royale et douze villes du royaume reçurent bientôt le baptême.
Le démon résolut de se venger; l’Apôtre fut saisi par le frère du roi et condamné à être écorché vif. Les bourreaux inhumains s’armèrent de couteaux et de pierres tranchantes et écorchèrent la victime de la tête aux pieds; de telle sorte que, n’ayant plus de peau, son corps montrait une chair sanglante percée de ses os. Il eut ensuite la tête tranchée. Le corps écorché et la peau sanglante de l’Apôtre furent enterrés à Albane, en la haute Arménie; il s’y opéra tant de miracles, que les païens furieux, enfermèrent le corps du bienheureux dans un cercueil de plomb et le jetèrent à la mer. Mais le cercueil, flottant sur l’onde, vint heureusement à l’île de Lipari, près de la Sicile.
Plus tard, les Sarrasins s’emparèrent de cette île et dispersèrent les saintes reliques; mais un moine reçut, dans une vision, l’ordre de recueillir les ossements de l’Apôtre. Le corps de saint Barthélemy est aujourd’hui à Rome, son chef à Toulouse.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950
le 24 août 1572
Nous vivons dans un monde de mensonge il est vrai, le Prince de ce monde étant lui même le Père du mensonge cela n’a rien d’étonnant. Mais sachons bien que les plus grands mensonges jamais inventées l’ont été contre la Sainte Église Catholique, jamais aucune institution n’a été autant calomniée que celle-ci.
Et ces mensonges règnent en maître, surtout depuis la révolution française, faute de donner la paroles à des contradicteurs sérieux. Car qu’il s’agisse des Croisades, de l’inquisition, de la St Barthélémy, du procès de Galilée, des conquistador, etc. Toutes les preuves historiques démontrant que la Sainte Église fut toujours vertueuse et exemplaire existent, aussi exposons-les !

Extrait du Manuel d’Apologétique de l’Abbé A. BOULENGER « IMPRIMATUR 30 Aprilis 1920 » :
Les Guerres de religion et la Saint-Barthélemy.
1° Exposé des faits — Les Guerres de religion sont les luttes civiles entre catholiques et protestants, qui, durant les règnes de François II, Charles IX et Henri III, ensanglantèrent la France. Au nombre de huit, elles débutèrent en 1562, à la suite du massacre de Vassy et se terminèrent par la promulgation de l’Édit de Nantes (1598) qui garantissait aux protestants le libre exercice de leur culte dans les villes où il avait été organisé par les précédents édits, le droit de bâtir des temples, l’accès à toutes les charges publiques, etc.
On donne le nom de Saint-Barthélemy au massacre de l’amiral de Coligny et de nombreux gentilshommes protestants venus à Paris pour assister au mariage mixte de Marguerite de Valois avec Henri de Navarre, le futur Henri IV : massacre qui fut ordonné par le roi Charles IX et exécuté dans la nuit du 24 août 1572 (jour de la fête de saint Barthélemy).
2° Accusation — A. A propos des guerres de religion, nos adversaires en rejettent toute la responsabilité sur l’Église catholique. — B. A propos de la Saint-Barthélemy, ils l’accusent : — 1. d’avoir préparé le massacre : et — 2. de l’avoir approuvé.
3° Réponse — A. GUERRES DE RELIGION — a) II est injuste de rendre l’Église catholique responsable des guerres de religion. Celles-ci furent en effet déterminées par des causes politiques plutôt que religieuses. La religion catholique étant considérée à cette époque comme un des fondements essentiels de la société, l’État, en déclarant la guerre aux huguenots, a eu pour but de protéger l’ordre social et l’unité de la nation. Les premiers et les vrais responsables sont donc les protestants eux-mêmes qui se révoltaient contre l’ordre de choses établi. L’on nous objecte, il est vrai, que le massacre de Vassy, qui leur servit de point de départ, fut l’œuvre des Guises, les chefs du parti catholique. La chose est exacte, mais il ne faut pas oublier que, déjà auparavant, et dès 1560, les protestants avaient pillé l’église de Saint Médard à Paris, jeté la terreur en Normandie, dans le Dauphiné et la Provence, que dans différentes villes, Montauban, Castres, Béziers, ils avaient interdit le culte catholique et forcé le peuple à assister au prêche : il ne faut pas oublier non plus que, pour servir leurs desseins, les protestants pactisèrent avec l’étranger, que l’amiral de Coligny et Condé firent appel à Elisabeth d’Angleterre, lui promettant, en échange de son or et de ses troupes, la cession du Havre, de Dieppe et de Rouen. — b) Quant aux atrocités, il n’y a pas lieu davantage de les invoquer contre l’Église catholique, car il y eut, des deux côtés, des actes regrettables. Et, tout compte fait, il semble bien que l’intolérance protestante n’est pas allée moins loin que l’intolérance catholique. Les protestants n’ont-ils pas profané les églises, détruisant les saintes images, déchirant les riches enluminures des manuscrits et des missels, renversant les croix, brisant les châsses et autres objets sacrés de grande valeur artistique? N’ont-ils pas, en un mot, commis des actes de vandalisme inexcusables et accompli des destructions irréparables?
B. La Saint-Barthélemy — Parmi ces violences, la plus odieuse certainement, — et celle-là au compte du parti catholique, — fut le massacre de la Saint-Barthélemy. Mais est-il vrai que l’Église y ait joué le premier rôle, soit en préparant, soit en approuvant le massacre?

a) Préparation du massacre — Pour démontrer ce premier point, nos adversaires s’appuient sur des lettres du pape S. Pie V à Charles IX et à Catherine de Médicis, dans lesquelles il les exhorte à exterminer les protestants français[117]. Il est indiscutable que dans ces lettres le pape prêche la guerre sainte, et demande qu’on poursuive avec une fermeté impitoyable les hérétiques insurgés ; mais dans sa pensée il s’agissait d’une guerre légitime, faite selon le droit des gens ; ce n’était nullement une exhortation à un massacre tel que la Saint-Barthélemy. La chose devient plus évidente encore, si l’on suppose, comme certains historiens le font, que le mariage du jeune prince calviniste, Henri de Navarre, avec Marguerite de Valois, catholique, servit de prétexte pour attirer les seigneurs huguenots dans un guet-apens et les faire assassiner tous à la fois, car le pape S. Pie V a toujours refusé son consentement à ce mariage : ce qu’il n’aurait pas fait s’il avait été complice de la soi-disant machination.
Mais il n’y a pas eu même préméditation, de la part de la Cour de France. Il ressort en effet de nombreux témoignages contemporains que, au printemps de 1572, l’amiral de Coligny voulait entraîner le roi Charles IX dans une guerre contre l’Espagne, et que Catherine de Médicis voulait, au contraire, maintenir la paix avec Philippe II. Comme l’avis de Coligny semble prévaloir auprès du jeune roi, la Reine-Mère conçoit le projet machiavélique de supprimer l’adversaire qui la gêne : le meurtre lui apparaît légitime, parce que commandé par la « raison d’État ». Elle se met alors à combiner avec les Guises, ennemis personnels de Coligny, des projets d’assassinat. Le 18 août, mariage de Henri de Navarre avec Marguerite de Valois. Les gentilshommes protestants y sont venus de partout. Le 22 août, c’est-à-dire quatre jours après la cérémonie, tentative de massacre du seul amiral de Coligny : ce qui prouve bien qu’il n’est pas encore question de massacrer tous les protestants. Grand émoi alors parmi les seigneurs protestants qui projettent de venger Coligny, bien que celui-ci n’ait été blessé que légèrement. Devant une situation aussi critique, et dans la crainte d’être découverte, Catherine de Médicis prend un parti désespéré, et, profitant de l’attitude des protestants qui profèrent des menaces de mort contre les catholiques, et en particulier contre les Guises, elle représente au roi que les huguenots conspirent contre la sûreté de l’État et que c’est une mesure de salut public de les exécuter en masse. Elle arrache ainsi au roi affolé l’ordre de massacre
Nous pouvons donc conclure : — 1. que le massacre de la Saint Barthélemy a été un crime politique commis à l’instigation de Catherine de Médicis ; et — 2. que, le massacre n’ayant pas été prémédité, l’on ne saurait, par conséquent, accuser l’Église de l’avoir préparé.
b) Approbation du massacre — Après le massacre de la Saint-Barthélemy, le clergé de Paris célébra, le 28 août, une messe solennelle et fit une procession en action de grâces. A Rome, le pape Grégoire XIII, qui avait succédé à S. Pie V, le 13 mai 1572, éprouva une grande joie à la nouvelle de la Saint-Barthélemy. Il l’annonça lui-même au consistoire, fit chanter un Te Deum à l’église Sainte-Marie-Majeure, fit frapper une médaille en souvenir de ce grand événement et ordonna la composition de la fresque fameuse de Vasari, où sont représentées les principales scènes de la sanglante journée. Tels sont les faits qui ont donné à croire que l’Église catholique, dans la personne de ses chefs, a approuvé le massacre. Mais il s’agit de savoir quelle idée on se faisait, à Paris et à Rome, de l’événement en question. Massacre et lâche assassinat, ou légitime défense? Dans le premier cas, la complicité de l’Église serait certainement engagée. Dans le second, l’attitude de ses représentants devient toute naturelle. Or c’est justement la seconde hypothèse qu’il faut envisager.
1. Pour ce qui concerne d’abord le clergé de Paris, il est clair que ses renseignements étaient inexacts. Comme tout le monde, il croyait qu’il y avait eu, de la part des huguenots, projet d’attentat contre la sûreté de l’État : il en voyait la preuve évidente dans ce fait que, le 26, Charles IX avait, devant le Parlement, revendiqué la responsabilité du drame, tout en expliquant qu’il lui avait été imposé par la connaissance d’un complot contre le gouvernement et la famille royale. Comment s’étonner alors que le clergé parisien ait célébré, d’accord avec le peuple, une cérémonie d’actions de grâces, demandée officiellement par la Cour pour remercier le ciel d’avoir préservé le Roi et châtié les coupables ?
2. Quant à Grégoire XIII, il reçut la nouvelle de la Saint-Barthélemy, par un ambassadeur de Charles IX, le sieur de Beauvillier. Les faits lui furent donc présentés d’après la version officielle de la Cour de France. Avec le message du roi Charles IX, le même Beauvillier apportait une lettre de Louis de Bourbon, neveu du cardinal. Écrite le surlendemain du massacre, cette lettre expliquait que, dans le but de faire monter un prince protestant sur le trône, l’amiral de Coligny préparait le meurtre du roi et de la famille royale. Aussi inexactement renseigné, il est donc tout naturel que Grégoire XIII ait manifesté ses sentiments de joie avec tant de spontanéité, et qu’il en ait fait la démonstration publique. De nos jours encore, les chefs d’État n’échangent-ils pas entre eux des congratulations, lorsque l’un d’eux a échappé à un attentat ?
Conclusion — Nous pouvons donc conclure que l’Église n’a ni préparé le massacre de la Saint-Barthélemy, ni ne l’a glorifié en tant que massacre.
Source : http://www.salve-regina.com
La saint Barthélémy : les vrais faits
Personne, que nous sachions, n’avait osé, avant notre époque[1], répondre en détail aux déclamations des protestants et des philosophes relatives à la Saint-Barthélemy, parce que tout le monde craignait de passer pour l’apologiste d’une action que chacun avait en horreur : ainsi l’erreur s’accrut d’âge en âge, faute d’avoir été réfutée dans sa naissance. Le moment de la détruire est plus propre aujourd’hui que jamais. Éloignés de trois siècles de ce trop mémorable fait, nous pouvons le contempler sans partialité : nous pouvons répandre des clartés sur les motifs et les effets de cet événement terrible, sans être l’approbateur tacite des uns, ou le contemplateur insensible des autres.
Basé sur des preuves incontestables, dont le plus grand nombre nous est fourni par des auteurs protestants, nous entreprenons d’établir : que la religion catholique n’eut aucune part à la Saint-Barthélemy ; que ce fut une affaire de proscription, qu’elle n’a jamais dû regarder que Paris ; enfin, qu’il y a péri beaucoup moins de monde qu’on n’a écrit. C’est à l’examen de ces quatre points principaux (dont le premier et le dernier ont surtout le plus besoin de démonstration, à cause des nombreux mensonges qui s’y rattachent) que nous consacrerons ces pages.
I. La religion n’a eu aucune part à la Saint-Barthélemy.

Il faut avoir dépouillé toute justice, pour accuser la religion catholique des maux que nos pères ont soufferts pendant les malheureuses guerres qui désolèrent la France sous les règnes des trois frères, et encore plus pour lui attribuer la résolution de Charles IX ; elle n’y a participé, ni comme motif, ni comme conseil, ni comme agent. Nous trouvons la preuve de ce que nous avançons, dans les procédés des calvinistes, dans les aveux de Charles IX, dans la conduite des parlements : l’entreprise d’enlever deux rois, plusieurs villes soustraites à leur obéissance, des sièges soutenus, des troupes étrangères introduites dans le royaume, quatre batailles rangées livrées à son souverain, étaient des motifs d’indisposition assez puissants pour irriter le monarque et rendre les sujets odieux ; aussi Charles IX écrivait-il, après la Saint-Barthélemy, à Schomberg, son ambassadeur en Allemagne : « Il ne m’a pas été possible de les supporter plus longtemps. »
La religion avait si peu de part, comme motif, à la Saint-Barthélemy, que le martyrographe des calvinistes[2] rapporte que les meurtriers disaient aux passants, en leur montrant les cadavres : « Ce sont ceux qui ont voulu nous forcer, afin de tuer le Roi. » Il dit aussi[3]: « Les courtisans riaient à gorge déployée, disant que la guerre était vraiment finie, et qu’ils vivraient en paix à l’avenir ; qu’il fallait faire ainsi les édits de pacification, non pas avec du papier et des députés. » Le même auteur nous fournit encore une preuve que la religion ne fut pas le motif de cette terrible exécution, quand il dit que le parlement de Toulouse fit publier quelque forme de volonté du Roi, par laquelle défenses étaient faites de ne molester en rien ceux de la religion (réformée), ains (mais) de les favoriser[4]. Pareil édit avait été publié à Paris dès le 26 août ; l’auteur des Hommes illustres n’est nullement persuadé de la sincérité de cette déclaration ; mais il faut s’être nourri de l’esprit de De Thou pour voir partout, comme lui, dans cette affaire la religion et jamais la rébellion. Eh ! qu’avait-on besoin d’un motif religieux là où l’intérêt personnel, la jalousie, la haine, la vengeance, peut-être même la sûreté du prince, ou du moins le repas commun s’unissaient pour conseiller la perte des rebelles ? C’est donc faire injure au bon sens autant qu’à la religion, d’attribuer à une sorte d’enthousiasme une résolution prise par des gens qui connaissaient à peine le nom du zèle.
Mais si la religion n’eut aucune part au massacre comme motif, elle y est bien moins entrée comme conseil. On ne voit, en effet, ni cardinaux, ni évêques, ni prêtres admis dans cette délibération ; le duc de Guise lui-même en fut exclu ; et il y aurait autant d’injustice à charger les catholiques de l’horreur de cet évènement, que d’attribuer l’assassinat du cardinal de Lorraine et de son frère à l’instigation des calvinistes. Si, à la nouvelle de ce terrible coup d’État, on rendit de solennelles actions de grâces à Rome, si Grégoire XIII alla processionnellement de l’église de Saint-Marc à celle de Saint-Louis, s’il indiqua un jubilé[5], s’il fit frapper une médaille, – toutes ces démonstrations de reconnaissance, plutôt que de satisfaction, eurent pour véritable et unique principe, non le massacre des huguenots, mais la découverte de la conspiration qu’ils avaient tramée, ou du moins dont le roi de France les accusa formellement dans toutes les cours de la chrétienté. Si Charles IX, après avoir conservé un sang précieux dès lors à la France, et qui devait l’être un jour bien davantage, voulut forcer le roi de Navarre et le prince de Condé à aller à la messe, c’était moins pour les attacher à la foi catholique que pour les détacher du parti huguenot.
Aussi ne le vit-on irrité de leur refus que dans les premiers moments de la résistance, passé lesquels il ne se mit pas fort en peine de leur conversion ; en quoi il se montra plus mauvais politique que bon missionnaire. En effet, si, après avoir amené ces princes à une abjuration, on eût employé tous les moyens honnêtes de les retenir dans la religion catholique, les calvinistes, à qui on venait d’enlever leur chef, n’auraient plus eu personne à mettre à leur tête, et les guerres civiles eussent pris fin. Moins on les employa, ces moyens, plus on a donné lieu à la postérité d’être persuadée qu’on ne consulta pas la religion catholique. Elle n’entra donc pour rien dans la journée de la Saint-Barthélemy, comme conseil, quoi qu’en dise l’auteur des Hommes illustres et son inscription imaginée à plaisir. Nous ignorons sur quels mémoires cet écrivain a travaillé, mais son affectation à nous les cacher rend ses anecdotes très suspectes, heureux si la suspicion ne s’étend pas plus loin. Les Essais sur l’Histoire générale ne sont ni plus favorables à la religion, ni plus conformes à la vérité, lorsqu’ils hasardent que la résolution du massacre avait été préparée et méditée par les cardinaux de Birague et de Retz, sans faire attention que ces deux personnages ne furent revêtus de la pourpre que longtemps après cette époque[6].
Mais pourrait-on accuser la religion catholique d’être entrée comme agent dans la Saint-Barthélemy, elle qui ouvrit partout ses portes à ces infortunés que la fureur du peuple poursuivait encore quand la colère du souverain était calmée ? Charles IX ne voulant pas et n’ayant jamais voulu que la proscription s’étendît au delà de Paris, dépêcha des courriers dès le 24, vers les six heures du soir, à tous les gouverneurs des provinces et villes, afin qu’ils prissent des mesures pour qu’il n’arrivât rien de semblable à ce qui s’était passé dans la capitale ; et sur ces ordres, les gouverneurs pourvurent, chacun à sa manière, à la sûreté des calvinistes : ainsi, à Lyon, on en envoya beaucoup aux prisons de l’archevêché, aux Célestins et aux Cordeliers. Si on doutait que ce fût dans la vue de les sauver, qu’on lise le Martyrologe des calvinistes : il y est dit qu’on en envoya une fois trente et une autre fois vingt aux Célestins, dans cette intention. Et si les prisons de l’archevêché ne les préservèrent pas de la fureur de quelques scélérats, on voit dans ce même Martyrologe que les meurtres furent commis à l’insu et pendant l’absence du gouverneur, qui les fit cesser à son retour, et voulut en faire rechercher et punir les auteurs. Il fut dressé procès-verbal, par la justice, comme les prisons avaient été brisées par émotion populaire, et on fit crier à son de trompe, que ceux qui en déclareraient les auteurs auraient cent écus. Les couvents servirent d’asile aux calvinistes de Toulouse. À Bourges, quelques paisibles catholiques en retirèrent aucuns (quelques-uns)[7].
À Lisieux, l’évêque (Hennuyer) s’opposa, non à l’exécution cruelle des ordres du roi, car il est faux qu’il y en ait eu d’envoyés dans les provinces, mais à la fureur de quelques hommes que le gouverneur ne pouvait pas contenir, tant ils étaient excités au meurtre par l’exemple, par l’avarice, ou même par le ressentiment[8]. À Romans, « les catholiques les plus paisibles désirant sauver plusieurs de leurs amis, de soixante qu’on avait arrêtés, ils en délivrèrent quarante ; à quoi M. de Gordes, gouverneur de la province, qui n’était pas cruel, contribua ; et des vingt restants on en sauva encore treize ; il n’en périt que sept pour avoir beaucoup d’ennemis et porté les armes. À Troyes, un catholique voulut sauver Étienne Marguien. À Bordeaux, il y en eut plusieurs sauvés par des prêtres et autres personnes desquelles on n’eût jamais espéré tel secours[9]. » À Nîmes, les catholiques, oubliant que leurs concitoyens huguenots les avaient massacrés deux fois de sang-froid, se réunirent à eux pour les sauver d’un carnage trop autorisé par l’exemple, assez excusé par le ressentiment, nullement permis par la religion. La plaie que les calvinistes avaient faite à presque toutes les familles catholiques de cette ville[10] saignait encore ; on se souvenait de ces nuits fatales où ils avaient égorgé leurs frères, aux flambeaux, processionnellement, et avec le cruel appareil des sacrifices de la Taurique ; c’est, nous le croyons, la seule procession[11] que les calvinistes aient faite.
Si les catholiques se sont montrés plus humains qu’eux, c’est parce qu’ils étaient meilleurs chrétiens ; un tel acte d’humanité, sorti du sein du trouble, n’a pu prendre son principe que dans la charité. Mais pourquoi chercher hors de Paris des exemples de compassion ? Cette capitale nous en fournit ; un historien calviniste nous les a conservés. « Entre les seigneurs français qui furent remarqués avoir garanti la vie à plus de confédérés, les ducs de Guise, d’Aumale, Biron, Bellièvre et Walsingham, ambassadeur anglais, les obligèrent plus….. Après même qu’on eut fait entendre au peuple que les huguenots, pour tuer le Roi, avaient voulu forcer les corps-de-garde, et que jà (déjà) ils avaient tué plus de vingt soldats catholiques. Alors ce peuple, guidé d’un désir de religion, joint à l’affection qu’il porte à son prince, en eût montré beaucoup davantage, si quelques seigneurs, contents de la mort des chefs, ne l’eussent souvent détourné : plusieurs Italiens même, courant montés et armés par les rues, tant de la ville que des faubourgs, avaient ouvert leurs maisons à la seule retraite des plus heureux[12]. »
Les catholiques ont donc sauvé ce qu’ils ont pu, de la colère du prince et de la fureur du peuple. Il n’y eut aucune des villes infortunées qui ne leur fût redevable de la conservation de quelques citoyens calvinistes : toutes se sont ressenties, dans ce fatal moment, de cet esprit de charité qui caractérise la vraie religion, qui distingue ses ministres, qui abhorre le meurtre et le sang. Genève même serait ingrate, si elle ne s’en louait ; c’est à un prêtre de Troyes qu’elle doit l’avantage de compter parmi ses hommes illustres un des plus célèbres médecins de l’Europe, si ce prêtre n’eût sauvé le père de Tronchin ; il eût manqué, au XVIIIe siècle, un ornement à cette République, une lumière à son Académie, un secours à ses concitoyens.
Si ces actes d’humanité ne lavaient pas assez la religion des reproches qu’on lui fait encore tous les jours, peut-être que le sang de plusieurs catholiques, mêlé avec celui de leurs malheureux frères, et versé par la haine ou par l’avarice, en effaceront jusqu’au moindre soupçon. La licence, inséparable du tumulte, fit périr beaucoup de catholiques. « C’était être huguenot, dit Mézeray[13], que d’avoir de l’argent ou des charges enviées ou des héritiers affamés. » Si on nous avait conservé les noms des catholiques qui furent immolés à la vengeance ou à la cupidité, on serait surpris du nombre de cette espèce de martyrs. Le gouverneur de Bordeaux rançonnait les catholiques, comme les protestants, et faisait perdre la vie à ceux qui avaient le moyen de la racheter, s’ils n’en avaient la volonté[14]. À Bourges, un prêtre, détenu en prison, y reçut la mort. À La Charité, la femme catholique du capitaine Landas fut poignardée. À Vic, dans le pays Messin, le gouverneur fut assassiné. À Paris, Bertrand de Villemor, maître des requêtes, et Jean Rouillard, chanoine de Notre-Dame, conseiller au parlement, eurent le même sort. Eh ! combien d’autres catholiques ont été enveloppés par la seule confusion dans cette terrible proscription.
Nous espérons, qu’après les faits que nous venons de citer, on ne verra plus dans les ministres de la vengeance de Charles IX ni fureur religieuse, ni mains armées tout à la fois de crucifix et de poignards, comme Voltaire s’est plu à les inventer, et comme un opéra moderne, trop fameux, nous les représente, en plein XIXe siècle […]
Source : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com
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Sallmann Jean-Michel. Denis Crouzet, La nuit de la Saint-Barthélémy. Un rêve perdu de la Renaissance. In: Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 43, n°2, avril-juin 1996, pp. 378-380.
https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1996_num_43_2_1824_t1_0378_0000_2
On rappellera aussi la Michelade, pendant protestant du massacre de la Saint Barthélémy.
Une des principales étapes dans le déclenchement des violences fut le moment où des chefs protestants, considérant que les catholiques étaient des païens idolâtres, ne rendirent certaines églises qu’après y avoir fait mutiler les statues, pour prouver au peuple qu’elles n’avaient aucun pouvoir surnaturel. Ce fut considéré comme une horreur par des catholiques, qu’ils fussent heurtés par ce vandalisme, ou, pour certains, qu’ils crussent vraiment au pouvoir des images (en contradiction avec l’enseignement de l’Église).
L’article repris par catholiquedefrance distingue, à très juste titre à mes yeux, l’Église catholique du parti catholique, celui de la Ligue catholique, dans la responsabilité des atrocités des guerres de religion.
Vers la fin de la Renaissance le grand saint François de Sales voulut, connaissant les faiblesses humaines, mettre la sainteté davantage à la portée de ceux qui ne vivaient pas en ermites. Quoique moralement très exigeante, sa conception de la dévotion s’adaptait à la faiblesse humaine.
Dans le sillage de saint François de Sales parut un mouvement dévot, essentiellement tourné vers la propagation de sa dévotion, douce et charitable.
Toutefois, une forme de parti sortit de là : le parti dévot, dont l’instrument fut la Compagnie du Saint-Sacrement. Sur les bases de la dévotion de saint François de Sales, soutenu à sa fondation par le roi et le pape, il devint bientôt un mouvement comparable à la Ligue catholique, s’opposant au pouvoir royal au nom du parlementarisme à l’intérieur et de la lutte contre les protestants à l’extérieur, favorable à une sujétion de la France à l’empire mondialisateur des Habsbourg, résistant aux évêques, malgré son ultramontanisme extrême (en quoi il était l’inverse de ce que prétend une historienne, naguère plus rigoureuse). Ses objectifs politiques en firent une secte, en fait, hypocrite et fiévreuse, qui inquiéta les institutions civiles et religieuses.
Dans son article sur la Compagnie du Saint-Sacrement, wikipédia déclare que le Tartuffe de Molière la visait, bien qu’il prétendît ne s’en prendre qu’aux faux dévots. En fait, ce fut exactement parce que Molière ne s’en prenait qu’aux faux dévots, ceux qui s’étaient tant écartés de saint François de Sales, qu’il visait bien la Compagnie du Saint-Sacrement ; il allait même jusqu’à employer l’expression « cabale des dévots », utilisée par Mazarin pour désigner cette compagnie, expression très judicieuse (peut-être fortuitement) puisqu’on trouve vraiment des cabalistes parmi les plus éminents intellectuels de ces milieux.
Le paragraphe suivant de cet article de wikipédia est mieux fait (au contraire de celui qui le suit encore) :
Dissolution de la Compagnie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_du_Saint-Sacrement#Dissolution_de_la_Compagnie
En fait ce parti était devenu l’équivalent, dans l’Église, des puritains dans le protestantisme : une faction belliciste, agissant contre l’intérêt national dans les questions séculaires, pratiquant une surveillance des mœurs qui, à l’occasion, cachait d’autres pratiques, et se mêlant de trancher sur tout.
Ce parti ne disparut pas complètement sous Louis XIV ; avec les restes des frondeurs, avec l’opposition parlementaire, avec d’autres groupes religieux, il forma une coalition d’ennemis du régime dont l’influence s’agrégea à celle de la franc-maçonnerie, qui fut le ciment de ces factions qui auraient pu se déchirer. Il joua ainsi un rôle dans la révolution.
Il joua également un rôle ensuite : atteinte par les troubles et persécutions de la révolution, l’Église de France fut reprise en main largement par des forces influencées par ces groupes-là ; il en résulta la branche la plus dure du parti « ultra », qui, tournant le dos à la tradition de l’Église, en vint à incarner cet obscurantisme tant dénoncé par ceux qui veulent nuire à l’Église, où pourtant il avait jusqu’alors été largement minoritaire.
La ligue Catholique avait pour intention principale de maintenir la catholicité du pouvoir, intention tout à fait non critiquable pour un catholique conséquent. Par ailleurs l’ultra-montanisme était un titre glorieux (puisque dicté par la doctrine catholique elle-même) dans une France en proie au gallicanisme surtout sous Louis XIV.
Le catholicisme était au pouvoir. La Ligue catholique était une faction trahissant le roi au nom d’une puissance étrangère (et babélienne). Ses crimes ont été dénoncés sur site, qui a rappelé que ce n’était pas œuvre catholique (article sur le massacre de la Saint Barthélémy). Vous cautionnez sans le voir l’abomination et la trahison à la fois.
La Ligue catholique n’existait plus sous Louis XIV : l’héritière en était le parti dévot, donc la Compagnie du Saint-Sacrement dénoncée par l’Église, et ennemie aussi du roi pour les questions purement séculaires (sur lesquelles le pape n’a pas d’autorité selon les théologiens).
Le problème est l’ultra-ultramontanisme, plus papiste que le pape, plus royaliste que le roi, et qui finit par être un précurseur de la révolution, mais que vénèrent les ultra-ultramontains, qui sont responsables non moins que leurs ennemis modernistes de Vatican II. Mais pour le comprendre il faut voir que l’abus est mauvais de tout côté ; tomber de Charybde en Scylla n’est jamais un mieux, et le passage entre les deux écueils n’est pas large.
Évangile selon saint Mathieu, ch. VII, v. 14 :
Je ne cautionne pas ce massacre, vous m’attribuez faussement cette intention.
Je parle de la politique de la Ligue qui était par ailleurs soutenu par le Saint Siège.
Le Principe de la catholicité de l’état était potentiellement remis en cause par l’arrivée au trône d’un prince protestant Henri de Navarre qui se convertira pour l’occasion, la ligue désarmera après son abjuration solennelle.
Quant à l’ultra-montanisme responsable de Vatican II c’est une vaste blague, dans la mesure où évidemment l’ultra-montanisme (auquel souscrivent les catholiques connaissant et respectant l’autorité et l’infaillibilité du Pape) ne préconise l’obéissance au Pape que dans la mesure où celui-ci est effectivement le Pape et non un intrus sans autorité car enseignant l’hérésie et prescrivant une mauvaise discipline. Il n’est pas question de choisir une sorte de voie « centriste » qui serait forcément la bonne parce que « centriste », La bonne doctrine en la matière est celle qu’enseigne l’Eglise (par exemple dans la bulle Unam Sanctam de Boniface VIII), l’obéissance des ultra-montaints n’est pas autre chose que l’obéissance du Catholique envers son Pape tel qu’enseigné par l’Eglise.
[Commentaire tronçonné : je ne sais quelle partie en est rejetée]
Le seul auquel je reproche de cautionner le massacre de la Saint Barthélémy signait Caralsol : puisque vous vous plaigniez que je vous fasse ce reproche c’est forcément que vous êtes Caralsol, sous un autre pseudo. On peut avoir d’excellents motifs de changer de pseudo en cours de discussion, mais, pour rendre compréhensible la situation pour un tiers, il serait bon qu’en faisant ainsi vous l’explicitiez, s’il vous plaît.
[Commentaire tronçonné]
Vous avez dit approuver l’action de la Ligue catholique, n’avez pas, je crois, apporté de resrrictions à ce soutien, et maintenant vous affirmez que ce soutien ne concernerait pas le massacre de la Saint Barthélémy mais l’opposition à Henri de Navarre, c’est-à-dire le roi Henri IV, protestant monté sur le trône de France à partir du 2 août 1589, et vous dites aussi que la Ligue aurait désarmé après la conversion de celui-ci au catholicisme (donc le 25 juillet 1593). Si votre soutien à la Ligue se limite à la période du 2 août 1589 au 25 juillet 1593, alors en plutôt que prétendre soutenir la Ligue catholique vous devriez préciser cette postion.
La Ligue ne déposa pas les armes le 25 juillet 1593 mais combattit encore, jusqu’à être écrasée par Henri IV (catholique) à Fontaine-Française le 5 juin 1595. Et le ligueur Jean Boucher en appela encore à assassiner Henri IV. Je passe sur l’opposition des derniers ligueurs et de leurs héritiers du parti dit dévot à la politique de Richelieu et à Louis XIV – opposition que vous avez cautionnée, me semblait-il ?
[Commentaire tronçonné]
Vous dites que le Saint-Siège soutenait la Ligue. Je ne me rappelle pas que le pape aurait soutenu l’action de la Ligue contre le roi de France. Avez-vous une citation, s’il vous plaît ? Ou bien voulez-vous dire que le pape soutenait une autre action de la Ligue ? mais laquelle alors ?
Non, c’est la responsabilité exclusive des modernistes qui est la seule vaste blague ici. Ce sont les cabalistes Louis XVIII, Joseph de Maistre (franc-maçon plus important encore qu’Albert Pike), David / Paul Drach, Jules Barbey d’Aurevilly et Léon Bloy qui ont préparé de leur côté Vatican II, par l’ultra-ultramontanisme. Et ils furent les « grands architectes » des doctrines « ultras ».
Un homme comme le proto-moderniste Lamennais joua aussi un rôle important, mais c’est connu, bien plus communément que ses liens avec Drach. L’influence que tous deux eurent l’un sur l’autre est négilgée hélas. Drach influença les « ultra-ultramontains » au moins autant qu’il influença les modernistes, et davantage même d’après ce que j’ai pu lire jusqu’ici. Ce n’est pas pour rien que ces cabalistes qui se disent catholiques, et que j’appelle les « cathos pyramidaux », pour essayer de montrer que leurs thèses seraient catholiques citent des journaux « ultras » de ce temps, où elles étaient propagées en effet.
Un Veuillot, archétype de l’ « ultra », par « ultra-ultramontanisme » cautionna l’influence de Barbey d’Aurevilly, obsédé d’inceste. La correspondance de Veuillot fait quelques petites allusions goguenardes à, apparemment, les mœurs de Barbey, mais exprime surtout son admiration au nom de leur antimodernisme commun. Or Barbey était, ce me semble évident par maintes alllusions et implications de son œuvre, un très conscient luciférien.
Tandis que l’aveugle Veuillot et L’Univers défendaient le sulfureux Barbey, par maximalisme ils incarnaient l’obscurantisme mensongèrement ou très abusivement dénoncé dans le passé de l’Église par les progressistes. Louis Veuillot fit campagne pour exactement incarner les mensonges que répandait en même temps Victor Hugo (ou Umberto Eco plus tard) contre les catholiques. Lorsque les auteurs « ultras » répondirent à Hugo, au lieu d’en dénoncer les mensonges historiques ils attaquèrent sa personne, infaillible moyen de discréditer son propre discours. Personne à ma connaissance parmi eux ne mit le doigt sur ses professions de foi luciférienne ni sur son inversion des faits. Bravo, les « ultras ».
Qu’on me cite un seul « ultra » qui mit le doigt sur le luciférisme et les mensonges historiques des Misérables.
Barbey fut le parrain de Léon Bloy, franc-maçon officiellement converti au catholicisme. Cet anti-moderniste proposa dès 1892 la conception théologique contenue dans Nostrā Ætate (1965).
Bloy fut le parrain du philosophe Jacques Maritain, philosophe né dans une famille protestante, élève de Bergson, membre des Amici Israel qui cherchèrent à faire adopter dès 1926 la conception théologique de Bloy. Le cardinal Rafael Merry del Val, qui avait été le bras droit de saint Pie X, soutint d’abord cette initiative, avant d’en voir les conséquences, et de demander et obtenir de Pie XI la dissolution des Amici Israel en mars 1928.
Miséricordieux, dès juillet 1929 Pie XI fit d’Alfredo Schuster, en religion fra Ildefonso, un cardinal et archevêque papabile. Frère Ildefonse avait soutenu ardemment les changements proposés par les Amici Israel, allant jusqu’à qualifier un rite catholique de superstition, à l’indignation de Merry del Val.
En 1948 Pie XII, successeur de Pie XI dont il avait été le bras droit, autorisa les changements de traduction en langues vernaculaires qu’avaient demandés les Amici Israel. En 1955 fut adoptée la génuflexion demandée elle aussi par les Amici Israel. Il fallut atrendre la mort de Pie XI et donc l’élection d’Angelo Rocalli (papabile depuis 1953 ; mort en 1954, Schuster, nommé peu avant à la tête de la Conférence des évêques d’Italie, ne participa pas à ce vote-là) pour voir adoptés les derniers changements de la lex orandi proposés par les Amici Israel, et Paul VI pour que Nostrā Ætate les traduisit en lex credendi.
Et que firent les antimodernisres, pendant ce temps ?
Quand il ne paraphrasait pas la théologie de Bloy, l’antimoderniste Maritain, et sa femme Raïssa, tous deux filleuls de Bloy, correspondaient avec Réginald Garrigou-Lagrange, le plus éminent théologien antimoderniste en France, sinon au monde. C’était le cas aussi du poète Ernest Hello, grand ami de Bloy et l’un des pricipaux acteurs de son baptême catholique.
Il fallut attendre l’adoption du nouveau missel en 1969 pour que l’opposition à Vatican II réagît autrement que par des protestations.
Ce que disent les véritables et plus éminents théologiens ultramontains sur l’autorité temporelle et sur Unam Sanctam n’a rien à voir avec ce que les « ultras » prétendent y voir.
https://catholiquedefrance.fr/peut-on-resister-au-pape/#comment-3621
Si, l’abus est mauvais en tout : le dire n’est pas du « centrisme ». Ce que vous en déclarez croire me paraît une confusion du temporel et du spirituel.
Apparemment ce qui est rejeté est le rappel de la première Ligue catholique (formée en 1576). Elle ne participa au massacre de la Saint Barthélémy (qui remonte à 1572), mais fut formée à partir de diverses ligues provinciales antérieures.
Il n’y eut pas seulement (et je ne contredis personne en le rappelant, mais ajoute un détail que je crois important) des précurseurs de la Ligue catholique dans le Nord, comme la Ligue catholique de Picardie formée dès 1568. Voici un article sur de tels mouvements dans le Midi, bien avant la première Ligue de 1576.
Brunet Serge. Anatomie des réseaux ligueurs dans le sud-ouest de la France (vers 1562-vers 1610). In: Religion et politique dans les sociétés du Midi. Actes du 126e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Terres et hommes du Sud », Toulouse, 2001. Paris : Editions du CTHS, 2002. pp. 153-191. (Actes du Congrès national des sociétés savantes, 126).
https://www.persee.fr/doc/acths_0000-0001_2002_act_126_1_4909
On rappelle aussi que le moine jacobin Jacques Clément, assassin d’Henri III, était un partisan de la Ligue catholique, et que ce fut son crime qui fit accéder au trône celui qui était jusqu’alors le prince protestant Henri de Navarre.
Sur le massacre d’août 1572 : si l’on admet que vint de la Cour l’ordre de tuer les responsables protestants, par crainte d’une vengeance de ceux-ci contre l’attentat ayant visé Coligny, en revanche il y eut d’autres responsables au massacre général, le plus odieux par le nombre et le caractère inoffensif des victimes.
https://en.wikipedia.org/wiki/St._Bartholomew's_Day_massacre#Paris
Comme je l’ai dit, les mouvements qui fusionnèrent plus tard dans la Ligue catholique existaient avant 1584, et même avant 1572 (voir le commentaire précédent). C’est pourquoi il me semble évident que cautionner l’action de la Ligue catholique indistinctement, c’est au moins suggérer qu’on cautionne l’action, par exemple, de la Ligue catholique de Picardie, qui existait bien avant 1572, ou des autres mouvements qui se réuniraient dans la Ligue, et donc suggérer qu’on cautionne les massacres de 1572.
Et lorsqu’on cautionne l’action de son héritier, le parti dévot, contre Louis XIV, roi catholique, on commet en outre la faute morale d’approuver la révolte contre un souverain légitime ; qu’en plus l’action de ce parti dévot fût dénoncée par l’Église comme contraire à sin autorité n’aide pas à faire d’une telle approbation un acte catholique, bien au contraire.
Le lien vers un commentaire que j’ai placé plus haut prouve que l’Église, y compris dans les œuvres des plus éminents théologiens ultramontains, ne reconnaissait pas le droit de se révolter contre un souverain fût-il même inconnu de l’Église : ni l’action de la Ligue contre Henri de Navarre, ni moins encore celle contre Henri III, ni plus tard l’action du parti dévot qui se fit contre Louis XIV, et à plus forte raison contre l’autorité de l’Église, ne peuvent être justifiées d’un point de vue catholique.
Qu’on lise donc Quam luctuosam, de Pie VII.
Alors que soutient-on, quand on soutient l’action de la Ligue, si on ne soutient rien de cela ?
Il est assez flagrant de constater à quel point rien de ce que vous faîtes valoir ne porte efficacement contre l’ultra-montanisme. Lamennais a été condamné en tant que moderniste et non en tant qu’ultramontain. Ce n’est pas l’ultra-ultramontanisme qui est en cause pour les personnes pré-cités, c’est leur adhésion à des ésotérismes (adhésion que vous affirmez et que je veux bien admettre dans le cas de Léon Bloy) ou au modernisme dans le cas de lammennais. Les ultramontains étaient avant tout des défenseurs du Saint siège et de la Souveraineté du Pape. Autre question : que vient faire Louis XVIII dans toute cette histoire ? Vous êtes certain de ne pas confondre ultramontanisme avec ultra-royalisme ? Ultra-royalisme que vous soutenez par ailleurs en opposition à la Sainte-Ligue. L’ultra-royalisme n’avait-il pas lui aussi d’adhérents parmi les occultistes ? Gardez-vous donc des attaques par association.
Vous racontez par ailleurs absolument n’importe quoi sur le lien entre ultramontanisme et Vatican II pour la simple et bonne raison que l' »ultramontanisme » affirme la souveraineté monarchique du Pape tandis que Vatican II enseigne la collégialité : contre-sens intégral.
L’ultra-montanisme au sens où il affirme la primauté du Pape sur les Eglises nationales ou du spirituel sur le temporel n’a guère besoin de journaux pour se prouver, il suffit de se référer à l’enseignement de l’Eglise.
Par ailleurs Vous vous trompez au sujet de l’obligation d’obéissance indéfectible des peuples envers leur souverain, l’Eglise a parfois délié les peuples de l’obligation d’obéissance à l’égard de leurs princes. ce fut le cas dans l’Angleterre de la Reine Elisabeth grande protestante persécutrice de catholiques, le Pape avait délié les catholiques subsistant de leur devoir d’obéissance.
pour plus d’information au sujet de la doctrine de l’Eglise sur le pouvoir des souverains temporels je vous suggère de lire « le pouvoir civil devant l’enseignement Catholique » de l’Abbé Féret c’est assez peu conforme à l’idéal de monarchie absolue de droit divin contrairement à ce qu’on pourrait croire.
Sur la Sainte Ligue je restitue ici l’avis d’un bon connaisseur du sujet assez érudit sur la question :
La Sainte Ligue était une oeuvre pieuse de défense de la Religion Catholique dans le royaume de France. C’était l’expression de la meilleure part de la nation française à cette époque. La Sainte Ligue a été approuvée par les Papes, mais ceux-ci tentèrent de maintenir un lien avec les Rois de France pour des raisons diplomatiques. Le Pape Sixte-Quint, notamment, craignait qu’une France « espagnole » comme le voulait la Sainte Ligue, fasse de l’Espagne la dominatrice incontestable de toute la Chrétienté, ce qui pouvait représenter un risque pour son Unité. D’autant que sous Philippe II, les premiers signes de ce que l’on nommera le régalisme, à savoir la suprématie du Roi sur la religion, commençait à poindre (mais il faudra attendre la dynastie des Bourbons d’Espagne pour que le régalisme devienne systématique). Les Papes cherchèrent donc plutôt à ramener Henri III et Henri IV à la pratique de la Religion, plutôt que de les éliminer au profit d’un prétendant « espagnol ». Ils joueront un rôle de modérateur sans pour autant jamais désavouer la Sainte Ligue. En tant que chefs d’État, et défenseurs de l’Unité de l’Église, les Papes avaient certainement raison d’agir ainsi. Le risque d’un schisme en cas de défaite des ligueurs (défaite qui finit par arriver) était réel, une alliance proprement dite aurait pu nuire à l’Église.
Si le sujet vous intéresse, je ne peux que vous recommander le livre, certes imparfait bien sûr, et un peu daté, mais d’un bon esprit et très explicatif, de Victor de Chalambert, Histoire de la Ligue sous les règnes de Henri III et de Henri IV ou Quinze années de l’histoire de France, en deux tomes, consultable sur Gallica :
Tome 1 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k201443d
Tome 2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k201444s
Les Ligueurs sont la démonstration parfaite qu’on ne peut identifier qu’abusivement la cause du trône et la cause de l’autel. C’est pour cela qu’à Radio Regina (radio de l’auteur), on a toujours voulu distinguer la cause des Rois, qui doit rester critiquable bien qu’on soit plutôt en faveur d’une forme monarchique du pouvoir, de la Sainte cause de l’Église. Étonnant paradoxe, d’ailleurs, mais les Royalistes et les Voltairiens s’associeront dans la détestation de la Sainte Ligue et la création de toute une légende noire la concernant. Par la suite, très peu se revendiqueront de leur lignée politique en France. C’est une cause majeure des problèmes qui traverseront l’Église de France les siècles suivants. Le gallicanisme, le romantisme royaliste ou républicain, le libéralisme, le maurrassisme, le souverainisme, etc. seront des tentatives de créer une mythologie politique en opposition à la Sainte Ligue, directement ou indirectement.
Les sources documentaires du soutiens des Papes à la Sainte Ligue sont multiples, en réalité.
Un auteur catholique mais assez critique aux ligueurs, car royaliste, Henri de L’Epinois a produit un livre entier sur la question, « La ligue et les papes ». Voici ce qu’il écrivait en conclusion de son livre :
« Les Papes, en ces circonstances et malgré la diversité des moyens employés par Sixte V, par Grégoire XIV, par Clément VIII, suivirent donc une politique très simple. Pour sauvegarder les intérêts religieux ils devaient repousser du trône un prince protestant, et ils avaient à revendiquer pour l’Église sa place d’honneur au foyer national. « La principale intention du Pape, disait le cardinal Sega, est que la religion catholique soit conservée en le royaume de France et que celui-ci soit rétabli en son ancienne splendeur et dignité. »
Voilà le but poursuivi par les Souverains Pontifes et comme moyen pour l’atteindre, partout et toujours, ils réclamèrent l’union des catholiques ; d’abord l’union des catholiques ligueurs avec le Roi pour imprimer à la politique royale un caractère catholique, et après la mort d’Henri III, l’union des catholiques royalistes avec des catholiques ligueurs pour désigner ensemble « un bon roi. » On vit les Souverains Pontifes louer le zèle des Ligueurs et soutenir leurs efforts pour défendre la religion, mais en même temps presser les royalistes, assez pour les déterminer à agir dans un sens catholiques, mais pas trop afin de ne pas rompre, comme le disait Clément VIII, « un fil important pour la chrétienté. »
Si les Papes se fussent unis avec les Ligueurs aussi étroitement que ceux-ci le réclamaient, les chefs de la Ligue, établis dans leurs villes en républiques démocratiques, ou retirés dans leurs gouvernements féodaux, se seraient partagés les provinces plus ou moins courbées sous la puissance de l’Espagne. C’en était fait de la France monarchique.
Si les Papes eussent abandonné les Ligueurs et se fussent unis aux royalistes comme ceux-ci le demandaient, le Roi, peu empressé peut-être après être monté sur le trône à tenir ses promesses de conversion, eût très probablement, d’après le droit public suivi au XVIe siècle et la force même des choses, établi le protestantisme dans le pays. C’en était fait de la France catholique.
Approuver chez les Ligueurs leur dévouement à l’Église, et blâmer leur rébellion contre le Souverain ; les soutenir dans leur résistance contre le prince hérétique en déclarant bien haut que le Saint-Siège ne le reconnaîtrait jamais ; exciter les royalistes à abandonner leur chef et rester néanmoins en relations avec eux ; ménager ainsi en fin de compte le retour des Ligueurs au principe monarchique et celui des royalistes et du Roi au principe catholique, parce que leur union était utile aux intérêts de l’Église de France, telle fut, même dans son apparente contradiction, la politique constante des Souverains Pontifes. La modération de Sixte V, impuissante à décider le roi de Navarre à se convertir, justifia l’action militaire de Grégoire XIV pour écarter le prince hérétique, comme l’inutilité de cette intervention militaire justifia le retour à la politique ferme toujours, mais de nouveau conciliante, de Clément VIII. Selon les temps et en raison des circonstances diverses où ils se trouvèrent placés, les Papes employèrent pour procurer le bien de l’Église et de la France des moyens différents. On peut, comme on l’a fait, discuter cette politique, en contester l’utilité, l’opportunité, mais personne ne dira qu’elle fut sans grandeur.
C’est une grande politique en effet de fixer à ses efforts un but élevé tel que le triomphe du catholicisme dans notre pays en groupant d’abord les catholiques autour du Roi, afin que ce roi puisse mieux combattre le protestantisme, et ensuite en repoussant du trône un prince hérétique afin d’y faire monter un prince catholique ; c’est une grande politique de proclamer les principes nécessaires pour accomplir ce dessein, sans écarter cependant les hommes dont le concours serait utile, dont l’opposition soulèverait des obstacles ; c’est une grande politique enfin de maintenir une telle ligne de conduite au milieu des déviations où entraînent tour à tour la violence des passions, l’inhabilité des agents, les intrigues des ambitieux, les exagérations même d’une fidélité monarchique qui s’irrite comme d’une ardeur catholique qui s’indigne. »
Son livre détaille plus avant les rapports entre les Papes et et les Ligueurs, mais il faut prendre garde à son biais royaliste dans l’analyse des évènements. Cela dit, il faut aussi saluer son esprit loyal qui n’hésite pas à montrer ce qu’il y avait de problématique avec le royalisme et la France de cette époque.
Vous pourrez consulter son ouvrage ici : https://books.google.fr/books?id=Ru7rzdSs_AYC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
Concernant le changement de pseudonyme, c’est en effet une erreur inattention de ma part.
Je voudrais bien la rectifier mais impossible de corriger le nom en tête du commentaire.
Si la rédaction du site me lit : « je vous ai envoyé un mail pour que vous changiez le nom du commentaire mentionné plus haut, merci par avance de vous y reporter »
Je ne vais pas vous jeter la pierre, et il m’arrive de commettre de bien pires fausses manœuvres ; la vôtre ne peut gêner que pour un tiers lecteur, qui pourrait ne plus savoir qui est qui. Puisque votre identité est précisée, que plus aucune confusion n’est possible, il me semblerait préférable de ne plus rien toucher.
Il est flagrant (« assez flagrant » est un oxymore – je ne dis pas cela pour attaquer en biais votre propos, et dans mes commentaires en relisant je trouve souvent dix fautes) que vous vous méprenez sur mon propos.
1° Je n’ai cessé de dire les ultra</stronfg-ultramontains, non les ultramontains. Je vous remercierais si vous vouliez bien le dire explicitement, au lieu de persister à répondre à ce que je n’ai pas dit.
2° Jamais je n’ai dit que l’ultra-ultramontanisme avait été condamné explicitement pour ce qu’il était.
J’ai prouvé que des manifestations en avaient été dénoncées par le plus éminent théologien ultramontain ayant participé à la préaparation de Vatican I. Et j’ai donné la chronologie amenant Vatican II et montré le rôle des ultras.
Quel rapport donc avec votre réponse ?
Et :
Ce sont justement ceux que je dénonce ; et ce n’est pas ma faute si les ultras (ultraroyalistes) futent largement les mêmes que ces ultra-ultramontains.
L’opposition aux ligueurs (je n’ai nulle part évoqué la Sainte-Ligue, SVP !) n’est pas de l’ultraroyalisme.
À la fois vous dites que le problème est l’ésotérisme condamné de ces ultras, et vous dites ne vouloir l’admettre (oubplutôt ne pas le contester) que pour l’un d’eux, donc vous reconnaissez implicitement bien qu’il ne fut pas condamné (vous seriez sinon d’accord avec mes assertions) : il faudrait savoir.
Relisez ce que j’ai écrit : le rôle de ce mouvement, exclusivement composé d’ultras, est précisé à chaque étape. Vous n’en contestez aucune mais préférez regardez ailleurs, alors que soit j’ai tort, soit j’ai raison, et c’est la clef de cette porte derrière laquelle vous gardez vos yeux loin des faits.
Louis XVIII était ultra-royaliste. Et, comme Lamennais, il était ultramontain ; et ils furent, avec l’ultramontain et ultraroyaliste Joseph de Maistre, de ceux qui rendirent le clergé de France plus résolument ultramontain qu’il ne l’avait jamais été (et Louis XVIII participa à la chute de son frère : pourquoi me faire répéter ?). Comme vous croyez qu’il n’y a pas d’excès possible en ce sens, vous êtes aveugle au mal qu’il en résulta, alors que je crois l’avoir établi, au moins de Barbey à Maritain et Garrigou-Lagrange, en rappelant leur rôle, pour le premier, dans la prétendue conversion du franc-maçon Léon Bloy, et pour les deux autres, dans la propagation de la théologie définie par Bloy en 1892, theologie qui faillit étre adoptée en 1928, et qui ne le fut alors grâce à l’intervention de celui qui avait été le bras droit de saint Pie X.
1948 (autorisation du changement des traductions vernaculaires, demandées par les Amici Israel), 1955 (adotion de l’agenouillement) : ce n’est pas Vatican II. L’adoption de Nostrā Ætate (1965) ne fut que la traduction en lex credendi de cette nouvelle lex orandi.
Que contestez-vous ? Les dates ? les faits ? Ils sont publics, et j’ai donné des liens sous un autre article de ce site (demandez à votre moteur de recherche : catholiquedefrance Adrien Abauzit Jean XXIII traître). Alors ?
Les motifs de la condamnation des Amici Israel ne furent même pas explicités, et en fait furent cachés (on les ignorait encore des des dizaines d’années plus tard), et même furent accompagnés de commentaires dénonçant
, alors que cette œuvre avait montré la qualité de ses soutiens et l’influence des réseaux qui la favorisaient dans l’Église. Ainsi le plus grand nombre des catholiques ne sut pas ce qui se passait.
Est-ce ma faute si y participa le plus grand théologien antimoderniste, Réginald Garrigou-Lagrange (par les Amici Israel) ? si Maritain (dzs Amici Israel) fut le filleul de Bloy, qui fut filleul de Barbey d’Aurevilly ? si ces personnages sont tous des antimodernistes et des ultra-ultramontains ? et des francs-maçons pour Bloy – et, je le crois, pour Barbey son parrain ? Est-ce ma faute si pas un seul antimoderniste n’a mis le doigt sur cette action avant sa conclusion ?
Parce que le modernisme de Lamennais fut finalement condamné (non son ultramontanisme, certes, mais jamais je ne l’avais prétendu – au contraire !), vous le condamnez : bien ; mais parce que Joseph de Maistre, Louis XVIII, Veuillot, Barbey d’Aurevilly, son filleul le franc-maçon Bloy, le filleul de celui-ci Maritain ou Garrigou-Lagrange n’ont pas été condamnés, vous ne voyez pas que tous ces antimodernistes et ultramontains ont préparé Vatican II au moins autant que Lamennais et ses disciples.
1° Ici je n’ai rien prétendu sur ce dernier point, ailleurs j’ai dit l’inverse de ce que vous suggérez que j’aurais suggéré (en quoi vous errez).
2° J’ai rappelé la chronologie d’une série d’actions, chronologie à laquelle vous ne répondez pas (qui tacet consentire videtur), et cité les nom des auteurs, antimodernistes, ultra-ultramontains de ces actions préfigurant Vatican II et l’ayant causé, et vous n’y répondez pas non plus (bis repetita)
Non contredit dans mes commentaires, qui explicitent l’inverse de ce que vous voulez réfuter. Homme de paille ou hors-sujet.
Je n’ai jamais dit l’inverse : homme de paille ou grave méprise. Je crois en votre sincérité, qui m’a paru évidente ailleurs, mais déplore vos réponses systématiquement ne tenant aucun compte de ce que j’ai dit ; vous contredites toujours l’exact inverse de ce que vous croyez, sans paraître jamais percevoir que ce qu’on dit n’est pas forcément cet exact inverse, et jamais ne répondez à fût-ce un seul de mes arguments.
Préférez-vous vraiment l’œuvre de cet abbé à celle, que j’ai citée, de l’éminent théologien ultramontain qui répondit aux anti-ultramontains avant, pendant et après Vatican I ?
Les limites à la seconde assertion sont bien démontrées, me semble-t-il, par le théologien ultramontain sur lequel je me suis appuyé, et vous n’y répondez pas non plus.
Vous avez prétendu soutenir la Ligue catholique au nom de saint Pie V, et j’ai demandé quand saint Pie V avait soutenu l’action de cette Ligue contre les rois. Vous ne me répondez pas ici non plus.
Si vous croyez que cela étaye votre apologie de la Ligue catholique, vous êtes la dupe ou l’auteur d’une onfusion entre la Sainte-Ligue, œuvre d’un pape, et la Ligue catholique, œuvre d’individus (laïcs), laquelle eut pour prédécesseurs des massacreurs de femmes et d’enfants lors de la Saint Barthélémy et avant, comme je crois l’avoir montré. Si c’est cela être la meilleure part de la nation, pour un catholique, alors on m’a menti sur les le Christ et les Évangiles. Sans moi.
Non.
D’abord les auteurs mêmes sur lesquels vous croyez pouvoir vous appuyer reconnaissent que le roi d’Espagne, champion des ligueurs (qu’il finança à partir de 1582 au moins, avant même la seconde ligue, celle de 1584) posa aux papes un problème grave.
Ensuite :
Je vous laisse les journaux, que vous pourrez mettre dans la balance avec n’importe quel abbé, contre le plus éminent théologien ultramintain du temps de Vatican I, lequel contredit les conclusions que vous tirez de vos lectures : c’est à cela qu’il vous faudrait répondre.
Criminelle contre les hommes (je crois avoir prouvé le rôle des mouvements ligueurs, avant même leur fusion dans la Ligue catholique), et aussi contre le roi, non soutenue, contrairement à ce que vous alléguiez, par pape dans cette oppostion à nos rois, la Ligue paraît monstrueuse en tout. Mais vous tentez de faire comme si vous aviez trouvé une preuve explicite de soutien des papes, en citant des historiens partisans, dont tel livre serait « imparfait bien sûr, et un peu daté, mais d’un bon esprit », et qui sont confus, et meurs thèses, dépassés par les travaux récents (et déjà l’étaient au dix-neuvième siècle).
La Ligue fut un de ces mythes par lesquels les ennemis de l’Église essayèrent de faire croire que les catholiques étaient alors ce qu’est aujourd’hui l’État islamique : confusion du temporel et du spirituel (quand vous aurez fini l’abbé Fréret, vous irez lire Quam luctuosam, de Pie VII, qui, il est vrai, n’était que pape), et massacres les plus atroces.
RÉCAPITULONS
• Bien que je ne me sois appuyé que sur des ultramontains pour définir les rapports entre temporel et spirituel contre vos assertions, et que j’ai chaque fois critiqué explicitement l’ultra-ultramontanisme seul, vous croyez honnête de m’accuser toujours d’attaquer les ultramontains. Je dis que c’est assez de calomnies et vous mets au défi de trouver des erreurs chez les théologiens, ultramontains sur lesquels je m’appuie.
• Vous ne répondez pas aux arguments du très éminent théologien ultramontain auquel je me suis référé ni à Quam luctuosam, de Pie VII, mais me citez le nom d’un livre d’un abbé.
• Vous n’avez cité aucun document du Saint-Siège autorisant les ligueurs, ni de 1589 à 1593, ni avant, ni après, à se révolter contre les rois, ce qu’ils firent, et avant, et pendant, et après.
• Vous ne contestez pas les documents que j’ai cités et qui, je le crois, prouvent que les mouvements précurseurs de la Ligue commirent les pires des massacres ; et vous dites ne pas cautionner ces massacres ; mais vous ajoutez foi aux élucubrations d’auteurs qui les confondent avec la Sainte-Ligue (comme si les vainqueurs de Lépante étaient les renforts des ennemis d’Henri IV !), la crème du gratin de l’élite des Français ! ! !
• Vous ne contestez pas qu’en 1955 et 1948 furent prises des mesures altérant la lex orandi dans le sens demandé par les Amici Israel, ni que ces mesures seraient traduites dans la lex credendi en 1965, ni le fait que les antimodernistes ne réagirent vigoureusement qu’avec le nouveau missel de 1969, ni le fait que dès 1928 les Amici Israel (dont faisait partie Garrigou-Langrange, le plus éminent antimoderniste, et Maritain, filleul de Bloy) avaient demandé ces changements de la lex orandi, ni le fait que Rome eût dissout cette association sans dire publiquement pour quel motif précis, ni le fait que dès 1892 Bloy avait proposé cette théologie-là, ni le fait que son parrain avait été l’ultra-ultramontain et antimoderniste Jules Barbey d’Aurevilly, ni l’ésotérisme de Bloy (sans l’affirmer non plus), ni la caution apportée par l’ultraroyaliste et ultra-ultramontain aveugle Louis Veuillot dans la caution au sulfureux Barbey, vous paraissez ignorer que Louis XVIII et Joseph de Maistre étaient francs-maçons et ultra-ultramontains, vous négligez que leur action alla dans le même sens que celle de David / Paul Drach et de Lamennais dans la radicalisation de l’ultramontanisme (en ce que j’appelle ultra-ultramontanisme) et négligez ces faits comme une simple association, tandis que vous tentez d’opposer les ultras (royalistes) aux ultra-ultramontains sans citer aucune association de cette sorte. Vous en concluez qu’en lisant des auteurs dépassés par l’étude des documents mais ayant le bon esprit et, apparemment, en négligeant ces faits, on pensera comme vous.
Il n’y a donc que la foi qui sauve, si je comprends bien.